Le sommeil de l’enfant
Le sommeil de votre enfant est un enjeu important, pour lui, comme pour vous. Nous vous proposons d’en apprendre un peu plus sur ses différentes phases, mais aussi les troubles qui peuvent survenir. Dans ce dossier, vous trouverez également des conseils pour mieux accompagner le sommeil, éviter l’épuisement et trouver le bon rythme, notamment au moment où il faut reprendre le chemin de l’école après la période particulière que nous venons de vivre.
Dans ce dossier
- Des parents témoignent de leur expérience avec le sommeil de leur enfant
- Rencontre avec la docteure Laurène Leclair-Visonneau, neurologue au Centre du sommeil du CHU de Nantes [podcast]
- Épisode 2 : Les endormissements chez les petits et les rythmes chez les enfants et les ados après le confinement [podcast]
- Épisode 3 : Les réponses à vos questions posées sur le groupe Facebook du site Questions de parents (terreurs nocturnes, sommeil des adolescents etc.) [podcast]
- Durée moyenne du sommeil par jour suivant l’âge [infographie]
- "Rassurer les parents", échange avec Caroline Decré, puéricultrice spécialiste du sommeil de l’enfant
Des parents témoignent de leur expérience avec le sommeil de leur enfant
Même dans une fratrie, d’un enfant à l’autre, le rapport au sommeil est différent
Matthias est papa de deux garçons de 8 et 6 ans. Il se souvient de son appréhension à l’arrivée du premier : "Je suis un gros dormeur, et j’avais très peur de ne pas tenir le rythme en étant réveillé plusieurs fois par nuit. Finalement, tout s’est très bien passé. Notre premier a rapidement fait ses nuits et avec ma compagne, nous avons trouvé un fonctionnement qui nous convenait à tous les deux.
"On s’est dit que si on faisait pareil qu’avec le premier, tout se passerait aussi bien".
C’est donc avec une certaine sérénité que nous avons accueilli notre deuxième enfant, même si tout le monde nous a bien dit qu’il n’y avait pas de règles. Nous on s’est dit que si on faisait pareil qu’avec le premier, tout se passerait aussi bien. Ça n’a pas été le cas. Non seulement il avait du mal à s’endormir, mais en plus il se réveillait très souvent. Et bien sûr, lorsqu’il se réveillait, il réveillait aussi son grand-frère. Nous passions nos nuits à essayer de rendormir chacun de nos garçons. Aujourd’hui, même s’ils sont plus grands, le plus jeune a des besoins et des habitudes de sommeil très différents de l’aîné. C’est un peu comme un trait de caractère."
Pas toujours évident de partager les rôles
Coralie, maman d’une fille de 7 ans : "Au tout début, dès que notre fille pleurait, je me levais. Même si mon conjoint se levait, je me levais aussi. Très vite, j’ai pris l’habitude de l’allaiter dès qu’elle se réveillait. Ça marchait bien. Ça a commencé à devenir problématique quand nous l’avons mise dans sa chambre. Malgré les protestations de mon conjoint, j’ai fini par installer un matelas dans sa chambre et dès qu’elle pleurait, je la collais contre mes seins.
"J’ai fini par installer un matelas dans sa chambre."
J’étais épuisée, mais j’avais l’impression que si je ne m’en occupais pas, cela faisait de moi une mauvaise mère. Cela a duré un certain temps et puis mon conjoint a fini par contacter la sage-femme qui avait suivi ma grossesse. Ensemble nous avons mis en place un fonctionnement qui permettait à mon conjoint de prendre le relais, mais ça n’a pas été simple."
La question du sommeil de l’enfant est aussi un enjeu de vie sociale
Anne et Jonathan sont les parents d’un garçon de 10 ans et d’une fille de 6 ans : "À la maison, dès la naissance du premier, nous avons fait très attention au rythme. Quand il a été un peu plus grand, nous avons pris l’habitude de bien cadrer et ritualiser l’endormissement. Un petit temps calme après le dîner et au lit à heure fixe.", détaille Anne. "Mais tout cela a volé en éclats lorsque nous avons commencé à refaire des soirées et des week-ends avec des amis, se souvient Jonathan. Tout le monde n’avait pas la même conception que nous.
"Tout cela a volé en éclats lorsque nous avons commencé à refaire des soirées et des week-ends avec des amis."
Certains laissaient traîner leurs enfants un peu plus tard, ou allaient dans la chambre toutes les 5 minutes et réveillaient tous les enfants..." "Certains avaient pris l’habitude de laisser la porte entrouverte, d’autres d’allumer une veilleuse, d’autres encore finissaient par revenir dans le salon avec leur enfant...", continue Jonathan. "Cela a été un sujet de tensions et parfois même d’engueulades, qui surgissent d’autant plus facilement quand tout le monde est fatigué", raconte Anne. Les jeunes parents ont fini par crever l’abcès. "On en avait marre de passer pour les rabat-joie de service", rapporte Jonathan, et on ne voulait pas se priver de vie sociale. Nous en avons discuté avec nos amis et nous avons mis en place des règles communes, qui différaient un peu de celles de la maison, pour que tout le monde y trouve son compte."
Rencontre avec la docteure Laurène Leclair-Visonneau, neurologue au Centre du sommeil du CHU de Nantes [podcast]
Nous sommes allés à la rencontre de la docteure Laurène Leclair-Visonneau, neurologue au Centre du sommeil du CHU de Nantes et nous l’avons interviewée pour vous.
- Dans le 1er épisode, elle nous explique les différentes phases de sommeil et nous parle des troubles et maladies du sommeil les plus fréquents.
- Dans le 2e épisode, la docteure revient sur les endormissements chez les plus petits et les rythmes chez les enfants et les ados, notamment après la période bousculée du confinement et au moment de reprendre le chemin de l’école.
- Enfin, dans le 3e épisode, elle répond aux questions que vous lui avez posées via notre groupe Facebook, notamment à propos des terreurs nocturnes, des premières nuits d’un nouveau-né ou encore du sommeil des adolescents.
Épisode 1 : Les phases, les troubles et les pathologies du sommeil [podcast]
Épisode 2 : Les endormissements chez les petits et les rythmes chez les enfants et les ados après le confinement [podcast]
Épisode 3 : Les réponses à vos questions posées sur le groupe Facebook du site Questions de parents (terreurs nocturnes, sommeil des adolescents etc.) [podcast]
Durée moyenne du sommeil par jour suivant l’âge [infographie]
Combien d’heures dort-on en moyenne par jour ? Découvrez la réponse en image :
"Rassurer les parents", échange avec Caroline Decré, puéricultrice spécialiste du sommeil de l’enfant
Caroline Decré est puéricultrice, spécialiste du sommeil de l’enfant.
Vous recevez beaucoup de parents en consultation, quelles sont leurs principales préoccupations concernant le sommeil de leur enfant ?
Les motifs de consultation sont variés mais leur point de départ est essentiellement l’épuisement des parents. Les principales demandes des parents sont liées à l’âge de leur enfant. La liste n’est pas exhaustive et chaque situation a ses propres enjeux :
- Chez les tout-petits (3 mois à 1 an), je vois beaucoup d’enfants qui ont du mal à s’apaiser, qui pleurent énormément en journée ou la nuit, qui font peu de siestes ou qui n’arrivent pas à enchaîner les cycles de sommeil. Je vois également des bébés qui ne s’endorment que dans les bras, au sein, en voiture ou en poussette et cela durant plusieurs mois sans réussir à apprivoiser leur lit. J’accompagne aussi des mamans allaitantes dont le bébé reste accroché au sein toute la nuit sans réussir à dormir paisiblement.
- Chez les plus grands (1 an à 3 ans), on me consulte généralement sur les grandes acquisitions motrices, les premières peurs, et la recherche d’autonomie qui génèrent des bouleversements dans le sommeil des enfants. Certains enfants se réveillent encore toutes les heures et peuvent vivre des insomnies de plusieurs heures. D’autres ont besoin d’être bercés, ou collés à leurs parents pour s’endormir ou se rendormir en pleine nuit. Vers deux ans, beaucoup d’enfants sortent plusieurs fois de leurs lits le soir, ce qui amène les parents à l’épuisement. Dans certains cas, c’est l’absence de sieste qui devient problématique car l’enfant semble en avoir besoin mais lutte pour ne pas dormir.
- Chez les plus de 3 ans, c’est souvent la question des endormissements qui pose problème le soir : le stress des journées d’école, certaines peurs, le besoin de garder papa ou maman un peu plus longtemps le soir près d’eux... Certains enfants ne parviennent pas à dormir toute la nuit dans leur lit et finissent dans le lit de leurs parents. D’autres sont sujets aux terreurs nocturnes, cauchemars, pipis au lit etc.
Pour des parents qui s’inquiètent d’éventuels troubles du sommeil de leur enfant, que peut-on leur dire pour les rassurer ?
Pour moi, il est important de ne pas parler de troubles mais de difficultés passagères. Le sommeil d’un enfant est par définition immature. Il y a toujours quelque chose qui vient déranger le sommeil les premières années : poussées dentaires, phases d’acquisitions (marche, langage), premières maladies saisonnières, changements de rythmes liés aux débuts chez la nounou, les vacances, les peurs, l’angoisse de séparation.
"Le sommeil d’un enfant est par définition immature".
Lorsque les parents observent une absence d’évolution ou une régression dans le sommeil de leur enfant, il est important de commencer par évaluer la situation avec un professionnel ou une professionnelle de confiance (médecin traitant, pédiatre, ou autre) qui pourra apporter une écoute précieuse. Il est nécessaire de déculpabiliser les parents. Beaucoup de conseils sont donnés autour du sommeil et il y a de quoi s’y perdre. Certains entendront qu’ils ne laissent pas assez pleurer, ou que leur enfant ne dort pas à cause de l’allaitement, etc. c’est absolument faux ! Si un enfant ne dort pas, cela peut être dû à de multiples facteurs qu’il est important d’explorer avec un professionnel ou une professionnelle.
"Il est nécessaire de déculpabiliser les parents".
Je pense que le plus important est que les parents puissent se faire confiance et écouter leur instinct. Il ne faut pas hésiter à parler avec son enfant. Et puis, si vraiment on n’y arrive pas, il faut demander de l’aide. Ne pas dormir est une vraie torture, et c’est parfois l’épuisement des parents qui est à prendre en compte en urgence plus que la dette de sommeil de l’enfant. Car rares sont les enfants qui souffrent réellement d’une dette de sommeil avec des conséquences sur leur développement.
Sur votre site, vous évoquez l’idée qu’il n’y a pas forcément de "méthode" type pour favoriser le sommeil d’un enfant, Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
En effet, je suis contre les méthodes toutes faites que l’on peut voir ou entendre au sujet du sommeil des enfants (laisser pleurer, 5/10/15 ou autre). Les difficultés de sommeil sont des symptômes qui parlent pour l’enfant. On ne peut absolument pas accompagner un enfant à mieux dormir sans d’abord explorer son histoire, son développement psychomoteur, sa croissance, son alimentation, son comportement au quotidien, etc. C’est un travail d’équipe avec les parents et l’enfant.
Pourriez-vous donner quelques conseils aux parents qui rencontrent des difficultés avec le sommeil de leur enfant ?
Je pense qu’en premier lieu, il est important d’écarter une cause médicale en allant consulter le médecin ou pédiatre de l’enfant. Ensuite, devant un enfant qui présente des difficultés de sommeil, les parents peuvent répondre à quelques questions pour évaluer si le moment est venu d’aller vers des changements :
- La cause de départ a-t-elle été identifiée ou traitée ?
- Votre enfant est-il en bonne santé actuellement ?
- Est-ce que ces difficultés durent depuis plus de 3 mois ?
- Votre enfant réussit-il à bien dormir chez sa nounou ? À la crèche ? Chez ses grands-parents ?
- Avez-vous le sentiment que l’endormir est de plus en plus long et compliqué ?
- Votre enfant se réveille-t-il de plus en plus la nuit ?
- Avez-vous envie d’aller vers du changement pour le sommeil de votre enfant ?
- Vous sentez-vous parfois en colère face à votre enfant qui ne dort pas ?
Si vous avez répondu oui a au moins 4 de ces 8 questions, vous pouvez accompagner votre enfant vers de nouvelles habitudes de sommeil. Une fois ce constat établi, les parents pourront clarifier ce qu’ils souhaitent faire évoluer et ce qu’ils souhaitent ne pas changer. Si les parents ont déjà fait ce travail de clarification, cela sera plus simple pour l’enfant de le comprendre.
Vous souhaitez échanger avec d’autres parents ?
Rejoignez la communauté des parents de Loire-Atlantique sur facebook