Tabac, alcool, drogues, écrans, comment repérer les conduites à risques chez les jeunes ?
Comment savoir si votre enfant a une conduite à risque ? Quels sont les signes à repérer et que faire pour l’aider et l’accompagner ? Si certaines consommations, comme le tabac, sont en baisse chez les jeunes, d’autres conduites addictives, notamment liées à l’usage des écrans, sont en pleine expansion. Moins visibles, elles n’en sont pas moins dangereuses pour la santé. Dans ce dossier, vous pourrez lire le témoignage de Gaëtan Leroy, infirmier dans un Centre de soin, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) à Châteaubriant. Vous trouverez également des ressources pour vous guider et vous accompagner.
Dans ce dossier
Qu’est ce que l’addiction, comment la repérer et accompagner son enfant ?
Gaëtan Leroy est infirmier. Depuis cinq ans, il travaille à Châteaubriant dans l’une des antennes départementales des Apsyades, un centre de soin, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa). Il fait partie du dispositif Nomaddo qui permet aux professionnels et aux professionnelles d’aller à la rencontre des jeunes qui ont des problèmes d’addictions.
Comment définiriez vous l’addiction ?
Sans entrer dans une définition médicale, je pense que c’est la perte de contrôle qui est au centre de l’addiction. On est addict quand on ne peut plus se passer de quelque chose. Même si l’on sait qu’il faudrait arrêter ou limiter, on n’y arrive pas et le produit dont on est dépendant va prendre de plus en plus de place dans notre vie.
En tant que parent, comment peut-on repérer que son enfant perd le contrôle et devient addict ?
Ce n’est pas simple. La plupart du temps, ça passe inaperçu. Si on a un doute, le meilleur moyen, c’est d’en parler à son enfant, d’ouvrir le dialogue. Pas forcément directement sur la question de la consommation d’un produit, mais plutôt sur l’état général. On peut par exemple, demander si tout va bien en ce moment. Ensuite, il peut aussi y avoir des signes liés à l’addiction.
Quand on est dépendant à un produit ou à quelque chose, cela va grignoter le quotidien
Quand on est dépendant à un produit ou à quelque chose, cela va grignoter le quotidien. On va avoir tendance à délaisser certaines choses qui nous intéressaient, comme un sport ou une activité. Il peut aussi y avoir des conséquences sur les apprentissages, avec des notes qui baissent à l’école. La qualité du sommeil qui baisse et la fatigue sont également des signes que quelque chose ne va pas.
Mais sans parler d’addiction, les enfants changent à l’adolescence. Comment faire la différence entre un comportement d’ado et un comportement à risque ?
Effectivement, l’expérimentation, l’attrait de la nouveauté ou l’envie de tester les limites sont propres à l’adolescence. C’est pourquoi j’insiste vraiment sur la nécessité de discuter avec son enfant. Dès qu’on a un doute ou qu’on se pose des questions, il faut en parler.
Comment peut-on accompagner son enfant quand il est en situation d’addiction ?
Je pense qu’en tant que parent, c’est important de montrer à son enfant que l’on s’inquiète. C’est tout à fait légitime de s’inquiéter pour son enfant. Il faut aussi faire preuve d’autorité, même si c’est l’enfant qui finira par faire le choix de se faire aider. Parfois, ça ne peut pas se régler à la maison et il ne faut pas hésiter à faire appel à un regard extérieur. Vous pouvez directement donner à votre enfant le contact d’une structure qui pourra l’accompagner et l’aider. Ça peut aussi, par exemple, passer par le médecin traitant.
Quelles sont les addictions les plus fréquentes chez les jeunes ?
Comme le montre ce graphique de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, la consommation de tabac est en très nette baisse chez les jeunes, celle de l’alcool diminue aussi mais reste élevée et de nouvelles pratiques, comme la cigarette électronique font leur apparition.
Un des plus gros risques aujourd’hui, est celui lié à l’usage des écrans. Comme le rappelle Gaëtan Leroy :
"souvent, cela inquiète moins les parents. L’enfant joue sur l’ordinateur, sur son téléphone ou sur une console dans sa chambre, il est à la maison, tout va bien".
Pourtant, un usage abusif des écrans peut non seulement avoir des conséquences sur la santé de l’enfant, mais entraîner les mêmes risques qu’une consommation de drogue, en grignotant de la place sur les autres activités de l’enfant et en ayant un impact direct, notamment sur le sommeil et sur les apprentissages.
Pour aller plus loin sur les écrans, nous vous invitons à lire ou à relire certains de nos dossiers et articles :
- Écrans : enfants connectés, parents largués ?
- Comment aider les enfants à mettre en place un usage raisonné des écrans ?
- À quel âge peut-on donner un téléphone portable à son enfant ?
Pourquoi la prévention est essentielle ?
Même si aucun signe ne vous alerte, vous pouvez parler des comportements à risques à votre enfant et le faire participer à des temps d’information sur les addictions.
"Au début de la consommation, on est uniquement dans le plaisir et on ne comprend pas pourquoi il faudrait consulter ou s’interroger sur son comportement, explique Gaëtan Leroy. La prévention peut apporter ce questionnement. Pourquoi je consomme ? Est-ce que je ne pourrais pas faire autrement ? ".
De nombreuses associations interviennent dans les établissements scolaires. Les Csapa ou la Maison des adolescents (MDA) organisent aussi des temps d’échange autour de la prévention des conduites addictives. N’hésitez pas à contacter directement ces structures (vous trouverez les coordonnées plus bas dans ce dossier) ou à consulter notre agenda pour connaître les événements organisés près de chez vous.
Quels sont les lieux pour s’informer et se faire accompagner ?
Il existe de nombreux lieux où votre enfant peut aller à la rencontre de professionnels pour évoquer sa consommation addictive. Il est important de rappeler qu’il s’agit bien de discuter et d’évaluer la consommation et aucunement de juger ou de réprimer.
Les numéros utiles pour les ados ou les parents d’ado
- Écoute cannabis : 0 811 912 020 (Coût d’un appel local depuis un poste fixe)
- Écoute alcool : 0 811 913 030 (Coût d’un appel local depuis un poste fixe)
- Tabac info service : 39 89
- Drogues info services : n° vert 0 800 231 313
- Phare enfants parents (pour les parents confrontés au mal être et au suicide des jeunes) : 01 42 66 55 55
- La santé pour tous (accès aux soins) : n° vert national : 0 800 232 600
- Fil santé jeune : n° vert 0 800 235 236 ou 3224 appel gratuit depuis un fixe
- Non au harcèlement : 30 20
Le Fil santé Jeunes
C’est un service gratuit et anonyme avec un numéro de téléphone (0800 235 236), mais aussi un tchat en ligne où l’on peut poser des questions et discuter.
Pour en savoir plus sur le Fil santé Jeunes
Les Consultations jeunes consommateurs (CJC)
L’objectif de ces consultations est d’accueillir des jeunes consommateurs en questionnement sur leur consommation, ainsi que leur entourage. Le principe est de faire le point, éventuellement de proposer une aide, avant que la consommation ne devienne problématique. Toutes les problématiques d’addiction peuvent être abordées dans ces lieux : la consommation d’alcool, de cannabis, la pratique de jeux vidéo ou l’utilisation d’Internet. Ces consultations proposent un accueil gratuit et confidentiel. Elles se déroulent au sein des Centres spécialisés d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) ou dans des lieux spécialisés dans l’accueil des jeunes (Maisons des adolescents et Points accueil écoute jeunes). Les jeunes peuvent s’y rendre seuls ou accompagnés de leur parent ou d’un proche. Les parents peuvent également être reçus avec ou sans le jeune concerné.
Les centres de soin, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa)
Les Csapa proposent un accompagnement en quatre étapes :
- La première étape consiste en une évaluation précise de sa situation sur le plan médical, psychologique, social et relationnel. Cette évaluation tient compte aussi des expériences antérieures, réussies ou non de soin ou d’accompagnement de votre enfant. Elle prend également en compte ses capacités à évoluer et changer au moment de l’évaluation.
- La seconde étape proposée est l’analyse de la demande du patient, notamment si c’est une démarche personnelle ou contrainte.
- La troisième étape, en accord avec le patient, est d’envisager un changement de la situation. Ce changement peut passer par une diminution de la ou des consommations, la sobriété ou l’abstinence, mais aussi la mise en route de démarches personnelles concernant l’organisation de la vie quotidienne.
- La quatrième étape est celle du suivi dans la durée qui consiste à évaluer la ou les expériences de changement et d’en tenter d’autres. C’est aussi celle de la proposition des différents soins : psychothérapies individuelles, thérapies familiales, groupes thérapeutiques.
Pour en savoir plus et trouver les contacts des CJC et des Csapa
La Maison des adolescents de Loire-Atlantique (MDA)
La Maison des adolescents de Loire-Atlantique accueille des adolescents de 11 à 21 ans, seuls, avec un de leurs parents, un frère ou une soeur, un ou une proche etc.
- Qui ont des questions particulières à poser.
- Qui sont susceptibles d’avoir des conduites à risque.
- Qui sont en situation complexe familiale, de santé, d’insertion sociale.
L’accueil est libre et confidentiel. Les entretiens sont gratuits, sans formalités administratives et dans le respect de l’anonymat.
Pour en savoir plus sur la MDA
Focus sur "Nomaddo"
Nomaddo est un dispositif créé par le Csapa les Apsyades et la Maison des Adolescents de Loire-Atlantique (MDA). Il est en place sur la communauté de communes de Châteaubriant, Derval et Nozay. Nomaddo permet à une équipe de professionnels (infirmier, assistante sociale et psychologue) de se déplacer à la rencontre des jeunes qui le souhaitent. Le rendez-vous peut avoir lieu à domicile, mais aussi dans un autre lieu, comme l’infirmerie du lycée ou une médiathèque. Ce dispositif a été mis en place pour faciliter l’accès au soin pour les jeunes qui, soit pour une raison matérielle (absence de transports en commun) ou personnelle, ont des difficultés à faire la démarche. Les rencontres sont gratuites et anonymes. Elles sont accessibles aux jeunes de 12 à 25 ans, mais aussi aux parents. Pour joindre l’équipe de Nomaddo : 06 48 38 91 32.
Plus d’infos sur la page Facebook de Nomaddo
Où en parler avec d’autres parents ou rencontrer des professionnels et des professionnelles ?
L’école des parents et des éducateurs de Loire-Atlantique (Epe 44)
La médiation parents-ado, pour ouvrir le dialogue
Vous avez du mal à communiquer ? L’impression de ne plus vous comprendre ? La médiation parents-adolescents permet de faire se rencontrer, en présence d’un médiateur diplômé d’état ou d’une médiatrice diplômée d’état, des parents et un ado qui sont en conflit, et en difficulté de communication.
Pour aller plus loin (podcasts, vidéos, livres, etc.)
Podcasts
- Ma dernière fois ( une série de podcasts sur différentes addictions où des jeunes racontent comment ils s’en sont sortis, Addic’tAide)
- Les conduites à risque chez les adolescents (Un psy dans la ville, France Inter)
- Les addictions chez les jeunes (Révolutions médicales, France Culture)
- Comprendre son ado, savoir lui parler (Ville de Nice)
- Les paris sportifs (Les pieds sur terre, France Culture)
Vidéos
- Qu’est-ce que l’addiction ? (Huffington Post)
Articles
- Comprendre les conduites à risque à l’adolescence (Mpédia)
- Les jeunes et les réseaux sociaux : ressources numériques et bibliographie
Sites internet
- Non aux addictions, oui à ma santé (Un site où on peut tester sa consommation, trouver des informations et visionner des vidéos)
- Je protège mon enfant (la plateforme d’information et d’accompagnement à la parentalité numérique pour un usage raisonné des écrans par les enfants)
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