À quel âge peut-on donner un téléphone portable à son enfant ?

Une question simple, mais une réponse complexe. Le téléphone portable est devenu l’outil de communication par excellence. Aujourd’hui 92 % des 12 ans-17 ans possèdent un téléphone mobile et dans 99 % des cas, c’est un smartphone. Dans cette tranche d’âge, ils sont 87 % à s’en servir pour aller sur internet (baromètre du numérique, Crédoc-2021). Dans ce dossier, nous vous donnons des pistes pour mieux appréhender l’usage du téléphone mobile chez votre enfant. Des parents témoignent de ce qu’ils ont mis en place à la maison et Guillaume Leclère, intervenant pour Log-in, spécialisé dans la prévention des usages numériques, répond à nos questions.

Retour de terrain avec Log-in, spécialisé dans la prévention des usages numériques

Guillaume Leclère est intervenant pour Log-in, spécialisé dans la prévention des usages numériques. Il va à la rencontre des élèves, des parents d’élèves, des enseignants, d’associations, de professionnels de la jeunesse, de la santé ou encore du social. Log-in travaille sur les réseaux sociaux, les écrans, les jeux vidéos, l’impact des médias et bientôt sur la sobriété numérique et l’usage éco-responsable des outils numériques.

À quel âge peut-on donner un téléphone à son enfant ?

Il n’y a pas de règles directement établies, cela dépend surtout des principes d’éducation de chaque famille. Je pense qu’il faut avant tout se demander ce qu’un smartphone va apporter à son enfant.  Il faut aussi définir ce qu’on entend par "téléphone". Est-ce que c’est un smartphone dernière génération ou un vieux téléphone qui était à papa ou maman ? Et puis il faut s’entendre sur l’utilisation : un forfait tout illimité, un accès seulement avec le wi-fi à la maison, etc. Chez Log-in on a l’habitude d’évoquer l’âge de 13 ans, parce qu’à partir de cet âge, les sanctions encourues par un mineur sont plus lourdes en cas de délit comme le harcèlement, mais aussi parce qu’on dit que c’est l’âge du discernement, où l’enfant commence à être responsable de ses actes.

L’accompagnement des parents est-il important ?

Les parents ont tendance à croire que l’enfant sait utiliser un smartphone de façon quasi innée. Pourtant, tout comme faire du vélo, utiliser un smartphone, ça s’apprend et l’enfant a besoin de l’accompagnement des adultes. Pour continuer sur la métaphore du cycliste, lorsqu’un enfant apprend à faire du vélo, il commence souvent avec des petites roues, ensuite, lorsqu’il se débrouille mieux, on l’autorise à aller seul voir le copain ou la copine qui vit au bout de la rue, mais pas forcément celui ou celle qui vit à 10 km. C’est la même chose pour le téléphone portable. Un mélange d’accompagnement, de règles et de confiance.

L’enfant doit-il toujours être joignable ?

Les parents aiment parfois l’idée que leur enfant soit joignable "en cas de problème". Lors de nos interventions dans les établissement scolaires, nous rencontrons souvent des responsables d’établissement qui sont confrontés à ça. Pourtant, et c’est ce qu’ils répondent aux parents inquiets, les établissements scolaires, comme d’ailleurs beaucoup d’autres lieux que peuvent fréquenter les enfants, sont équipés de lignes fixes et le personnel encadrant est joignable par les parents. Ne pas être tout le temps joignable, c’est aussi apprendre l’autonomie, l’indépendance et l’improvisation. C’est aussi un bon moyen de construire une relation de confiance avec son enfant.

Existe-t-il un risque d’exclusion du groupe pour les enfants privés de téléphone ?

Il y a parfois la peur que son enfant soit exclu d’un groupe d’amis. Ce n’est pas systématique, et si cela arrive, il faut dialoguer et trouver un moyen de communication qui convienne à tout le monde. Les enfants peuvent toujours, depuis la maison par exemple, envoyer des mails ou utiliser le téléphone d’un des parents pour écrire à ses copains ou être joints par ses copains.

Témoignages : Comment ça se passe chez vous ?

Stéphanie et Marc ont un fils de 14 ans et une fille de 10 ans. Il vivent à Rezé.

"Nous nous étions fixé 14 ans comme âge pour le premier téléphone. Au début sans doute parce que ça nous paraissait loin lorsque notre fils nous en réclamait un à 11 ans ! Et aussi parce que 14 ans, c’est l’âge où on peut conduire un scooter (qu’il ne nous a pas réclamé, ouf !). Nous avons donc dit à notre fils, tu auras un téléphone pour tes 14 ans, en prenant bien garde d’ajouter "si tu es prêt". Nous avons fait un long travail de prévention sur les usages et les risques. Il a fini par avoir 14 ans et il a eu un smartphone.

Il n’a pas de forfait et il ne peut l’utiliser que chez nous en se connectant au wi-fi. Il n’a pas non plus le droit de l’emmener dans sa chambre le soir.

En revanche, il n’a pas de forfait et il ne peut l’utiliser que chez nous en se connectant au wi-fi. Il n’a pas non plus le droit de l’emmener dans sa chambre le soir. Ça n’a pas été simple puisque nous sommes tous les deux de gros utilisateurs de nos téléphones. Nous lui avons expliqué que, comme pour la télé ou plein d’autres choses, les adultes sont autorisés à faire comme ils veulent, mais pas les enfants. Nous avons aussi fait plus attention et les téléphones ont, par exemple, été bannis des temps de repas.

Nous ne sommes pas dupes, s’il y a une vidéo à voir absolument, il trouvera bien un copain ou une copine qui a plus de liberté que lui pour la regarder.

Et puis avant qu’il ait le sien, nous l’avons autorisé à utiliser les nôtres pour communiquer avec ses copains et ses copines. Avant d’avoir son propre téléphone, il avait un groupe WhatsApp sur nos téléphones où il pouvait lire et répondre aux messages de sa bande de copains. De toute façon, nous ne sommes pas dupes, s’il y a une vidéo à voir absolument, il trouvera bien un copain ou une copine qui a plus de liberté que lui pour la regarder. "

Anaïs et Mathieu ont deux filles de 11 et 13 ans. Ils vivent à Nantes.

" Nos deux filles ont chacune un téléphone portable. Pour la plus grande, nous avions décidé d’attendre ses 13 ans. Elle a récupéré un de nos anciens smartphones avec un forfait limité et des applications que nous avons installées ensemble.

Nous nous sommes dit que nous devions plus anticiper avec la plus jeune.

Nous avons beaucoup discuté avec elle de l’usage du téléphone. En le faisant, nous nous sommes rendus compte qu’elle avait déjà des habitudes, sans doute prises au collège avec ses amis. Du coup, nous nous sommes dit que nous devions plus anticiper avec la plus jeune. Nous lui avons trouvé un vieux téléphone mobile, sans internet. Elle peut juste appeler et envoyer des textos. Nous trouvons bien qu’elle puisse se familiariser avec les bonnes pratiques par elle-même".

Christelle et Jérôme ont un fils de 9 ans. Ils vivent à Saint-Nazaire.

"Ce sont nos propres habitudes que nous avons dû changer. Dès l’âge de 3 ans, notre fils savait déverrouiller nos téléphones. C’est nous qui avons dû apprendre à ne plus laisser nos téléphones traîner, à ne plus nous en servir devant lui et surtout à ne plus lui donner pour regarder un dessin animé.

Nous nous disons parfois que c’est déjà trop tard.

Aujourd’hui, nous l’autorisons à se servir de l’un de nos téléphones de façon exceptionnelle, mais nous nous disons parfois que c’est déjà trop tard. À l’école, certains de ses copains ont déjà leur propre téléphone. Nous appréhendons beaucoup les années qui viennent !"

Des outils pour limiter et contrôler l’accès

Il existe aujourd’hui plusieurs outils pour limiter l’usage et l’accès à certains sites ou réseaux à votre enfant.

À commencer par le géant Google qui propose son Family Link, une application qui permet de réglementer les usages numériques.
Les principaux opérateurs comme SFR, Orange, Bouygues ou Free, proposent eux aussi des systèmes de contrôle parental assez faciles d’utilisation.
Apple propose sur certains de ses téléphones et tablettes, la fonctionnalité "Temps d’écran" qui permet de gérer le temps passé sur les écrans et au besoin de verrouiller un nombre d’heures grâce à un code.
Vous pouvez également trouver en ligne des applications gratuites et payantes, comme par exemple "Screen time", qui vous aident à gérer le temps que vos enfants passent devant un écran. 

Écrans : un guide pratique de la protection maternelle et infantile

Les bonnes pratiques avec les écrans doivent se mettre en place dès le plus jeune âge. La Protection maternelle et infantile de Loire-Atlantique (PMI) vous propose un guide pour vous aider à garder le contrôle et à adopter les bonnes pratiques en lien avec l’usage des écrans par les enfants. Dans ce livret, vous trouverez aussi des informations sur les conséquences d’une mauvaise exposition aux écrans pour votre enfant et des pistes pour en savoir plus.

Téléchargez le guide la PMI

Le téléphone portable en chiffres

Les chiffres ci-dessous sont tirés de l’étude  « La Parentalité à l’épreuve du numérique » réalisée en 2020 par Médiamétrie pour l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (Open) et l’Union nationale des associations familiales (Unaf).

Premier téléphone portable avant 10 ans

  • 13 % des enfants de 7 à 10 ans possèdent un téléphone mobile et 65 % des enfants de 11 à 14 ans
  • L’âge moyen d’obtention du premier téléphone mobile est de 9,9 ans
  • Dans 43 % des cas, c’est un cadeau
  • Dans 33 % des cas, c’est parce que les parents sentaient que l’enfant était prêt
  • Dans 25 % des cas, c’est parce que les parents voulaient responsabiliser leur enfant
  • Dans 23 % des cas, c’est parce que les parents voulaient suivre les déplacements de leur enfant

Les parents pas toujours exemplaires

  • 96 % des parents utilisent internet au moins une fois par jour contre 35 % des enfants
  • Seuls 2% des parents n’utilisent jamais d’équipement numérique en présence de leurs enfants
  • 85 % des parents utilisent un smartphone devant leur enfant
  • 76 % des parents utilisent un équipement numérique pour se rendre sur les réseaux sociaux contre 16 % des enfants
  • 51 % des parents utilisent un équipement numérique pour jouer à des jeux-vidéos contre 43 % des enfants

Retrouvez l’intégralité de l’étude sur le site de l’Open.

Des liens utiles (à lire et à regarder)

À lire

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Cette bibliographie, comme celles des autres dossiers, a été réalisée en collaboration avec Maud Pineau, Chargée de veille informationnelle et du numérique au Département de Loire-Atlantique.

En plus

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