Comment préparer l’arrivée d’un deuxième enfant au sein de la famille ?

Hélène Bonnet est coordinatrice et animatrice de Histoires de parents. Installée à Monnières dans le vignoble nantais, l’association accompagne depuis 2015 les parents et les futurs parents à travers des ateliers, des groupes d’échange et un LAEP (lieu d’accueil enfants-parents).

Quels sont les questionnements des parents qui participent à vos groupes d’échange ?

Souvent les parents culpabilisent sur l’arrivée du deuxième en s’imaginant qu’en devenant l’aîné, le premier enfant va perdre quelque chose, qu’il ou elle va se sentir délaissé. Certains parents craignent également de ne pas pouvoir aimer le deuxième enfant aussi fort que le premier. D’autres ont quelques appréhensions liées à la logistique, notamment en terme de mode de garde.

Quelles réponses proposez-vous ?

L’avantage des groupes d’échange c’est qu’ils rassemblent des parents avec des parcours différents. Les parents qui ont déjà un deuxième enfant rassurent ceux qui s’inquiètent en partageant leur expérience. Par exemple, sur l’amour que certains parents n’imaginent pas pouvoir élargir à un éventuel deuxième enfant, les parents qui ont déjà une fratrie rassurent en disant que l’amour est élastique et qu’il va forcément s’élargir.

Nous essayons toujours de questionner les avantages plutôt que les peurs.

D’une façon général, dans notre accompagnement, nous essayons à la fois d’accueillir les appréhensions et de questionner les avantages pour un aîné d’avoir un petit frère ou une petite sœur. Dans le cadre de l’arrivée d’un deuxième enfant, nous évoquons par exemple la découverte pour l’aîné, et selon l’âge, de la notion de partage, la possibilité plus tard, de jouer ensemble, de s’entraider et de se soutenir. Dans les groupes d’échanges, nous accompagnons aussi les parents à explorer les possibles dans les relations parents-enfants, ou enfant-enfant.

Et sur la place du premier enfant ?

Les enfants sont sensibles à ce qu’ils se passe pour leurs parents. Ils ressentent beaucoup mieux les choses que les adultes. Le comportement de l’aîné peut changer au moment de la grossesse. Il arrive parfois qu’il soit plus actif, plus agité. Poser des mots, expliquer simplement ce qu’il se passe, permet d’apaiser les choses. Vous pouvez prendre le temps de raconter son histoire à votre aîné ou aînée, selon son âge, répondre à ses questions. Revenir avec lui ou elle sur la grossesse, sa naissance et ses premiers jours grâce à des photos par exemple. Encore une fois, pour les parents comme pour l’enfant, il vaut mieux se concentrer sur la projection et la construction plutôt que de nourrir d’éventuelles inquiétudes.

La relation avec la future petite sœur ou le futur petit frère peut se construire pendant la grossesse.

Au moment de la grossesse, nous proposons aux familles d’inclure un minimum l’enfant au projet. La relation avec la future petite sœur ou le futur petit frère peut se construire pendant la grossesse. L’aîné peut discuter avec le bébé dans le ventre, toucher le ventre et participer à la préparation de l’arrivée du deuxième, par exemple en aidant à aménager une chambre. Et si vraiment il y a un souci, il ne faut pas hésiter à en parler à une professionnelle ou à un professionnel. 

Camille est la maman de Théo, 8 ans et de Léa, 5 ans. 

Dès le début de la grossesse, nous avons parlé à Théo de l’arrivée prochaine de son petit frère ou de sa petite sœur. Il est venu avec nous à chaque échographie. Il a entendu les battements du cœur du bébé et l’a vu grandir. Dès que nous avons su que c’était une fille, nous lui avons dit pour qu’il puisse se projeter plus facilement. Il nous a aidé à préparer les affaires, à faire du tri. Il semblait ravi de voir que ses anciens vêtements, quand il était "petit bébé" allaient servir à sa petite sœur. On lisait régulièrement des livres au bébé, Théo touchait mon ventre et lui parlait. Il disait à tout le monde qu’il allait avoir une petite sœur et il avait l’air de prendre son rôle de grand frère très à cœur. On était contents que ça se passe aussi bien. À la maternité, lorsque nous lui avons présenté Léa, il était très doux et très attentionné.

Une des premières choses qu’il a dit, c’est "Combien de temps il va rester là bébé Léa ?

Les choses ont commencé à se gâter quand nous sommes rentrés à l’appartement. Une des premières choses qu’il a dit, c’est "Combien de temps il va rester là bébé Léa ?". Il s’est mis à faire des crises quand moi ou son papa avions Léa dans les bras. Dès qu’elle pleurait, il se plaignait : "Elle fait trop de bruit !" et la nuit, il se levait pour venir dans notre chambre en demandant à dormir avec nous, ce qu’il n’avait jamais fait avant. Il a recommencé à faire pipi dans sa culotte, à être difficile au niveau des repas etc. C’était vraiment pénible, d’autant que Léa ne dormait pas très bien. Il a fallu beaucoup discuter pour qu’il finisse par accepter la présence de Léa. Et encore aujourd’hui, il lui arrive de faire des crises de jalousie.

Mathieu est le papa de Jules, 6 ans et de Gaspard, 4 ans

On pensait que tout se passait bien. La grossesse avait été plutôt sereine et Jules semblait avoir bien compris qu’il allait devoir partager ses parents avec un petit frère. Au bout de quelques jours, nous avons remarqué des marques sur les mollets et sur les bras de Gaspard. Nous nous sommes rendus compte que Jules pinçait son petit frère ! Nous l’avons grondé, mais nous avons aussi pris le temps d’en parler avec lui.

Je suis l’aîné dans ma famille, et lui ai expliqué que pour moi aussi ça avait été dur quand sa tata et son tonton étaient arrivés

Il nous a dit que finalement, il ne voulait plus de petit frère. J’ai eu l’idée de lui parler de ma sœur et de mon frère qu’il adore. Je suis l’aîné dans ma famille, et lui ai expliqué que pour moi aussi ça avait été dur quand sa tata et son tonton étaient arrivés, mais qu’après j’avais été très content qu’ils soient là. Je lui ai montré des photos d’enfance où on jouait tous les trois et je lui ai dit qu’aujourd’hui, lui aussi était bien content d’avoir sa tata et son tonton et que plus tard quand il aurait des enfants, Gaspard serait leur tonton. Ça a été un déclic. Il n’arrêtait pas de dire à Gaspard "tu seras le tonton de mes enfants". Et ensuite, tout s’est beaucoup mieux passé. 

Les lieux d’accueil enfants parents (LAEP)

Un lieu d’accueil enfants parents (LAEP) est un lieu ludique de rencontres et d’échanges qui accueille de manière libre, gratuite, anonyme et sans pré-inscription les enfants de moins de 6 ans (dans certains Laep, les enfants ne sont accueillis que jusqu’à 4 ans), accompagnés d’un adulte référent comme le papa et la maman ou les grands-parents. Si les lieux d’accueil enfants-parents sont avant tout destinés aux parents, ils sont également accessibles aux futurs parents qui souhaiteraient rencontrer d’autres parents et se familiariser avec la parentalité. Vous serez accueillis par des professionnels ou des bénévoles formés au rôle d’accueillant.

L’école des parents et des éducateurs de Loire-Atlantique (Epe 44)

L’Epe propose des groupes de paroles et du soutien psychologique pour les parents et les futurs parents. 

Les pâtes au beurre

L’association accueille gratuitement et anonymement les parents en difficulté, avec ou sans leurs enfants, quel que soit l’âge de ces derniers, pour réfléchir avec des professionnels, psychologues ou psychomotriciens, dans une visée d’apaisement des relations familiales. Chaque parent peut venir seul ou en famille, évoquer ses questionnements, inquiétudes et ou difficultés liés à la parentalité.

Le Réseau des Parents Parfaitement Imparfaits (Res’PPI)

Res’PPI est un collectif d’accompagnement à la parentalité, composé exclusivement de parents bénévoles, tous engagés dans des initiatives parentales sur leur commune, leur quartier, ou leur village. Il est ouvert à tous les parents intéressés et motivés à agir pour une parentalité bienveillante et responsable, basée sur l’écoute,  l’entraide et l’échange entre pairs.

Podcasts :

• L’arrivée du deuxième enfant (France Bleu)
• Avoir un 2e enfant et l’équilibre qui vacille (la Matrescence)

Vidéos :

• Laurie : L’arrivée d’un second bébé (Bliss Girls)
• Comment préparer l’aîné à l’arrivée du deuxième enfant ? (La Maison des Maternelles)

Livres :

• Un amour de petite sœur, Astrid Desbordes et Pauline Martin (Albin Michel)
  On retrouve Archibald, le personnage de Mon Amour, dans le rôle de grand frère curieux mais dubitatif face à l’arrivée d’une petite sœur avec laquelle il va désormais devoir compter.
• Petit frère, petite sœur, mode d’emploi, Michaël Escoffier et Séverine Duchesne (Frimousse)
  Tout ce qu’il faut savoir pour s’occuper à merveille de son petit frère ou sa petite sœur. Telle une plante, bien l’arroser, lui parler, lui faire prendre l’air. Un guide pratique à l’usage de tous ceux à qui la vie vient de faire le plus beau et le plus envahissant des cadeaux.
• Et dedans, il y a..., Jeanne Ashbé (L’école des loisirs)
  Qu’y a t-il dans la valise ? Il suffit de l’ouvrir pour voir dedans. Qu’y a t-il dans le nounours ? Il vaut mieux ne pas l’ouvrir pour voir dedans. Et qu’y a t-il dans le ventre de maman ?
• Petite mangue, Charlotte Demanie et Justine Brax (Baobab jeunesse/ Gecko jeunesse)
  « Tu vas avoir une petite sœur », « tu vas avoir une petite sœur », telle est la rengaine des grandes personnes. Pas encore née que déjà envahissante ! Cette petite sœur n’est guère du goût du jeune garçon, protagoniste principal de l’album… Il se réfugie dans les branches d’un manguier et entreprend, jour après jour, une singulière conversation avec une mangue.
• Ma maman a besoin de moi, Claude et Denise Millet et Mildred Pitts Walter (Bayard)
  Chez Simon, une petite soeur vient d’arriver, et dans sa tête, une phrase tourne en boucle, douce et pesante à la fois : « Ma maman a besoin de moi. »

Sur le site Questions de parents : 

• Les disputes au sein de la fratrie
• Cultiver la confiance parents-enfants