Tous responsables de nos enfants
Les enfants, les adolescent·es, mais aussi les parents ont besoin de la bienveillance et de l’attention collective. La fatigue, l’épuisement ou une situation compliquée peuvent amener de la tension dans la famille et provoquer de l’inconfort pour les enfants. En tant que proche, ami·e, voisin, voisine ou simple témoin, il ne faut pas hésiter à tendre la main. Et si c’est chez vous que ça ne va pas, il ne faut pas hésiter à en parler. Il existe en Loire-Atlantique de nombreuses associations et structures qui peuvent vous aider à traverser les moments difficiles et vous accompagner pour favoriser le bien-être de vos enfants.
Dans ce dossier
- Sophie Marinopoulos, fondatrice de l’association Les Pâtes au beurre : "Prendre soin des uns des autres est une attitude indispensable"
- Le parrainage de proximité : une solution pour aider un enfant à grandir
- Information préoccupante : alerter, une obligation légale et un devoir citoyen
- Appeler le 119, le bon réflexe
Sophie Marinopoulos, fondatrice de l’association Les Pâtes au beurre : "Prendre soin des uns des autres est une attitude indispensable"
(Photo Nathalie Bourreau/Presse Océan)
Sophie Marinopoulos, psychologue, psychanalyste, spécialisée dans les questions de l’enfance et de la famille est la fondatrice des Pâtes au beurre. Depuis 20 ans, cette association accueille gratuitement et anonymement les parents en difficulté, avec ou sans leurs enfants, quel que soit l’âge de ces derniers, pour réfléchir avec des professionnels aux solutions à mettre en place pour apaiser les relations familiales.
En des temps de crise, faut-il, encore plus que d’habitude, prendre soin les uns des autres, des familles et plus particulièrement des enfants ?
Prendre soin des uns des autres est une attitude indispensable pour toute société pacifiée qui met son curseur sur la qualité de nos relations. « Vivre c’est vivre avec » et cette caractéristique est indissociable de notre condition humaine. En l’inscrivant dans nos besoins premiers, nous pouvons penser des politiques publiques capables d’anticiper les situations de crise, que celle-ci soit à l’échelle de l’individu, de la famille, de la société. Si les professionnels et professionnelles de l’ensemble du réseau Pâtes au Beurre se sont rendus disponibles tous les jours de la semaine et le samedi, c’est justement pour signifier aux parents que s’ils étaient confinés ils n’étaient pas seuls. Comme à notre habitude nous voulions être à leurs côtés, en cette période complexe. Encore plus aujourd’hui dans cette période déstabilisante les parents doivent pouvoir savoir qu’il y a des lieux où ils peuvent se confier et partager.
Si on connaît dans son entourage une famille en difficulté, comment peut-on faire pour l’aider ?
Cette attention naturelle à l’autre, permet de repérer si quelqu’un de son entourage est en difficulté. Elle peut alors s’assurer qu’elle ne reste pas sans aide. On peut se sentir en mesure d’aider si cela entre dans nos compétences. On peut également orienter vers des dispositifs existants. Le rôle d’un territoire est de rassembler les dispositifs pour les familles, de les soutenir et de les faire connaître pour permettre cette mise en réseau autour des familles. Ces pratiques reposent sur des valeurs de solidarité et d’entraide.
Comment est née l’idée de créer les Pâtes au beurre ? Quel en a été le moteur ?
J’ai fondé « Les Pâtes au Beurre » il y a 20 ans pour porter ses valeurs tout en souhaitant s’adapter aux familles contemporaines. Car les dispositifs en place à l’époque et qui sont toujours d’actualité se répartissent entre des lieux de prévention type LAEP qui reçoivent librement les enfants de 0 à 4 ans et leurs parents, et des lieux de soins préventifs ou curatifs tels les CMPP qui ont des listes d’attente de plus d’un an. Cette carence de présence immédiate et de présence auprès de tous les parents quel que soit l’âge de l’enfant et que le parent en ait la garde ou pas, manquait et manque encore aujourd’hui cruellement.
Le parrainage de proximité : une solution pour aider un enfant à grandir
Antoine a 35 ans et est enseignant. Depuis plus de deux ans, il parraine Cameron, un jeune garçon de 9 ans ½. Une rencontre qui a été possible grâce à l’association Parrains par mille qui propose aux enfants de 3 à 21 ans issus de familles monoparentales ou isolées, jeunes migrants, enfants et jeunes majeurs confiés à l’aide sociale à l’enfance de se faire accompagner par un parrain bénévole. Avec ce parrainage, le jeune peut découvrir une nouvelle culture, s’ouvrir au monde et développer ses connaissances. Ce parrainage réduit les inégalités sociales et favorise le vivre-ensemble.
Comment vous est venue l’envie de parrainer un ou une enfant ?
J’ai une petite nièce qui vit en Angleterre avec qui je m’entends très bien mais que je vois peu. J’avais envie de m’occuper d’un enfant de temps à autre, j’avais besoin de ce contact là. J’avais besoin de me sentir utile, et être le relais pour une mère isolée est un engagement assez raisonnable. Tout le monde est gagnant. J’apporte des choses à Cameron et il m’apporte des choses en retour.
Quelles démarches avez-vous entreprises ?
J’ai découvert l’association Parrains par mille en lisant un article dans un magazine. Au début de l’année 2018, j’ai pris contact avec l’association et je leur ai fait part de mon envie de parrainer un enfant. J’ai d’abord eu deux entretiens, un avec la présidente de l’association et l’autre avec une psychologue. Ensuite, j’ai attendu. On m’avait prévenu que les démarches pouvaient prendre du temps, notamment parce que Parrains par mille essaie de mettre en relation des personnes qui vivent dans le même voisinage. Mais cela a été relativement rapide et deux mois plus tard, on m’a mis en contact avec la maman de Cameron.
Comment s’est passée la première rencontre ?
J’ai rencontré la maman de Cameron, nous avons discuté de nos attentes respectives et nous sommes mis d’accord sur un fonctionnement. Dans un second temps, j’ai rencontré mon filleul. Nous avons fait connaissance en douceur et par étapes. Nous avons appris à nous connaître par le jeu. Nous avons joué au foot, au ping-pong et au mölkky. Il a fallu un peu de temps pour que Cameron se sente à l’aise et commence à parler et à échanger avec moi. Aujourd’hui je passe du temps avec Cameron un mercredi sur deux et sur des temps plus longs pendant les vacances. C’est assez souple, et quand sa maman en a besoin, il m’arrive de le garder un peu plus longtemps.
Et aujourd’hui ?
Après plus de 2 ans de relation, j’ai pu construire une vraie relation avec Cameron. Au fur et à mesure, je l’ai présenté à des membres de ma famille, à mes proches, à mon compagnon. Il passe aussi du temps avec ma nièce lorsqu’elle vient en France. Il est même devenu passionné de ping-pong et je suis allé le voir à une compétition.
Quelles relations avez-vous avez la maman de Cameron ?
Nous échangeons beaucoup avec la maman de mon filleul. C’est important de se caler sur son rythme à elle et pour Cameron, c’est très bénéfique de voir deux adultes travailler de concert et parler d’une seule voix, cela favorise l’intégration des règles de vie. En plus, cela permet aussi à la maman de Cameron de s’occuper plus tranquillement de sa fille, plus jeune.
Que pensez-vous apporter à Cameron ?
Cameron ne voit son père que très rarement et c’est aussi pour lui l’occasion d’avoir un référent masculin. Même si ce n’est pas au quotidien, je pense que c’est important pour sa construction. Dans les familles monoparentales où c’est la mère qui élève seule un ou plusieurs enfants, je pense que c’est important pour les enfants de pouvoir se référer à une figure masculine fiable. Cela redonne de la confiance.
Information préoccupante : alerter, une obligation légale et un devoir citoyen
Camille Le Corvaisier est responsable de la Cellule de recueil des informations préoccupantes (Crip) de Loire-Atlantique. La Crip reçoit les informations préoccupantes transmises par des professionnels·lles et des particuliers suite aux appels au 119, le numéro national dédié à la prévention et à la protection des enfants en danger ou en risque de l’être. Les professionnels et professionnels·lles qui y travaillent analysent ces informations et en fonction de la gravité de la situation, ils ou elles vont informer une équipe de travailleurs·euses sociaux·les chargée d’évaluer la situation et de proposer les solutions les plus adaptées à l’enfant et sa famille, soit informer le Parquet des mineurs en cas de danger immédiat.
Dans quelles situations faut-il s’inquiéter ?
Il existe plusieurs situations où l’on peut s’inquiéter pour un enfant de son entourage proche, ou de ses voisins, ou pour un·e amie·e de son enfant : des cris entendus, des comportements inadaptés, des traces de coup aperçues, un manque d’hygiène évident, des comportements inadaptés ou encore des propos inquiétants rapportés par votre propre enfant sur un copain d’école.
Que faire si l’on a un doute ?
Si vous avez un doute sur la situation d’un enfant, échanger avec la famille sur vos inquiétudes peut déjà être un premier pas. Le simple fait d’avoir quelqu’un qui vient vers vous pour demander si tout va bien et s’il y a besoin d’aide peut parfois suffire pour faire prendre conscience à la famille qu’elle a besoin d’aide ou pour vous rassurer. On peut aussi partager ses inquiétudes avec d’autres membres de la famille, d’autres voisins, l’école, etc.
Et si l’on ne peut pas échanger ou parler ?
En cas de doute sur une situation qui vous alerte, appelez le 119 « Allo enfance en danger ». Ce numéro national gratuit et anonyme vous permettra d’échanger avec des professionnels qui transmettront les informations à la Cellule de recueil des informations préoccupantes (Crip) de Loire-Atlantique. Lorsque vous appelez le 119, essayez autant que possible d’avoir un maximum d’informations sur la situation qui vous inquiète (nom de famille de l’enfant, adresse etc.). C’est important pour pouvoir intervenir rapidement. Bien entendu, si vous êtes témoin d’une situation extrêmement grave, il faut tout de suite composer le 17 et appeler la police. Alerter est une obligation légale, mais c’est avant tout un geste citoyen ! Tout le monde est concerné.
Que se passe-t-il lorsqu’on donne l’alerte
L’objectif est bien d’aider l’enfant et sa famille ! Une fois vos inquiétudes transmises, des professionnels de la protection de l’enfance prendront le relais afin d’évaluer la situation de la famille pour apporter la réponse la plus ajustée. Notre travail, c’est d’apporter du soutien aux familles. Différentes solutions peuvent être proposées : une aide à la vie quotidienne, un accompagnement médico-social, une aide éducative à domicile, ou encore tout simplement renvoyer vers des structures ou des associations de proximité qui peuvent accompagner les familles. Si la situation est vraiment grave ou urgente, nous pouvons aussi décider de saisir la justice.
Appeler le 119, le bon réflexe
Si vous êtes témoin d’une situation préoccupante, vous pouvez appeler le 119. Ce numéro national est dédié à la prévention et à la protection des enfants en danger ou en risque de l’être. Il est ouvert 24h/24, 7 jours/7, gratuit et anonyme.
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