Comment vit-on la monoparentalité au quotidien ?

Majoritairement féminine, la monoparentalité a de nombreux impacts sur la vie quotidienne : revenus, logement, charge mentale, isolement, modes de garde... Dans ce dossier, nous allons partager avec vous quelques chiffres et données clés d’une grande enquête menée par le Département de Loire-Atlantique et la Caf. Vous retrouverez aussi des témoignages, des propositions faites par les familles et, bien sûr, des solutions pour être accompagnés et trouver de l’aide face à cette situation.

Être parent solo, qu’est-ce que ça change ?

La monoparentalité, c’est se retrouver partiellement ou totalement seule ou seul à élever son ou ses enfants. C’est rarement un choix. D’après l’enquête menée par le Département de Loire-Atlantique et la Caf, seulement 5 % des parents décident d’élever leur enfant seuls.  Et pour celles et ceux qui vivent cette situation, c’est souvent le début d’un parcours compliqué.

Une nouvelle vie qui augmente la charge mentale et renforce l’isolement

Lorsque vous êtes en situation de monoparentalité vous êtes obligés de revoir votre emploi du temps, de modifier vos horaires de travail, de trouver de nouvelles solutions de garde, tout en gérant parfois une relation conflictuelle avec l’autre parent. Quand vous êtes parent solo, vos revenus et votre temps libre diminuent. Cette nouvelle vie demande de l’énergie, augmente la charge mentale et renforce l’isolement. 

« Le sentiment de culpabilité est constant, car il manque toujours quelque chose que l’on voudrait offrir à ses enfants (…). Si c’était à refaire, je le referais sans hésiter, mais mieux. Ce qui pendant 15 ans était un échec est aujourd’hui à mes yeux une victoire. J’ai tenu bon. J’ai donné tout ce que je pouvais offrir physiquement et mentalement. Les enfants ont des bons et des mauvais souvenirs, mais ils tiennent debout dans la vie. Je suis fière d’eux. »

76 % des mères ont la garde permanente des enfants

Ces difficultés touchent plus souvent les femmes puisque 46 % des mères ont la garde permanente des enfants et 30 % d’entre elles ont la garde permanente sauf les week-ends et une partie des vacances scolaires.

Quelles solutions ?

Vous pouvez vous faire accompagner et aider pour trouver des solutions qui facilitent votre quotidien de parent solo. Dans la suite de ce dossier, nous vous proposerons des pistes plus détaillées en fonction de vos besoins (mode de garde, logement, etc.), mais en cliquant sur les liens ci-dessous, vous trouverez des informations sur la Fédération syndicale des familles monoparentales (FSFM), qui peut vous accompagner dans votre parcours, mais également sur les aides pour les familles monoparentales et les familles séparées ou en cours de séparation car, dans la majorité des cas (84 %), c’est une séparation qui est à l’origine de la monoparentalité.

(NB : L’ensemble des témoignages  et des propositions des familles que vous lirez dans ce dossier sont tirés de l’enquête sur les familles monoparentale du Département de Loire-Atlantique et de la Caf).

L’enquête du Département et de la Caf

La Loire-Atlantique compte plus de 55 000 familles monoparentales. Un chiffre en nette augmentation depuis 10 ans. Pour mieux comprendre et répondre aux attentes des familles, le Département et la Caf ont lancé une grande enquête sur la monoparentalité. Près de 9 000 personnes y ont répondu. L’enquête du Département et de la Caf de Loire-Atlantique s’est intéressée aux parents vivant actuellement, ou ayant vécu par le passé, seuls avec leur(s) enfant(s). Les questions portaient sur leur situation professionnelle, les modes de garde, le logement, leur vécu et leur expérience. Les données recueillies sont anonymes. L’enquête a été diffusée entre novembre 2023 et fin janvier 2024.

En savoir plus sur l’enquête

Monoparentalité et carrière professionnelle, pourquoi ça peut coincer ?

Beaucoup de monoparents doivent adapter leurs horaires ou réduire leur temps de travail. 26 % des personnes qui ont répondu à l’enquête déclarent travailler à temps partiel. Soit plus du double par rapport aux couples (selon l’Insee). 55 % des monoparents qui travaillent considèrent que leur situation familiale implique des difficultés pour exercer leur activité professionnelle.

« J’ai mis ma carrière pro de côté pour consacrer plus de temps à mon enfant, à la gestion du quotidien. J’ai baissé mon temps de travail et arrêté mon poste de responsable pour revenir à un poste d’employée afin de consacrer plus de temps et d’énergie à mon fils et à moi-même. »

L’accès à l’emploi et l’évolution professionnelle sont plus difficiles pour 80 % des monoparents

 « Les employeurs potentiels (...) ont des préjugés négatifs sur les femmes vivant seules avec leurs enfants. »

Au-delà des réticences des employeurs, de nombreux parents qui se retrouvent seuls doivent, suivant les situations, renoncer à leur carrière.

Ce que dit la loi

Le code du travail interdit aux employeurs de faire de la discrimination à cause de la situation familiale. Un employeur, lors d’un entretien d’embauche, n’a pas a vous poser de questions sur votre situation familiale.

Les propositions des familles

  • Une reconnaissance du statut de parent monoparental vis-à -vis de l’employeur afin de faciliter l’obtention des jours de congés ou bien l’aménagement du planning professionnel.
  • Une obligation pour l’employeur de respecter le temps familial, pour les femmes comme pour les hommes.
  • Un doublement du congé « enfant malade » pour les familles monoparentales afin d’être à égalité avec les couples.
  • La création d’un système de prise en charge des enfants lors des temps de formation.
  • Des crèches obligatoires dans les entreprises privées comme publiques avec une prise en charge de l’employeur.

Quelles solutions ?

Pour vous aider à trouver un emploi ou une formation, vous pouvez vous appuyer sur plusieurs structures en Loire-Atlantique. Vous trouverez la liste ci-dessous.

Quelles options pour faire garder ses enfants ?

45 % des familles interrogées jugent comparable voire plus facile l’accès à un mode de garde par rapport à une situation de couple

57 % des familles qui ont répondu à l’enquête ont recours à une structure d’accueil comme une crèche, une assistante maternelle ou une garde à domicile pour leurs enfants de moins de 3 ans. Une partie des parents solos parlent de leurs difficultés à travailler avec une assistante maternelle à cause du manque de relais en cas de problème ou de la peur de problèmes financiers. En revanche, les monoparents sont d’accord pour dire que la garde devient plus compliquée lorsque les enfants grandissent. 

 " J’ai eu un accès en crèche via l’assistance sociale de la PMI de mon quartier. La crèche a été d’un grand soutien et d’une grande aide. C’est lors de la scolarisation que cela est devenu plus dur car il n’y a plus de soutien de la part des écoles."

Les propositions des familles

  • Faire en sorte que les familles monoparentales soient prioritaires pour les inscriptions au centre de loisirs avec un tarif préférentiel.
  • Pouvoir obtenir des allocations familiales dès 1 enfant et par exemple un chéquier avec des bons pour baby-sitters, à utiliser quand nécessaire dans l’année.
  • Prolonger le financement Pajemploi au moins jusqu’au 10 ans de l’enfant.
  • Plus d’aides pour faire garder les enfants après 6 ans.
  • Élargir le temps d’accueil périscolaire.

Quelles solutions ?

Que ce soit pour une solution de garde durable ou d’urgence, il existe des structures et des supports pour vous aider et vous accompagner, comme par exemple les Relais petite enfance (RPE) qui sont des lieux proches de chez vous où vous pourrez avoir des informations, des conseils et participer à des réunions avec d’autres parents pour échanger.

Le risque de l’isolement

77 % des parents déclarent que l’autre parent n’intervient pas sur son temps de garde. Les mamans déclarent plus souvent que l’autre parent intervient en soutien financier, mais moins souvent sur la gestion quotidienne des enfants (garde d’enfants, déplacements, activités extra-scolaires et tâches quotidiennes).

« J’ai la chance d’avoir un environnement propice, soutenant et aimant. Pour des trajets (activités extra-scolaires, rendez-vous médicaux ou lorsque mon activité professionnelle m’en empêche), je peux faire appel à des voisines, des collègues ou des amies. »

83 % des parents solos déclarent ne pas bénéficier de l’aide d’une autre personne (que l’autre parent)

Ce chiffre révèle l’isolement des familles monoparentales. Pour beaucoup (84 %) quand il y a une aide extérieure, c’est quelqu’un de la famille. Et quand on est toute seule ou tout seul, ça n’est pas facile de mener de front le quotidien et l’éducation des enfants. 59 % des familles trouvent que l’éducation des enfants est plus difficile par rapport à une situation de couple.

« C’est très difficile de savoir que tout repose sur vos épaules. Vous n’avez pas le droit de craquer. »

Propositions des familles

  • Avoir plus de structures de soutien.
  • Mettre en place des thérapeutes pour enfants dans les écoles.
  • Accompagner les familles monoparentales sur le volet psychologique.
  • Avoir la possibilité de mobiliser juridiquement la responsabilité des pères, par exemple par le biais d’une médiation lorsque la monoparentalité est difficile.
  • Avoir des solutions pour gérer le conflit avec l’autre parent.

Quelles solutions ?

Soutien et conseils éducatifs, rencontre avec des psychologues, accompagnement pour certaines démarches, vous pouvez demander de l’aide. De nombreuses structures existent en Loire-Atlantique. Vous trouverez une liste ci-dessous. Connaissez-vous, par exemple, le parrainage de proximité ? Cette démarche permet de créer un lien entre votre enfant et un adulte extérieur à la famille. Votre enfant découvre un autre univers et vous, vous pouvez avoir un peu de temps pour souffler. L’association Linkiaa Cap familleS propose également des groupes de paroles pour les enfants de 6 à 11 ans dont les parents sont séparés. En cas de besoin, vous pouvez également recours à une aide à domicile.

Quelles solutions pour le logement ?

61 % des familles monoparentales déclarent avoir dû changer de domicile. Les deux premiers critères de recherche pour un nouveau logement sont le coût et la proximité avec l’école des enfants. Ces deux critères rendent l’accès au logement plus compliqué. 78 % des parents interrogés pendant l’enquête trouvent l’accès au logement difficile. Souvent quand on se sépare, on doit chercher un logement moins cher et parfois se résoudre à vivre moins confortablement qu’avant. 

" Dans un premier temps j’ai quitté la maison pour un logement beaucoup plus petit. J’ai mis 8 ans avant de redevenir de nouveau propriétaire d’une maison, après 6 ans dans un appartement trop petit pour trois. "

 78 % des parents interrogés pendant l’enquête jugent que l’accès au logement est difficile

Lorsque vous êtes parent solo, vous rencontrez deux difficultés principales au moment de chercher un logement : le prix élevé de la location ou de l’achat et les garanties demandées par les propriétaires ou les banques qui sont trop importantes pour un parent avec un seul salaire. C’est en effet compliqué de pouvoir garantir un revenu trois fois supérieur au loyer ou à la capacité de remboursement mensuelle en étant seule ou seul.

« J’ai 45 ans et mes parents ainsi qu’un membre de ma famille ont dû se porter caution. »

Des délais pour logements sociaux perçus comme très longs

Près de 3 000 demandes de logements sociaux ont été satisfaites sur l’année 2023 pour les familles monoparentales, soit 36 % de l’ensemble des attributions en Loire-Atlantique. Mais le délai moyen est long : 21,6 mois en 2023 pour les familles monoparentales et 23,8 mois pour l’ensemble des ménages. (source : Fichiers départementaux de la Demande Locative Sociale (FDLS) - CREHA Ouest)

Propositions des familles

  • Mettre en place des garanties pour les familles monoparentales pour rassurer les propriétaires.
  • Rendre l’accès HLM prioritaire pour les personnes se retrouvant seules avec des enfants à charge.
  • Faciliter l’accès à l’achat d’un appartement ou d’une maison pour les personnes seules avec un ou des enfants.

Quelles solutions ?

Plusieurs structures peuvent vous accompagner dans votre recherche de logement. Vous avez également droit à des aides qui, souvent, changent lorsque vous êtes parent solo. Pensez à prendre rendez-vous avec la Caf pour mettre à jour votre statut.

Comment faire face (financièrement, administrativement, etc.) ?

86 % des monoparents perçoivent leur situation financière comme difficile, notamment par rapport à la vie en couple. C’est encore plus souvent le cas pour les mères (87 % contre 83 % pour les pères). Près de 72 % des monoparents considèrent que la gestion du budget est plus difficile et 51 %  considèrent que les démarches administratives sont plus difficiles.

Des aides sociales indispensables, mais pas toujours faciles à obtenir

Toujours par rapport à la vie en couple, les parents solos sont 39 % à trouver que c’est plus difficile d’obtenir des aides financières. Mais elles et ils sont 25 % à trouver que c’est plus facile.

 " Heureusement, il existe pas mal d’aides auxquelles j’ai pu avoir droit en passant par l’assistante sociale, sinon ça aurait été compliqué."

En 2021, 26,4 % des familles monoparentales de Loire-Atlantique vivaient sous le seuil de pauvreté

En 2021, 10,5 % des familles vivaient sous le seuil de pauvreté en Loire-Atlantique. La proportion passe à 26,4 % pour les familles monoparentales (source : Fichier Localisé Social et Fiscal Filosofi 2021, Insee).

 "Je ne paie que mes factures obligatoires (…). J’ai utilisé toute mon épargne. Les vacances, on oublie, les loisirs pour moi, on oublie. M’acheter des vêtements, aller chez le coiffeur, c’est impossible. Tout part dans la maison : le gaz, les assurances, l’essence, l’école, l’eau. »

Propositions des familles

  • Proposer des formations pour être accompagnés dans la gestion du budget et des tâches administratives.
  • Disposer d’une liste globale sur les démarches à accomplir : assurance maladie, mutuelle, impôts, Caf, etc.
  • Développer l’accompagnement à l’accès aux droits.
  • Mettre en place une procédure rapide pour donner la possibilité de revoir une pension rapidement sans avoir à communiquer des documents au père.
  • Revoir les critères d’attribution des aides, notamment par rapport aux revenus passés.

Quelles solutions ?

Pour vous aider financièrement et à trouver des solutions, mais aussi pour vous accompagner dans les démarches administratives ou juridiques, plusieurs structures peuvent être utiles. Vous pouvez, par exemple, vous rendre dans un Espace départemental des solidarités (EDS) pour rencontre une assistance sociale qui vous aidera à trouver des solutions ou encore prendre rendez-vous au Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) si vous avez des questions sur vos droits.

Quels accompagnements pour les familles monoparentales ?

Les Espaces départementaux de solidarité (EDS) du Département de Loire-atlantique

Les Espaces départementaux des solidarités (EDS) sont des lieux d’accueil gratuits qui regroupent plusieurs services du Département. Répartis sur l’ensemble de la Loire-Atlantique, ils vous permettent dans un site unique situé à côté de chez vous, avec des professionnels et des professionnelles de la Protection maternelle et infantile (PMI) et de l’accompagnement social qui sont à votre écoute et vous orienteront en fonction de votre situation vers les bons interlocuteurs et interlocutrices.

Plus de 33 300 familles accompagnées

En 2023, plus de 33 300 familles ont été accompagnées en Loire-Atlantique, au moins une fois dans l’année par une travailleuse sociale ou un travailleur social d’un Espace départemental des solidarités ou à domicile, dont un tiers de familles monoparentales.

L’accompagnement de la Caf

La Caf de Loire-Atlantique comptait 40 069 familles monoparentales en juin 2023. Cela représente un peu plus d’un quart de l’ensemble des familles allocataires du département. Les travailleurs sociaux de la Caf accompagnent les familles monoparentales sur l’ensemble des problématiques qu’elles vivent (budget, éducation des enfants, pension alimentaire, etc.). Vous pouvez obtenir un rendez-vous pas loin de chez vous. Pour plus d’informations, rendez-vous sur votre compte Caf.

Les actions de la Caf en faveur des familles

De nouvelles actions ont été mises en place pour les familles monoparentale sur certains secteurs :

  • Sur Blain et le quartier de La Halvêque à Nantes : des rencontres « Parents solos » permettent d’accompagner ces mères et pères monoparentaux  avec l’intervention de l’École des Parents et des Éducateurs (EPE). À La Halvêque, ces rencontres sont complétées par des séances de sophrologie, proposées par l’association À l’abord’âge, le café des enfants.
  • Dans le quartier Malakoff, à Nantes : « Un temps pour soi » a été créée pour les jeunes mères célibataires de moins de 25 ans, avec l’intervention d’une psychologue de l’EPE et d’une socio-esthéticienne.
  • À Saint-Brevin-les-Pins et Pontchâteau : « La charge mentale, parlons-en » a été conçue à l’aide d’un thérapeute. Les participants peuvent s’exprimer et se faire aider pour trouver des solutions.

Voir aussi sur notre page sur les lieux d’écoute, d’information et de soutien pour les familles monoparentales

La monoparentalité avec un enfant en situation de handicap

Les parents d’enfant en situation de handicap en ont plus souvent la charge de façon permanente et sont plus souvent sans emploi (44 %). Lorsqu’ils travaillent, ils sont 43 % à le faire à temps partiel (contre 25 % pour les monoparents qui n’ont pas d’enfant en situation de handicap). En général, les difficultés rencontrées par les parents solos sont décuplées pour celles et ceux qui ont un ou plusieurs enfants en situation de handicap.

Toutes les informations sur le soutien aux familles avec un ou plusieurs enfants en situation de handicap sur le site handicap du Département de Loire-Atlantique.

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