Votre enfant doit-il avoir un animal de compagnie ?

Vous avez déjà un animal chez vous ? Vous envisagez d’en adopter un ? Ou vous vous apprêtez à céder devant les réclamations insistantes de votre enfant ? Un animal de compagnie peut apporter beaucoup à un enfant et à une famille. Mais c’est aussi une contrainte supplémentaire. Dans ce dossier nous allons à la rencontre d’Aurélie, intervenante en médiation par l’animal auprès des enfants et des familles. Vous trouverez également des témoignages de parents et des conseils sur les règles à respecter pour que la cohabitation enfant-animal se passe bien.

Que peut apporter un animal à l’enfant et à sa famille ?

Aurélie Vinceneux, thérapeute formée à la médiation animale est la fondatrice de Cœur d’Artichien, une association qui accompagne notamment les familles et les enfants grâce à la médiation animale. Elle travaille entre autres avec le CHU de Nantes et les éducateurs de la protection de l’enfance.

Les animaux sont-ils formés à intervenir auprès d’un certain public ?

Les chiens oui, le chinchilla, c’est plus compliqué ! Le chien est l’animal avec qui nous intervenons le plus. Les chiens médiateurs sont formés par un maître chien spécialisé et sont évalués afin de s’assurer qu’ils puissent intervenir auprès du public visé. Par exemple, on les habitue aux odeurs hospitalières, à ne pas être excités par l’odeur d’urine, on leur apprend aussi à avoir des réactions plus souples quand ils ont peur, notamment de diminuer le risque de morsures.

Quel est l’avantage en tant que professionnelle, de travailler avec un animal ?

L’avantage de travailler avec des animaux, c’est qu’ils permettent à la parole de se libérer plus facilement. C’est une relation sans filtre, dépourvue d’enjeux éducatifs et sociétaux. L’animal est un véritable allié pour le ou la thérapeute. En tant que psy, si je dois rencontrer un jeune qui a des difficultés et que je suis avec un chien, c’est le chien qui commence la relation avec le jeune. Finalement, c’est le chien que le jeune vient voir et pas la psy. Ça instaure une relation de confiance et le jeune va commencer à s’ouvrir. Dans le cas d’un travail avec une famille, le chien est là en soutien à l’enfant. Grâce à la complicité qu’ils ont pu nouer, l’enfant est rassuré. Ça évite aux émotions de déborder. L’enfant va également pouvoir montrer à sa famille ce qu’il sait faire avec le chien.

Vous travaillez avec d’autres animaux que les chiens ?

Avec les jeunes enfants, je travaille souvent avec les chinchillas, notamment au CHU de Nantes. D’une part c’est un animal extrêmement doux au touché, mais qui, en plus, est en couple avec une seule femelle et qui élève un seul bébé par an. C’est un bon exemple pour parler de la famille aux enfants.

Est-ce que vous conseillez aux parents de prendre un animal de compagnie pour leur enfant ?

C’est très bien pour les enfants d’avoir un animal de compagnie. Cela développe leur empathie et les aide à devenir responsables. C’est également une très bonne préparation au vieillissement, à la maladie et au deuil. Mais avoir un animal de compagnie demande une grande disponibilité. Pour moi, ce n’est pas une question qui se pose à hauteur d’enfant ; c’est une vraie question d’adulte.

Chien ou poisson rouge, comment ça se passe chez les autres ?

Julia habite à Nantes. Elle a un fils de 5 ans.

Lorsque notre fils a eu 5 ans, il s’est mis à nous réclamer un chien. Franchement, nous, ça ne nous tentait pas du tout. Nous avions déjà bien assez à faire comme ça. Nous avons donc décidé de lui acheter un poisson rouge en lui expliquant que c’était pour qu’il apprenne et se rende compte à quel point un animal, même tout petit, il faut s’en occuper. "Sapristi" est donc arrivé dans notre vie. Le contrat avec notre fils, c’était qu’il lui donne à manger et qu’il surveille l’état de l’eau de l’aquarium. Les premières semaines, il a été très attentif. En rentrant de l’école, il courrait voir "Sapristi" et tous les jours, il lui donnait à manger. Nous avons dû nous renseigner sur les poissons rouges, parce que notre fils posait plein de questions : "est-ce qu’il va grossir, est-ce que c’est un garçon ou un fille, de quelle mer il vient etc.". Comme ça se passait bien, "Sapristi" a eu droit à un aquarium un peu plus grand et à la compagnie d’un deuxième poisson rouge : "Mikado". L’enthousiasme de notre fils persistait. Il passait des heures à regarder les deux poissons, à leur parler, à leur imaginer des aventures. Et puis, petit à petit, il a arrêté de s’y intéresser.

En en parlant, nous nous sommes rendus compte que nous n’avions jamais abordé la question de la mort avec notre fils.

C’était à nous de penser à nourrir les poissons et à nous de laver l’aquarium. Un jour lorsque je suis rentré du travail, "Mikado" flottait sur le dos. J’ai appelé mon conjoint pour qu’on décide de la marche à suivre. Nous avions deux options : remplacer "Mikado" et faire comme si de rien était, ou retrousser nos manches et annoncer son décès à notre fils. Nous avons opté pour la deuxième option. Nous avons été très surpris par sa réaction. Il a seulement dit "Ah bon ?", il s’est approché de l’aquarium et a dit "Tu vas t’ennuyer "Sapristi" maintenant". Ce n’est que plusieurs jours plus tard qu’il a commencé à nous poser des questions : "Comment Mikado est mort ? ", "Est-ce qu’il a eu mal ?" etc. Nous lui avons expliqué que "Mikado" était sans doute soit très très vieux, soit très très malade. En en parlant, nous nous sommes rendus compte que nous n’avions jamais abordé la question de la mort avec notre fils. C’est la première fois que nous y étions confrontés.

Karine habite à Vallet. Elle est la maman d’un garçon de 9 ans et d’une fille de 11 ans.

La chienne de notre voisin a eu des bébés. Forcément, les enfants ont voulu aller les voir. Ils sont devenus complétement accros. Dès qu’ils avaient un moment de libre, ils filaient chez le voisin pour voir les chiots. Ils étaient très curieux. "Comment ils mangent ?", "Est-ce que leur maman reste tout le temps avec eux ?", "ou est le papa " ? "Mais toi, tu t’es occupée de nous comme ça, tout le temps ?" Nous étions plutôt contents, parce que ça nous a permis d’aborder tout un tas de choses, notamment que quand on a des bébés, ça prend beaucoup de temps et il faut s’en occuper ! Ils étaient très attentifs et très prévenants avec les chiots. Et forcément, au bout d’un moment, ils en ont voulu un. Nous avons d’abord dit non. Et puis, nous avons fini par céder, en nous disant que ça allait les responsabiliser un peu, mais aussi leur faire un truc à faire tous les deux, entre frère et sœur. Nous avons donc adopté "Pirouette", qui est venue vivre chez nous.

Je trouve que ça les a aidé à grandir et à murir sur plein de sujets

Ça nous a obligé à bousculer un peu nos habitudes, mais les enfants ont été supers. Ils se battaient presque pour nettoyer quand pirouette faisait pipi par terre. Nous avons dû mettre quelques règles en place pour que "Pirouette" ne prenne pas l’habitude de dormir dans leur chambre. Ça a vraiment été l’occasion de leur apprendre plein de choses, par exemple, sur  l’hygiène, sur l’alimentation, mais aussi sur l’éducation. Aujourd’hui, "Pirouette" a trois ans. Elle fait vraiment partie de la famille. Le fait que ce soit une contrainte parfois, notamment pour les vacances ou pour aller la promener même quand il ne fait pas beau ou juste quand on n’a pas envie, est vraiment bien intégré par les enfants. Je trouve que ça les a aidé à grandir et à murir sur plein de sujets. 

Quelles sont les règles d’hygiène et de sécurité à respecter ?

Des règles de base

Les enfants n’ont pas forcément les codes pour interagir avec les animaux. Ils peuvent avoir des gestes brusques ou des comportements de jeu qui vont faire réagir les animaux. De leur côté, les animaux, même ceux qui sont dressés et qui n’ont jamais mordu personne, peuvent avoir des réactions inattendues et parfois brutales. Dans un article intitulé Côtoyer un animal de compagnie en toute sécurité, le site Naître et grandir vous propose de découvrir quelques règles de base à adopter pour que tout se passe bien entre votre enfant et les animaux :

  • Ne laissez jamais votre enfant seul avec un animal.
  • Fermez la porte de la chambre où dort votre bébé et interdisez qu’un animal reste seul avec lui.
  • Ne permettez pas à votre tout-petit de dormir avec un animal.
  • N’acceptez pas que votre enfant ait des comportements déplacés ou des gestes brusques envers un animal (ex. : lui tirer la queue ou les oreilles, le frapper ou grimper sur lui, etc.).
  • Apprenez à votre tout-petit à respecter les animaux, par exemple lorsqu’ils mangent ou veulent être tranquilles. Il est important que votre enfant comprenne qu’un animal n’est pas un jouet et qu’il n’a pas toujours envie de jouer.
  • Sachez décoder le langage des chiens afin d’enseigner à votre enfant les signes indiquant qu’un chien ne se sent pas bien et donc qu’il pourrait mordre (ex. : la posture, la position des oreilles, le mouvement de la queue, etc.). Pour connaître ces signes, consultez Les signes préventifs.

Comment prévenir la transmission de ses parasites et de ses maladies?

  • Enseignez à votre enfant à ne pas embrasser les animaux et à ne pas les laisser lécher son visage ou ses égratignures.
  • Apprenez à votre enfant à toujours se laver les mains après avoir joué avec un animal.
  • Assurez-vous que la litière, l’aquarium ou la cage de votre animal est toujours propre. Il est important d’éliminer rapidement de façon appropriée les excréments des animaux.
  • Couvrez les bacs à sable extérieurs d’une bâche ou d’un couvercle quand ils ne sont pas utilisés pour éviter qu’ils deviennent la litière des chats du quartier. Il est aussi recommandé de régulièrement nettoyer le sable qu’ils contiennent.
  • Évitez de nourrir votre animal à base de nourriture crue si vous avez de jeunes enfants. Ce type de nourriture peut contenir des agents pathogènes pouvant se transmettre aux humains par les selles ou le léchage (comme les bactéries E. coli, Salmonella et Campylobacter).

Asthme et allergies

Les allergies aux animaux sont très répandues. Certains enfants développent d’ailleurs très rapidement une sensibilité lorsqu’ils sont en présence de poils ou de plumes d’animaux, alors que pour d’autres l’allergie peut prendre des années avant de survenir. Par exemple, un enfant peut vivre pendant quelques années avec un chat sans problème et développer une allergie par la suite. Ce délai dépend du type d’animal et de la sensibilité de l’enfant. 

En cas de morsure ou de griffure : les conseils de la Protection maternelle et infantile (PMI)

Voici les conseils de la PMI de Loire-Atlantique en cas de griffure ou de morsure d’animal :

  • Laver à l’eau et savon puis rincer abondamment et appliquer une solution antiseptique
  • Pour les morsures, le risque infectieux est important. Il faut surveille la plaie les jours suivants .
  • S’assurer que l’enfant ou l’adulte est à jour de ses vaccinations.
  • S’assurer que le chien ou le chat soient vaccinés contre la rage.
  • Vigilance particulière pour les morsures dans les pays étrangers.

Des lieux ressources

La Société protectrice des animaux (SPA)

La SPA propose plusieurs animaux à l’adoption. C’est une adoption très encadrée, avec la signature d’un certificat d’engagement. La SPA propose également des conseils sur l’adoption d’un chien ou d’un chat. Elle peut aussi accueillir des jeunes en stage.

Elle dispose de plusieurs refuges et antennes en Loire-Atlantique.

Quelques contacts de médiation par l’animal en Loire-Atlantique

En plus de la médiation, certaines associations proposent également des cours d’éducation animale pour apprendre à mieux vivre au quotidien avec votre animal.

Focus sur

Le Pied à l’étrier, la médiation par le cheval
Les équipes de l’aide éducative à domicile et l’espace départemental des solidarités des Dervallières ont lancé "le pied à l’étrier" : un projet innovant permettant à des parents et des enfants de renouer leurs liens à travers une activité équestre 

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