Cultiver la confiance parents-enfants

La confiance que vous accordez à votre enfant est essentielle pour son développement et ses premiers pas vers l’autonomie. Dans ce dossier, Nicolas Peraldi, psychologue, explique comment le lien de confiance entre parents et enfants se construit dès la naissance et se tisse au quotidien. Plusieurs parents racontent comment ça se passe chez eux. 

La confiance essentielle pour bien grandir

Nicoals Péraldi, psychologue.

Nicolas Peraldi est psychologue. Il travaille notamment avec l’École des parents et des éducateurs (Epe) et la Caf. 

Comment se construit la confiance parents-enfants ? 

La première difficulté pour les parents, c’est de reconnaître à l’enfant ses capacités, de l’accompagner dans le développement de son potentiel. L’autre difficulté, c’est de se défaire des injonctions. Par exemple, c’est réussir à ne pas s’inquiéter si son enfant ne marche pas à 14 mois ou s’il n’est pas propre à 3 ans. Chaque enfant évolue à son rythme et les parents doivent encourager et accompagner chaque progrès et chaque étape de développement. Il faut être attentif sans être exigeant, laisser son enfant faire son expérience, le guider, et ne surtout pas être dans le reproche. C’est important pour l’enfant qu’il sente que ses parents l’aiment pour ce qu’il est et pas pour ce qu’il devrait être. C’est de cette manière que la confiance va se construire. 

Pourquoi cette confiance est importante pour l’enfant ? 

Plus l’enfant va grandir, plus il va pouvoir se dire : "j’y suis arrivé" et plus il va oser expérimenter des choses en se disant : "en cas de problème, mes parents sont là". La confiance des parents mène à l’autonomie des enfants. L’autonomie ça ne veut pas dire savoir faire seul, ça veut dire connaître ses propres limites. Et lorsqu’on aide l’enfant à connaître ses capacités acquises et celles qu’il aura probablement plus tard, on l’aide à connaître ses limites et donc à aller vers son autonomie. Plus l’enfant sait qu’il peut avoir confiance en ses parents, plus il se sent en sécurité et plus il pourra accepter ce que les autres adultes peuvent lui dire. Et surtout, il va comprendre que si un adulte, un professeur par exemple, n’est pas d’accord avec lui, ce n’est pas pour l’embêter, mais pour l’aider à avancer. 

 Comment poursuivre cette relation de confiance quand l’enfant grandit ?

Toute cette construction de la confiance, ce sentiment de sécurité pour l’enfant, constitue son "camp de base". Il sait que son papa et sa maman sont là en cas de besoin. Et par exemple, à l’entrée en 6e, quand il sera confronté à un établissement qu’il ne connaît pas, à de nouveaux élèves et à de nouveaux professeurs, il sera plus à l’aise pour aller à la rencontre des autres et, d’une manière générale, pour aller vers l’extérieur. Et c’est important parce qu’à l’adolescence, l’enfant a un vrai appétit pour l’extérieur.

Justement, à l’adolescence, comment entretenir ce lien de confiance ?

L’ado a besoin de se confronter au monde, de s’opposer au schéma parental et de prendre des risques. C’est à ce moment-là qu’il faut poser des limites. Les limites sont structurantes pour l’enfant et permettent de continuer à tisser le lien de confiance. Il faut être à l’écoute de son ado, accepter de ne pas tout savoir et de ne pas tout comprendre et discuter avec lui. Les enfants qui se mettent en grande difficulté son souvent ceux qui veulent montrer à leurs parents de quoi ils sont capables, qui ont besoin de leur prouver quelque chose parce que la confiance n’a pas été suffisamment instaurée entre eux. 

La confiance passe par l’attention et le dialogue

Cyril et Jeanne sont les parents d’Angèle 4 ans et de Matéo 7 ans.

"Quand Angèle était bébé, elle nous paraissait très en retard par rapport à Matéo. Elle était beaucoup moins moteur. Elle s’est retournée sur le dos plus tard que lui, elle s’est assise plus tard que lui et elle a marché plus tard que lui. Ça a fini par nous inquiéter et nous avons consulté. La pédiatre nous a demandé si Angèle faisait des choses que Matéo ne faisait pas à son âge. Et en y réfléchissant, nous avons trouvé tout un tas de choses qu’elle avait fait avant lui : le premier mot, les dents, les nuits complètes, etc. La pédiatre nous a alors expliqué que nous projetions sur Angèle des attentes que nous avions en fonction de Matéo et que ça nous empêchait de voir ce qu’Angèle faisait. Elle nous a invités à être plus attentifs et à encourager Angèle pour ses avancées en arrêtant de toujours comparer avec Matéo. Elle nous a expliqué que c’était important pour qu’Angèle se sente en confiance avec nous". 

Marc et Cynthia sont les parents de Jules, 15 ans. 

"L’été dernier, Jules a voulu partir une semaine en camping avec des copains et des copines. Au début, on n’était pas forcément d’accord. On connaît Jules, on a plutôt confiance en lui, en général, il respecte les limites que nous lui imposons. Mais on sait aussi comment ça se passe quand on est en bande. Nous avons discuté entre nous et nous nous sommes souvenus de nos vacances entre copains à nous. Nous avons tous les deux eu des parents qui nous ont fait confiance quand on était ados. Et même lorsque nous étions avec des amis, ni l’un ni l’autre n’avons été dans l’excès. Au contraire, nous étions ceux qui disaient aux autres, "là ça va trop loin, moi j’arrête" ou qui accompagnaient et soutenaient les copains quand ils avaient un peu dépassé les bornes. Nous nous sommes dits, "faisons le pari que Jules sera comme ça aussi" et nous l’avons laissé partir, avec pour seule contrainte de nous donner au moins deux ou trois fois des nouvelles par Whatsapp. Bien sûr, nous ne saurons jamais tout ce qui s’est passé pendant cette semaine de camping, mais en tout cas, Jules est revenu ravi, et s’il y a eu un problème, ils l’ont géré seuls."

Karl et Jasmine sont les parents de Marcus, 13 ans. 

"Pendant un an, Marcus nous a fait vivre un enfer. Il s’est mis à réclamer plus d’autonomie et comme c’est un garçon en qui nous avons confiance, nous lui avons laissé du champ. Il a commencé par rentrer seul du collège, en prenant le bus et en restant seul à la maison le temps que nous rentrions tous les deux du travail. Les règles étaient les suivantes : pas de copains à la maison quand nous ne sommes pas là, pas de jeux-vidéos avant d’avoir fait ses devoirs. Au début, ça s’est bien passé. Mais rapidement, nous avons découvert qu’il nous mentait. Une fois où Karl est rentré plus tôt du travail, il a trouvé Marcus avec deux copains en train de jouer à la console. Une autre fois, nous avons constaté que la réserve de gâteaux apéritifs avait grandement diminué. Marcus nous a avoué qu’il avait encore invité des copains. Une autre fois, c’est la tirelire où nous mettons des sous pour faire des trucs ensemble qui avait été vidée. À chaque fois, Marcus accusait ses copains. Il nous disait "je ne l’inviterai plus celui-là". Karl a fini par faire du télétravail pour pouvoir être là quand Marcus rentrait du collège. Les choses se sont calmées, mais un mois plus tard, Marcus s’est mis à rentrer de plus en plus tard. "J’ai loupé le bus, le prof m’a gardé à la fin du cours, je discutais avec untel et j’ai oublié de descendre à l’arrêt de bus etc.", toutes les excuses étaient bonnes. Et quand on l’engueulait, en lui disant qu’il nous mentait, il s’énervait "De toutes façons vous ne me croyez jamais". Nous avons fini par durcir les règles. Nous avons confisqué la console. Nous lui avons imposé des heures fixes pour être à la maison sous peine de punition. Au fil du temps la situation s’est améliorée. Et puis un jour, à table, il nous a dit : "je sais que j’ai déconné cette année, mais je voulais que les copains me trouvent cool." En creusant un peu, nous nous sommes rendu compte que Marcus avait eu très envie d’intégrer une bande du collège et qu’il avait fait le malin pour les impressionner. Nous lui avons dit qu’il aurait dû nous en parler. Il nous a répondu qu’on avait l’air tout le temps occupés. Forcément, on s’est sentis coupables."

Les lieux pour rétablir la confiance

Les lieux d’accueil enfants-parents

Un lieu d’accueil enfants-parents (LAEP) est un lieu ludique de rencontres et d’échanges qui accueille de manière libre, gratuite, anonyme et sans pré-inscription les enfants de moins de 6 ans (dans certains Laep, les enfants ne sont accueillis que jusqu’à 4 ans), accompagnés d’un adulte référent comme le papa et la maman ou les grands-parents. Vous pouvez y venir pour passer un moment privilégié avec votre enfant et rencontrer d’autres parents et des professionnels avec lesquels vous pourrez échanger.

La médiation parents-adolescents

Vous avez du mal à communiquer ? L’impression de ne plus vous comprendre ? La médiation parents-adolescents permet de faire se rencontrer, en présence d’un médiateur diplômé d’état ou d’une médiatrice diplômée d’état, des parents et un ado qui sont en conflit, et en difficulté de communication.

Les points d’accueil et d’écoute jeunes (PAEJ)

Les Points d’accueil et d’écoute jeunes (PAEJ) sont des structures qui accueillent sans conditions, gratuitement et de façon confidentielle les jeunes de 12 à 25 ans ou les parents, seuls ou en groupes. Vous pouvez échanger avec un ou une psychologue.

L’École des parents et des éducateurs de Loire-Atlantique (Epe 44)

Faciliter le quotidien des parents : c’est l’objectif de l’association L’École des parents et des éducateurs de Loire-Atlantique (Epe 44). Grâce à elle, vous pouvez par exemple discuter avec un psychologue du harcèlement à l’école, évoquer votre place de père lors d’une séparation, ou encore débattre des risques liés aux écrans chez les jeunes enfants. L’Epe 44 vous propose à vous, parents et familles, des solutions d’écoute, de débat et d’accompagnement, individuelles et collectives.

La Maison des adolescents de Loire-Atlantique (MDA)

La Maison des adolescents de Loire-atlantique (MDA) est un lieu d’écoute, d’information et d’accompagnement pour les adolescents. Elle s’adresse aux jeunes âgés de 11 à 21 ans. L’accès est gratuit et confidentiel.

Les associations qui soutiennent les familles

Plusieurs associations œuvrent pour le soutien des parents. Vous pouvez par exemple vous rapprocher de l’Union départementale des associations familiales de Loire-Atlantique (Udaf 44), une fédération qui regroupe plusieurs associations de soutien à la parentalité. Vous pouvez également contacter les Pâtes au beurre, une association reconnue pour son action de soutien aux familles. 

Vous souhaitez échanger avec d’autres parents ?

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