Comment avoir de l’autorité sur son enfant sans s’énerver ?

Vous avez beau les aimer plus que tout, parfois vos enfants vous font tourner en bourrique. Face à une crise ou à un comportement agaçant voire inapproprié, c’est parfois difficile d’avoir de l’autorité tout en gardant son calme. Dans ce dossier, nous allons évoquer les gestes, les attitudes ou les paroles (fessée, cris, chantage, humiliation, etc.) par lesquels on peut être tenté lorsqu’on est à bout. Ces "violences éducatives ordinaires", traumatisantes pour l’enfant, sont interdites par la loi. Et vous allez voir qu’il existe des solutions simples à mettre en place pour éviter de s’énerver et conserver son autorité de parent.

Peut-on éviter les crises et conserver son autorité sans s’énerver ?

Anne Gouzer Le Rouzic est médecin généraliste à Nantes. Elle a fait sa thèse sur les violences éducatives ordinaires et a travaillé avec la Protection maternelle et infantile (PMI) de Saint-Nazaire sur le sujet.

Est-ce qu’on peut éviter les crises ?

Il n’existe pas de « mode d’emploi ». Chaque enfant est unique et c’est au parent d’essayer de s’adapter. Il faut avoir en tête qu’un jeune enfant ne sait pas gérer ses émotions. Avant trois ans, un enfant ne comprendra pas une punition. C’est important d’expliquer les choses. Ce qui vous rend mécontent, pourquoi son comportement ne convient pas, etc. Les enfants ont aussi une capacité d’attention limitée. On ne peut pas demander à un enfant de trois ans de rester une heure à table.

Pour se prémunir, il faut, autant que possible, essayer d’anticiper.

Pour se prémunir, c’est bien, autant que possible, d’essayer d’anticiper. Par exemple, éviter, quand vous le pouvez, les lieux qui peuvent être source de crises et de stress, comme les supermarchés par exemple. Si vous ne pouvez pas faire autrement, faites participer votre enfant en lui donnant des missions ou un objectif à sa portée. C’est pareil à la maison. Essayez, autant que possible, d’anticiper les moments de stress. Le matin, par exemple, quand il faut se préparer. Prévoyez suffisamment de temps. Essayez de trouver des astuces pour faire participer votre enfant. Par exemple en lui demandant quelles chaussures il veut mettre.

Comment avoir de l’autorité sans s’énerver ?

Les enfants ont besoin de limites et de cadre. C’est important de leur expliquer les conséquences qu’il peut y avoir en cas de bêtise ou de mauvais comportement. Par exemple, on peut lui dire que la promenade au parc qui était prévue n’aura pas lieu. Si un jouet est cassé exprès, expliquer qu’il ne sera pas remplacé.

On peut consoler, mais ne pas céder.

Dans ces cas-là, si possible essayer de rester ferme et aller jusqu’au bout de la décision pour que l’enfant comprenne qu’il y a des conséquences derrière. On peut consoler, mais c’est mieux si on ne cède pas. Consoler votre enfant a un vrai rôle dans le développement de son cerveau. Quand on dit non, il faut expliquer pourquoi. Il est préférable de discuter, de proposer des solutions et si possible d’avoir le même discours de la part des deux parents.

Doit-on punir un enfant ?

Au lieu d’une punition, privilégiez une sanction et une explication. Mais oui, on peut sanctionner l’enfant dès que le comportement a dépassé le cadre fixé par le parent. Cela permet de  faire comprendre à l’enfant qu’il faut respecter ce cadre. Mais il faut le faire avec cohérence et bon sens : par exemple, confisquer un jouet source de conflit lors d’une dispute entre frère et sœur, faire participer aux conséquences de la bêtise selon son âge (Par exemple, nettoyer quand on salit).

la sanction doit avoir un lien avec le comportement réprimandé pour faciliter la compréhension des conséquences.

En revanche on évite d’enfermer un enfant dans sa chambre ou de mettre au coin en premier lieu, sauf si c’est nécessaire pour se mettre et mettre l’enfant en sécurité si on sent que ça va déraper. Dans l’idée, la sanction doit avoir un lien avec le comportement réprimandé pour faciliter la compréhension des conséquences par l’enfant. On essaie autant que possible de ne pas impliquer l’alimentation dans les sanctions (priver de dessert par exemple).

Que faire si on dérape ?

L’origine d’un geste déplacé est importante. Si votre enfant traverse la rue sans regarder et que vous l’attrapez un peu vivement par le bras, ça peut lui faire mal. C’est un geste que vous n’avez pas maîtrisé. C’est important d’expliquer que vous avez eu peur, pourquoi vous avez eu peur et que c’est pour ça que vous avez eu ce geste. La sécurité, c’est la priorité.

Et si vraiment on dérape, il faut s’excuser, en parler avec l’enfant.

Si la crise vous dépasse, il vaut mieux prendre vos distances pour que ça ne continue pas à monter. Et si vraiment vous dérapez, c’est important de s’excuser, d’en parler avec l’enfant, mais aussi avec l’autre parent ou des proches. Vous pouvez aussi en parler avec votre médecin ou un professionnel de santé. C’est rarement volontaire. Souvent le parent reproduit l’éducation qu’il a reçue. C’est important de pouvoir se remettre en question.

Quelques pratiques faciles à mettre en place :

  • Mettre l’enfant au défi, par exemple avec un compte à rebours ("Je compte jusqu’à dix pour que tu mettes tes chaussures").
  • Faire participer l’enfant (aux courses, aux tâches ménagères etc.) en lui confiant des missions à sa portée en fonction de son âge.
  • Se mettre à chuchoter quand l’enfant crie ou qu’on sent qu’on va crier.
  • Toujours sanctionner en lien avec la bêtise (si votre enfant casse un jouet en faisant exprès, ne pas remplacer le jouet. Si votre enfant met de la pâte a modeler partout, confisquer la pâte à modeler, s’il renverse quelque chose, le faire nettoyer etc.), de façon courte et toujours en expliquant. L’idée est que l’enfant apprenne et comprenne que certains de ses actes peuvent avoir des conséquences.

Les violences éducatives ordinaires, c’est quoi ?

Ce sont des gestes, des actes ou des paroles utilisés pour l’éducation qui peuvent avoir des répercussions sur l’enfant. On peut classer les violences éducatives ordinaires dans trois catégories :

  • physiques (claque, fessée, tirage d’oreille, etc.) ;
  • verbales (cris, insultes, etc.) ;
  • et psychologiques (manipulation, humiliation, chantage, etc.).

Quelles peuvent être les conséquences de ces violences ?

Les violences et les humiliations peuvent avoir des conséquences négatives sur le développement du cerveau de l’enfant. Notamment sur ses capacités d’apprentissages, sur sa gestion des émotions, dans ses rapports aux autres. Un enfant moins sûr de lui aura plus de difficultés à communiquer et pourra répondre aux situations de stress par des gestes violents. Il sera dans l’imitation de son entourage. Il existe aussi des liens avec les risques de maladies cardio-vasculaires, certains cancers, la bipolarité ou encore la dépression. Les violences psychologiques à table, comme le chantage, peuvent à terme entraîner une relation conflictuelle de l’enfant avec la nourriture. Heureusement, le cerveau a aussi une capacité à se réorganiser, même après un traumatisme, il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Ce que dit la loi

Depuis le 10 juillet 2019, les violences éducatives ordinaires sont interdites par la loi. L’autorité parentale doit s’exercer sans violence physique ou psychologique. Par ailleurs, toute forme de violence sur un enfant mineur ou majeur est punie par la loi.

Deux témoignages de parents

Yann à 44 ans et vit à Nantes. Il est papa d’un garçon de 3 ans et demi

Nous revenions de voyage et nous étions en train de passer les contrôles à l’aéroport. Nous étions tous les trois très fatigués. Solal a voulu prendre lui-même une bannette pour mettre ses affaires sur le tapis roulant et nous lui avons expliqué que ça n’était pas possible, qu’il y avait du monde et que nous nous en occupions parce qu’il fallait aller vite et que d’autres personnes attendaient leur tour derrière nous. Il s’est mis à se rouler par terre, à hurler et à crier. Nous avions beau essayer de lui parler, de lui expliquer, ça ne faisait qu’empirer les choses. On s’est mis à lui crier dessus, nous étions dépassés. Alors la douanière qui faisait le contrôle est venue nous voir. Elle s’est agenouillée devant Solal et lui a dit " bah alors, qu’est-ce qui se passe ? Si tu te fâches comme ça, moi je ne peux pas travailler. Comment je fais alors ? " Je ne sais pas si c’est l’uniforme, le fait que ce soit une personne extérieure, mais toujours est-il qu’il s’est calmé tout de suite.

Carla à 38 ans et vit à Saint-Jean-de-Boiseau. Elle est maman d’une fille de 5 ans et d’un garçon de 8 ans

Nos parents nous mettaient au coin, nous enfermaient dans notre chambre et nous avons, tous les deux, reçu des fessées lorsque nous étions enfants. Lorsque j’ai été enceinte de notre fils, nous avons beaucoup discuté de tout ça. Nous étions d’accord pour ne surtout pas reproduire ce type d’éducation. Quand nous avons connu les premières crises avec Marceau, nous avons gardé ce cap. Mais au fur et à mesure, nous nous sommes rendu compte que nous perdions complètement pied et que nous avions un véritable petit tyran à la maison. Nous en avons discuté avec notre médecin qui nous a rappelé qu’il fallait parfois dire non et montrer de la fermeté dans cette décision. Nous avons réalisé que nous avions tellement peur d’être des mauvais parents, dans le sens autoritaire, que nous laissions faire beaucoup de choses. Et honnêtement, une fois qu’on est partis dans cette direction, c’est très compliqué de revenir en arrière parce que l’enfant ne comprend pas forcément le revirement de situation. Pour Zoé, notre fille, nous avons fait différemment. Aujourd’hui nous arrivons à un équilibre, mais ça n’a pas été simple.

 

Les lieux d’information, d’écoute et de soutien

  • Les lieux d’accueil enfants-parents (LAEP)
    Un lieu d’accueil enfants-parents (LAEP) est un lieu ludique de rencontres et d’échanges qui accueille de manière libre, gratuite, anonyme et sans pré-inscription les enfants de moins de 6 ans (dans certains LAEP, les enfants ne sont accueillis que jusqu’à 4 ans), accompagnés d’un adulte référent comme le papa, la maman ou les grands-parents. Vous pouvez y rencontrer d’autres parents pour discuter et votre enfant peut y découvrir la vie avec d’autres enfants.
  • Les Pâtes au beurre
    L’association accueille gratuitement et anonymement les parents en difficulté, avec ou sans leurs enfants, quel que soit l’âge de ces derniers, pour réfléchir avec des professionnels, psychologues ou psychomotriciens, dans une visée d’apaisement des relations familiales. Chaque parent peut venir seul ou en famille, évoquer ses questionnements et ses inquiétudes liés à la parentalité.
  • Le parrainage de proximité
    Ce type de parrainage permet à l’enfant ou au parent et son enfant de trouver un repère en dehors de la sphère familiale et de s’ouvrir davantage sur le monde, de découvrir une culture, un milieu social, et de pouvoir échanger et être soutenus.
  • L’École des parents et des éducateurs (Epe)
    Faciliter le quotidien des parents : c’est l’objectif de l’association L’École des parents et des éducateurs de Loire-Atlantique (Epe 44). Grâce à elle, vous pouvez par exemple discuter avec un psychologue du harcèlement à l’école, évoquer votre place de père lors d’une séparation, ou encore débattre des risques liés aux écrans chez les jeunes enfants. L’Epe s’adresse également aux jeunes de 12 à 25 ans pour répondre à leurs problématiques spécifiques grâce à l’écoute de psychologues (Point Accueil Écoute Jeunes).
  • La maison des adolescents de Loire-Atlantique
    La maison des adolescents de Loire-Atlantique accueille des adolescents de 11 à 21 ans, seuls, avec un de leurs parents, un frère ou une sœur, un ou une proche, etc. Vous pouvez y rencontrer des professionnels de la pré-adolescence et de l’adolescence pour vous aider avec votre enfant.

Et n’hésitez pas à consulter notre agenda pour trouver des événements liés à l’éducation, la parentalité. Le thème de l’autorité est souvent traité lors de rencontres ou de groupe d’échanges.

 

Pour aller plus loin (livres, podcasts, vidéos)

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