Épuisement parental : et si vous étiez concernés ?

L’arrivée d’un enfant, s’occuper d’un enfant malade ou en situation de handicap, avoir des jumeaux ou un ado compliqué... parfois, le quotidien, la vie personnelle et professionnelle sont bousculés. Quelques mauvaises nuits peuvent suffirent à vous transformer en zombie. Si vous faites beaucoup à la maison et que vous n’en pouvez plus, des solutions existent. En couple, seul ou seule, vous pouvez vous faire accompagner pour prévenir l’épuisement parental et trouver du soutien lorsque vous êtes à bout.

Les mêmes signes avant-coureurs, quelle que soit la situation

Jeunes parents, parent isolé, parents d’un enfant en situation de handicap ou d’un adolescent difficile...L’épuisement parental ou le burnout se manifeste de la même manière. Soyez attentifs à certains signes qui annoncent que vous n’êtes pas loin de craquer. Stéphanie Allenou, fondatrice de L’îlot Familles, raconte son expérience de l’épuisement parental dans "Mère épuisée" (éditions Les liens qui libèrent). Pour elle, plusieurs signes doivent alerter :

  • Les changements d’humeur : "vous pleurez ou vous vous mettez en colère plus souvent et plus facilement."
  • Le repli sur soi : "vous refusez de sortir, vous ne supportez plus les autres, le bruit, l’agitation.
  • La perte des mots  : "vous perdez vos mots, vous avez du mal à organiser vos idées dans votre tête et à les verbaliser."
  • Un sommeil perturbé et la fatigue : " vous êtes épuisé par le manque de sommeil, mais vous n’arrivez plus à vous reposer. C’est-à-dire que même quand les enfants dorment enfin et vous laissent un peu de répit, vous vous réveillez par habitude."
  • Des troubles de l’alimentation : "vous mangez n’importe quoi, n’importe quand."
  • Des douleurs physiques : "vous avez mal au dos ou des tendinites à force de porter les enfants à bout de bras".
  • La dépersonnalisation :"vous sortez de votre corps et vous vous voyez à distance dire ou faire des choses sans vous reconnaître, vous vous dîtes « mais j’ai vraiment fait ça ? ».

Votre médecin reste votre premier interlocuteur

Si vous vous sentez épuisé(e) et que vous avez du mal à envisager une issue, la première chose à faire, c’est d’en parler à votre médecin généraliste. 

Stéphanie Allenou, auteure de "Mère épuisée" : "le problème ne vient pas des enfants."

Stéphanie Allenou est la fondatrice de L’îlot Familles, une association qui soutient les parents dans leur rôle, notamment face au risque d’épuisement parental. Maman, elle-même victime d’un burnout, elle est auteure du livre « Mère épuisée » paru en 2011 chez Les liens qui libèrent. (Photo : Studio Garnier)

Qu’est-ce-qui peut provoquer l’épuisement parental ?

Il y a trois facteurs principaux qui sont à l’origine de l’épuisement parental :  le manque de sommeil à cause de vos enfants qui ne font pas leurs nuits, le manque de reconnaissance et l’ingratitude des tâches répétitives au quotidien, et l’isolement, par exemple lorsqu’on suit un conjoint ou une conjointe lors d’une mutation et qu’on se retrouve dans un lieu où l’on n’a plus aucun réseau. Si vos enfants ne sont pas scolarisés, que vous n’avez pas trouvé de place en crèche ni d’assistant maternel ou d’assistante maternelle ou que vous n’en avez pas les moyens, vous pouvez rapidement vous retrouver toute seule.

À quoi ça ressemble quand on le vit ?

Imaginez par exemple que vos journées de travail ne s’arrêtent pas et continuent la nuit, avec le téléphone qui sonne toutes les heures, les mails qui s’accumulent, et tout cela, sans équipe, sans salaire et sans aucune reconnaissance.

Concrètement, comment cela se traduit dans les rapports qu’on a avec ses enfants ?

Il y a une vraie modification de la façon dont on voit ses enfants. Moi, je ne les voyais plus que comme des petits tyrans. Je ne m’étais jamais imaginé être une mère comme ça. C’est allé jusqu’à de la maltraitance, avec des fessées. J’ai rencontré des mamans qui disaient qu’elles ne voulaient plus de leurs enfants. Elles les aimaient encore, mais elles n’en voulaient plus. À tout cela peut s’ajouter un sentiment d’échec. On a l’impression d’être une mauvaise mère. C’est très violent.

Je ne les voyais plus que comme des petits tyrans.

Le burnout n’arrive pas qu’aux mamans…

Bien sûr que non. À L’îlot Familles, nous avons aussi des pères qui nous appellent. Je me souviens par exemple d’un papa qui essayait d’aider à la maison mais dont la compagne ne supportait pas qu’il s’occupe des enfants. Souvent les mères s’interposent entre les enfants et le père, elles se tirent une balle dans le pied en empêchant le père de prendre pleinement sa place. Parfois c’est culturel, la maman n’arrive pas à lâcher prise parce que dans sa culture c’est à elle de s’occuper des enfants. Parfois c’est le couple qui est en burnout ; cela arrive souvent quand on fait tout ensemble et qu’on n’a plus aucun moment à soi. Parfois c’est le papa tout seul qui n’en peut plus, notamment dans le cas de familles monoparentales.

Parfois c’est le couple qui est en burnout.

Comment fait-on pour sortir de cette situation ?

Au début, on ne sait pas vraiment à qui s’adresser. Ce n’est pas forcément quelque chose dont on vous parle à la maternité. Le premier réflexe c’est de se tourner vers son conjoint ou sa conjointe. Il faut que le conjoint ou la conjointe fasse sa part. On voit trop souvent des conjoints qui proposent leur aide mais qui ne prennent pas d’initiatives. Mais ce n’est pas toujours facile. Parfois le conjoint ou la conjointe ne comprend pas. Dans mon cas, c’est ce qu’il s’est passé. Mon conjoint ne comprenait pas de quoi je me plaignais. On ne manquait de rien, tout allait bien. Il ne faut surtout pas s’enfermer. Il faut sortir de chez soi, en parler et ne pas avoir honte. Il faut en parler autour de soi, à ses proches, à son médecin traitant, à la PMI, à un psychologue en libéral. La bonne amie n’est pas toujours la meilleure personne car elle vous voit souffrir et peut être tentée de vous donner des solutions toutes faites. Il faut prendre le temps d’explorer ses propres solutions : organisation pratique de l’emploi du temps, évaluation des choses primordiales sur lesquelles tenir et celles sur lesquelles il va falloir lâcher. Moi je conseille les Lieux d’accueil enfants-parents où l’on peut s’exprimer sans être jugé ou ennuyé.

Il faut que le conjoint ou la conjointe fasse sa part.

Comment peut-on se remettre d’un épuisement parental ?

Il faut réussir à dormir et à se poser, à penser à ses envies, ses rêves. Ne pas être en permanence avec ses enfants. Il faut parler de ce qu’on ressent au sein du couple, et ne pas tomber dans le piège des reproches qu’on fait à l’autre. Il faut récupérer physiquement. Souvent on se rend compte que le problème ne vient pas des enfants. Mais on ne se remet pas d’un épuisement parental en 15 jours. Ça peut prendre du temps et ce n’est pas linéaire. Il peut y avoir des hauts et des bas. Une fois qu’on a dormi et repris des forces, il faut s’autoriser des sorties ressourçantes (aller au cinéma, aller au restaurant, sortir dans la nature…).

L’adolescence parfois difficile pour les parents

Les signes avant-coureurs évoqués par Stéphanie Allenou ci-dessus, peuvent se manifester à d’autres moments du développement de votre enfant, notamment lors de la préadolescence et de l’adolescence.

Plusieurs structures pour vous accompagner

En Loire-Atlantique, des structures spécialisées vous accueillent en cas de difficultés avec un pré-ado ou un ado. Vous pouvez par exemple prendre un rendez-vous avec l’École des parents et des éducateurs (Epe 44), ou vous tourner vers l’association Les Pâtes au beurre et le Réseau des parents parfaitement imparfaits. La Maison des adolescents de Loire-Atlantique, peut elle aussi, accompagner votre ado en difficulté. Vous pouvez aussi vous tourner vers la médiation « parents-ados » proposée par l’association Linkiaa ou l’Association atlantique espace rencontre famille. 

Les Relais parentaux, un exemple d’accompagnement en cas d’épuisement

Les Relais parentaux de la Croix-Rouge accueillent les parents à court de solution avec leurs enfants. En cas d’épuisement ou de difficultés ponctuelles, vous pouvez confier votre enfant pour une ou plusieurs journées et nuits.

 « Nous partons du principe que tout le monde a envie d’être un bon parent, mais qu’être parent peut être difficile. Nous ne portons aucun jugement. L’épuisement parental peut toucher n’importe quel parent. », souligne Romain Besse, directeur des Relais parentaux de Nantes et de Saint-Nazaire. Si vous sollicitez un relais parental de la Croix-Rouge, vous serez, dans un premier temps, reçu en entretien afin d’évaluer votre besoin et de vérifier qu’il correspond aux compétences du relais. Il faudra attendre environ deux semaines pour que le relais prenne votre enfant en charge. Dans les situations d’urgence, vous pouvez être pris en charge immédiatement. « L’entretien est important. Nous travaillons main dans la main avec les parents pour trouver le bon point d’équilibre. », insiste le directeur des relais.  

"L’épuisement parental peut toucher n’importe quel parent."

Comment ça se passe concrètement ?

Un relais fonctionne comme une maison. L’équipe mange avec les enfants, la nourriture est préparée sur place. Votre enfant pourra jouer, lire des livres ou encore participer à des sorties. Si par exemple, vous déposez votre enfant le soir, l’équipe du relais s’occupera du dîner, du coucher, puis du petit-déjeuner le matin avant d’emmener votre enfant à l’école. S’il reste plus longtemps, l’enfant participera à des activités, des jeux ou à des sorties à l’extérieur. « Le Relais parental est aussi un lieu où l’enfant se repose. Un parent épuisé a souvent un enfant épuisé. Lorsqu’on est fatigué on va s’énerver plus rapidement et l’enfant va perdre ses repères. C’est un cercle vicieux. », précise Romain Besse. Un enfant peut être accueilli jusqu’à deux semaines. Chacun des relais peut accueillir 12 enfants âgés de quelques mois jusqu’à 10 ans (12 ans pour les fratries). Les relais de Nantes et de Saint-Nazaire accueillent 250 à 300 enfants par an. « Nous ne fonctionnons pas comme du périscolaire ou un service de babysitting, ajoute Romain Besse, nous répondons bien à un besoin de répit ponctuel."

"Le relais parental est aussi un lieu où l’enfant se repose. Un parent épuisé a souvent un enfant épuisé."

Qui sont les professionnels qui vous accueillent ?

L’équipe des relais est composée d’éducateurs et d’éducatrices de jeunes enfants, d’auxiliaires de puériculture, d’employées de crèche, d’Accompagnants éducatif et social (AES) et de psychologues. « Le rôle des psychologues est très important. Il permet aux équipes de mieux accompagner les parents, de bien percevoir l’enjeu de l’accueil et de faire en sorte que l’enfant se sente bien. », explique le directeur des relais, précisant bien qu’il « ne s’agit pas d’une thérapie ». La rencontre avec le ou la psychologue vous permet d’apporter des éléments de compréhension, de vous aider à faire la part des choses entre ce qui est inquiétant et ce qui est normal. La rencontre avec le ou la psychologue peut aussi servir à mieux vivre la séparation avec votre enfant.

Les exemples de situation pour lesquelles vous pouvez solliciter un Relais parental de la Croix-Rouge :

  • Si vous ne dormez plus la nuit, si vous manquez de sommeil et êtes épuisé.
  • Si un de vos enfants est hospitalisé et que vous avez besoin de lui consacrer du temps, le relais parental peut prendre en charge le reste de la fratrie.
  • Si vous rencontrez des difficultés dans votre couple.
  • Si vous devez vous rendre à un rendez-vous administratif auquel votre enfant ne peut vous accompagner.
  • Si un de vos proches est décédé.

 À savoir :

Si vous confiez votre enfant ou vos enfants à un relais parental, une participation financière vous sera demandée.

 

Maladie et situation de handicap : les parents parfois mis à rude épreuve

La maladie d’un enfant impacte toute la famille. Lorsque votre enfant est malade, votre vie quotidienne est bouleversée. Pour vous aider et vous accompagner, vous pouvez bénéficier d’aides financières, faire valoir votre droit à un congé et trouver des réponses à vos questions et du soutien auprès d’autres parents, d’associations et de professionnels. 

Situation de handicap : se faire accompagner

La découverte d’un handicap peut arriver à différents stades de l’évolution de votre enfant. Le diagnostic peut intervenir avant la naissance ou plus tard. L’annonce est bouleversante pour les parents et les conséquences sur la vie de famille peuvent être lourdes. Il existe des aides et vous pouvez vous faire accompagner et trouver des soutiens, notamment psychologique, ou rencontrer des parents qui vivent la même chose que vous en vous rapprochant d’associations et de structures.

Le droit au répit

Si vous consacrez votre temps l’accompagnement d’un enfant en perte d’autonomie en temps qu’aidant, vous avez le droit de prendre du repos. On appelle ce droit, le droit au répit.

L’aide aux aidants

Si vous vous occupez à domicile d’un enfant en situation de handicap ou atteint d’une maladie grave ou chronique, vous pouvez également vous connecter sur le site www.aidants44.fr. Sur ce site, vous pouvez faire une recherche spécifique, et vous aurez accès à toutes les structures, associations et accompagnements que vous pourrez trouver, sur ce thème précis, en Loire-Atlantique. 

L’aide à domicile : une bonne solution pour prévenir l’épuisement parental

L’Aide à domicile est une bonne solution pour prévenir l’épuisement parental et vous accompagner en cas de difficultés passagères. "Aide à domicile pour tous" est la plus importante association d’aide à domicile aux familles du département de Loire-Atlantique. En tout, ce sont près de 70 techniciens et techniciennes de l’intervention sociale et familiale qui interviennent sur le territoire, notamment pour apporter leur soutien en cas d’épuisement parental. 

Aide psychologique et soutien personnel

 « La plupart du temps, nous intervenons dans le cadre d’accompagnement de la Caf ou de la Msa, par exemple, à la grossesse, à la naissance, à la maladie d’un enfant ou encore lors d’une séparation », explique Betty Ducrot, responsable des secteurs TISF. Les techniciens et techniciennes de l’intervention sociale et familiale (TISF) sont souvent sollicités d’abord pour une aide matérielle, donner un coup de main à la maison. C’est au contact de la famille qu’ils évaluent la situation et peuvent apporter une aide psychologique et un soutien plus personnel. 

Convaincre les familles

« Il est rare qu’une famille nous appelle pour nous dire que ça ne va pas à la maison, c’est une fois sur place, voire même parfois au téléphone, qu’on sent si les gens ont besoin de plus », précise Geoffroy Verdier, le directeur d’ADT 44 qui ajoute qu’il est « relativement difficile de convaincre une famille qu’elle a besoin d’aide, pourtant on devrait demander de l’aide même quand on n’en a pas besoin ». En effet, en tant que parent, vous pouvez vivre comme un échec de ne plus y arriver avec votre enfant ou de mal vivre votre parentalité. Les TISF peuvent par exemple vous accompagner sur la gestion des pleurs de votre enfant ou sur son alimentation. Un certain nombre d’heures d’intervention peut être financé par la Caf ou la Msa. Ensuite, la famille et le ou la TISF peuvent décider de faire une pause ou d’arrêter l’intervention. 

Avoir un lien social

« Les parents en situation d’épuisement parental sont souvent des parents isolés ou alors des parents qui portent tout dans le couple », détaille Betty Ducrot qui se souvient d’une maman « qui voulait juste voir quelqu’un, avoir un lien social et pouvoir partager une sortie dans un parc avec quelqu’un d’autre ». Le ou la TISF peut aussi remplir ce rôle-là. Pour le directeur d’ADT 44, « le principal atout des TISF, c’est d’intervenir à domicile. Ils rentrent dans l’intimité et deviennent un peu comme quelqu’un de la famille, tout en gardant une certaine distance et avec des limites sur des situations particulières comme les violences ou autres difficultés où les TISF vont plutôt réorienter les personnes ». 

"Le principal atout des TISF, c’est d’intervenir à domicile. Ils rentrent dans l’intimité et deviennent un peu comme quelqu’un de la famille."

Ouvrir le champ des possibles

Une réorientation et un accompagnement vers les structures adéquates, comme la Maison des adolescents en cas de problème avec un ado ou un Relais assistantes maternelles pour les modes de garde, ou la Protection maternelle et infantile pour le suivi médical de l’enfant, ou encore les Lieux d’accueil enfants-parents pour aller à la rencontre d’autres parents. « Nous sommes là pour ouvrir le champ des possibles aux familles, leur montrer qu’elles ne sont pas seules et qu’elles peuvent s’appuyer sur nous et sur d’autres structures », insiste Geoffroy Verdier.

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