Comment réagir face aux pleurs d’un bébé ?

Femme qui se couvre le visage car elle supporte difficilement les pleurs du bébé à côté d’elle.

Les pleurs de bébé peuvent être source d’inquiétude et d’épuisement pour les parents. Comment les comprendre et y réagir ?
Dans ce dossier, Marine Guilbaud, infirmière puéricultrice, partage son expertise et deux mamans racontent leur expérience. 

Pleurs : mais que cherche à me dire mon bébé ?

Marine Guilbaud est infirmière puéricultrice depuis plus de 10 ans. Elle exerce actuellement à la PMI de Bouguenais où elle accompagne les parents. Elle enseigne aussi à l’IFIS (Institut de Formation des Infirmiers Spécialisés) et à la Faculté de Médecine de Nantes sur la thématique des pleurs de l’enfant de 0 à 3 ans.


Pourquoi un bébé pleure-t-il ? 

Les pleurs, pour le bébé, c’est une manière de s’exprimer. Ils peuvent signifier plusieurs choses : quand ils sont petits, c’est principalement l’expression d’un besoin (faim, soif, sommeil, envie de contact/de réassurance, etc.). 

Est-ce toujours la source d’un inconfort ? 

Cela peut être l’expression d’une gêne, de quelque chose qui le dérange : trop chaud, trop froid, mauvaise posture ou stress. Chez les bébés de 0 à 6 mois, ce n’est pas tant la façon d’exprimer un inconfort que de signaler un besoin. Parfois, cela peut aussi être un moyen de relâcher une tension corporelle.

Quand s’inquiéter ? 

Statistiquement, on considère que dans 95 % des cas, quand le bébé pleure, c’est pour exprimer un besoin. Il ne resterait donc que 5 % de situations où cela peut relever d’une pathologie médicale : même si ça arrive, cela reste minime. 
Rappelons-le : à la base, si le bébé pleure, c’est pour générer une réaction chez le parent. C’est un réflexe de survie pour ne pas qu’on l’oublie. Les pleurs sont donc un moyen de communiquer avec le monde extérieur, au même titre que les sens comme le toucher, la vue, l’ouïe ou l’odorat. Alors, selon l’âge de son bébé et le niveau de son développement, les pleurs peuvent avoir des sens différents. Mais, la parentalité c’est une rencontre : vous apprenez à connaître votre bébé au fil des semaines et vous le décodez de mieux en mieux. Je le vois au quotidien : les parents sont plus inquiets dans les premières semaines et s’apaisent d’eux-mêmes ensuite. Ils peuvent s’autoriser à se laisser du temps pour apprendre à connaître leur bébé et construire le lien d’attachement avec lui. Avec votre bébé c’est une nouvelle rencontre, faites-vous confiance.
Et puis pour votre bébé aussi, il y a besoin d’un temps d’adaptation : c’est un gros choc de passer du confort du ventre de la maman à un nouvel environnement. Ça prend du temps, parfois plus que l’on voudrait ou que l’on espère. 

Que faire lorsqu’on se sent à bout de nerfs ?

Prendre le temps de souffler, déjà. Et de prendre un peu de recul. Souvent, lors de la grossesse, ou en discutant avec les autres, on a tendance à idéaliser la parentalité et ce n’est pas forcément simple de se retrouver face au décalage de la réalité. Mais pas de panique : c’est normal. Beaucoup de parents ne s’attendent pas à ce que leur enfant « pleure autant », même s’ils pensent s’y être préparés. Il n’y a aucune honte à se sentir dépassé ou épuisé, surtout quand on est en phase d’adaptation et de réajustement. 
Ensuite, demander du relai : c’est totalement OK ! Si ce n’est pas possible sur l’instant, on peut essayer de trouver seul (ou avec l’aide d’un professionnel) des petites astuces de gestion des pleurs. Beaucoup de parents ne s’autorisent pas à le dire… mais il faut déconstruire cela : être parent, ce n’est pas tout beau tout rose. D’ailleurs, si vous ne pouvez pas trouver de relais dans votre entourage ou que vous êtes isolés, il existe des services pour cela. Je pense par exemple à la CAF qui propose des aides à domicile après la naissance. 
Lorsqu’une cause médicale est écartée, oui en effet un bébé pleure et c’est normal. Mais cela ne doit pas s’arrêter là, il est important de soutenir le parent dans les moments d’épuisement et pouvoir les rassurer. Il n’y a rien de plus difficile pour eux que de ne pas être entendus.

Si vous n’en pouvez vraiment plus, n’hésitez pas à poser votre bébé, sur le dos, dans son lit (en pyjama ou turbulette), en sécurité, et à quitter la pièce quelques instants. Autorisez-vous à vous couper du bruit pour avoir un moment de pause. Mieux vaut prendre un peu de distance que de risquer d’avoir un geste dangereux.

Quelques conseils sur la posture à adopter :

  • Essayer d’apporter une réponse aux pleurs dès qu’on le peut : de 0 à 6 mois, le bébé n’a pas encore le développement cérébral nécessaire pour arriver à différer ses besoins. Il n’est donc pas capable de comprendre les contraintes ou de faire preuve de patience. 
  • Accueillir le pleur : plutôt que de le vivre comme une contrainte ou une sorte de reproche de la part de son bébé, il faut essayer de se rappeler que c’est sa façon de se faire entendre. Bien sûr, cela n’est pas pour autant toujours facile, et il y a souvent, selon les âges, des pics de pleurs plus ou moins prononcés… en grandissant le bébé gagne en énergie et, parfois, en « vocalises » ! 
  • Se préserver : votre état de santé, notamment mentale, est tout aussi important que celui de votre enfant. C’est ok de se sentir parfois dépassé, il faut écouter son corps et son besoin de repos sans culpabiliser. 
  • Chercher une aide extérieure si on en ressent le besoin : de nombreux professionnels sont là pour vous accompagner, notamment à la PMI. Médicales ou non, il est possible de mettre en place des petites solutions/astuces/techniques pour vous apaiser, vous et votre enfant. Nous sommes d’ailleurs aussi là pour vous rassurer.
  • Échanger sur son expérience sans pour autant la comparer : face aux pleurs, nous ne sommes pas tous égaux. Certains bébés sont des « petits chats », d’autres des « ténors ». Le volume et la fréquence des pleurs peuvent différer sans pour autant indiquer un quelconque problème. Il y a autant de bébés qu’il y a de parents et donc pas de « normalité » (notamment au sein d’une même fratrie). Si vous faites de votre mieux, c’est déjà très bien.
  • Formuler vos besoins : envie d’être entouré ou d’avoir de l’espace, n’hésitez pas à faire part de ce qui vous convient à votre entourage. Si l’on préconise de ne pas trop s’isoler, il ne faut pas pour autant se forcer à accueillir du monde ou sortir avec son nourrisson si on ne se sent pas prêt. 

D’une injonction à l’autre ?

Par le passé, on a souvent pu entendre qu’« il faut laisser pleurer l’enfant, il va s’autoréguler » ou recevoir des conseils non sollicités : « Arrête de le porter, il va être capricieux ». Maintenant, avec des courants d’éducation positive, on a plus tendance à prôner la réaction rapide et la douceur. Au-delà d’un écart générationnel, cela souligne le fait que la gestion de la parentalité est aussi une science en mouvement : vous êtes libre de tester, évaluer, adapter ce qui marche avec votre enfant en vous faisant confiance.
En effet, s’il est recommandé, surtout avant 6 mois, d’être réactif face aux pleurs, cela ne doit pas se faire au détriment de votre santé. Il y a d’ailleurs, plein de façons de réagir autres que le portage – réassurance par la voix, par le toucher, etc. – qui évolueront au fur et à mesure du développement de votre bébé. C’est normal de parfois douter ou d’avoir peur : cela fait partie de l’adaptation.

Pas besoin d’être le père parfait ou la mère parfaite : l’idée est de trouver la posture qui vous convient et convient à votre enfant et cela passe par l’écoute. Gardez en tête qu’en effet, plein de gens sont passés par là avant vous, mais que leur expérience n’est pas universelle et, très souvent, enjolivée par le temps.

Deux témoignages de parents

Emma, maman de 2 enfants de 6 et 2 ans, vivant à Nantes

Un bébé, ça pleure

Dès ses premières semaines de vie, mon fils pleurait énormément. Lorsque j’en parlais autour de moi, on me disait « Mais c’est normal, un bébé, ça pleure ! ». On me répétait beaucoup que c’était normal, que je m’en faisais trop, pourtant moi, je n’en avais pas l’impression… Alors je me suis mise à tout noter : les heures de sommeil, de pleurs, de repas. Je voulais pouvoir prouver. On me répondait : « Il a des reflux, c’est normal, ça va passer ! ».
Les traitements ne marchaient pas, c’était même pire. On me culpabilisait beaucoup, mettant en cause mon allaitement ou un potentiel stress. Sauf que je n’étais pas stressée : j’étais épuisée ! J’en étais arrivée à un stade où je le portais en permanence, et j’écoutais de la musique au casque pour nous apaiser.

Une pédiatre m’a rassurée « Je faisais tout bien »

Finalement, une ostéopathe m’a confirmé que le problème venait probablement de sa digestion et m’a orientée vers une super pédiatre. Enfin, on m’a rassurée : je faisais « tout bien » en le portant à la verticale et en surveillant mon alimentation. Mon fils était simplement allergique au lait de vache et avait besoin d’un lait spécial. De là, ça a été comme le jour et la nuit !
De cette expérience, j’ai retenu qu’il fallait faire attention à soi et ne pas hésiter à demander quand on a besoin de relais. Ne pas dormir, c’est le début d’une réaction en chaîne qui peut vous faire perdre pied. Heureusement, cette expérience nous a soudés : j’avais l’impression que c’était nous contre le monde, je voulais absolument le soulager. Je le savais : il y avait quelque chose qui clochait ! Il faut se faire confiance en tant que parent.
Après mon fils, j’ai eu une fille ; et j’ai dû faire le chemin inverse : apprendre à ne pas plaquer cette première expérience sur la situation, que chaque bébé est différent, pour ne pas être dans l’hypervigilance.

Marianne, maman de 2 enfants de 22 et 24 ans, vivant à Pont-Château 

« De quoi tu te plains ? »

Pour mon premier fils, il y a eu un temps d’adaptation face aux pleurs et aux coliques, mais la situation s’est rapidement améliorée. C’était un bébé plutôt cool, qui a fait ses nuits à 4 mois environ… Ce qui correspondait à peu près avec ma reprise du travail : une bouffée de « retour à la normale ». Je me rappelle qu’autour d’un café une collègue m’a dit « Mais de quoi tu te plains ? Tu as un bébé en bonne santé, qui ne pleure pas tant que ça. » Ça m’a donné l’impression que, finalement, les pleurs d’un bébé, ce n’était pas vraiment un sujet.
Deux ans plus tard, par contre, pour la naissance du second, ça a été vraiment différent. Dès l’accouchement, je redoutais un peu les pleurs et les réveils nocturnes, pour lesquels on n’est jamais parfaitement préparés. Alors, j’ai tout de suite fait attention à bien le prendre dans mes bras, à l’allaiter.

Je l’ai mis dans une autre pièce et j’ai mis des boules quiès.

Ayant pris un congé parental, le contexte était bien différent. Je me suis retrouvée seule en journée avec mes deux enfants quand mon mari a repris le travail… avec un bébé aux pleurs de plus en plus fréquents ; inconsolables. Impossible de l’endormir, il était en hypervigilance. Il dormait une vingtaine de minutes avant de sursauter et de se remettre à pleurer. Ce n’était pas comme avec mon ainé : on arrivait pas à trouver de stratagèmes d’endormissement. 
J’étais en tel manque de sommeil qu’une fois, je l’ai mis dans une autre pièce et j’ai mis des boules quiès. Juste pour pouvoir dormir un peu. Et je m’en suis énormément voulu, 45 minutes plus tard, quand je me suis rendu compte qu’il pleurait toujours. 
Quand j’en ai parlé au pédiatre, il a émis l’hypothèse d’une intolérance au lactose contenu dans le lait maternel. J’ai donc arrêté d’allaiter, par dépit, du jour au lendemain. Ça n’a pas changé grand chose. Quand j’allais dans les lieux ressources, mon bébé était calme et en bonne santé : difficile de déceler l’ampleur du problème.
Le déclic qui m’a poussée à me tourner vers d’autres professionnels est arrivé autour de ses 6 mois. Je l’ai posé quelques minutes pour m’occuper de son frère, il s’est mis à hurler de toutes ses forces. J’ai vu ma main se lever. Heureusement, je me suis arrêtée juste à temps. La prise de conscience. C’était impossible, je ne voulais pas lui faire de mal !

Il n’y a pas de parent parfait, juste des parents suffisamment bons.

Le jour même, j’ai appelé un service qui accompagne les mamans en souffrance. On a tout de suite mesuré ma détresse et j’ai rencontré le pédopsychiatre le lendemain. Et pendant une heure, mon fils n’a pas fait le moindre bruit, il était même souriant. Le médecin m’a fait remarquer que je disais beaucoup « il… il… il », que je rendais mon enfant responsable, que je me sentais tyrannisée… alors que c’était un bébé, pas un adulte. 
J’ai pris conscience de l’ampleur du problème. J’allais mal. Et mon enfant sentait ma détresse. J’ai été hospitalisée deux semaines pour me reposer et réapprendre à communiquer avec mon bébé, comprendre ce qui s’était joué.
J’ai appris à identifier de manière plus précise les besoins de mon enfant et à mettre de la distance, à sécuriser autrement que par les bras (notamment par la voix).

On idéalise l’arrivée du bébé et on a peu de témoignages réalistes autour de nous…

On met souvent en scène la maternité comme quelque chose de formidable. Avec le désir d’enfant, on idéalise souvent l’arrivée du bébé… Et on a pas forcément de témoignages réalistes autour de nous. C’est pourquoi il ne faut pas hésiter à en parler, à ne pas minimiser et à se faire aider – surtout dans des périodes où on peut se sentir isolée. Mieux vaut faire moins mais de façon plus qualitative : être un bon parent, ce n’est pas un concours !
J’ai porté une énorme culpabilité pendant des années. Mais aujourd’hui mon fils va très bien, et nous avons même pu en parler. Ça m’a un peu rassurée, j’avais peur des conséquences sur son développement. Lui, ne s’en souvenait pas et ça l’a plutôt amusé.

Les lieux d’information, d’écoute et de soutien

  • La Protection maternelle et infantile (PMI)
    Du début de votre grossesse aux 6 ans de votre enfant, vous pouvez consulter gratuitement les médecins, sages-femmes, puéricultrices et les autres professionnels de la Protection maternelle infantile (PMI) dans les Espaces départementaux de solidarité (EDS, que vous connaissiez sous l’appellation de Centre médico-Social ou CMS) ou dans d’autres lieux de permanence. Des visites à domicile peuvent être aménagées et organisées au moment de votre retour de la maternité.
  • Les lieux d’accueil enfants-parents (LAEP)
    Lieux soutenus par le Département de Loire-Atlantique et la Caf, les LAEP sont des espaces ludiques de rencontres et de partages qui accueillent de manière libre, gratuite, anonyme et sans pré-inscription les enfants de moins de 6 ans (dans certains LAEP, les enfants ne sont accueillis que jusqu’à 4 ans), accompagnés d’un adulte référent comme le papa, la maman ou les grands-parents. Il existe plus d’une trentaine de LAEP en Loire-Atlantique. Dès lors que vous vous sentez prêt ou prête à sortir avec votre nourrisson, vous pourrez y rencontrer d’autres parents pour échanger des astuces et exprimer vos ressentis.
  • Les Pâtes au beurre
    L’association les Pâtes au beurre accueille gratuitement et anonymement les parents en difficultés, avec ou sans leurs enfants, quel que soit l’âge de ces derniers, pour réfléchir avec des professionnels aux solutions à mettre en place pour apaiser les relations familiales. Chaque parent peut venir seul ou en famille, évoquer les questionnements, inquiétudes et ou difficultés liés à la parentalité.
  • Le Technicien ou la Technicienne d’intervention sociale et familiale (Tisf)
    Le technicien ou la technicienne de l’intervention sociale et familiale est un travailleur social titulaire d’un diplôme d’État. Il ou elle peut vous aider, vous et votre famille, à acquérir plus d’autonomie au quotidien et favoriser l’équilibre familial, tout en vous aidant, selon vos besoins, dans certaines tâches matérielles.
  • Allo Parent bébé – 0 800 00 34 56
    Numéro vert destiné aux parents d’enfants de 0 à 6 ans proposant une écoute empathique par des professionnels de la santé et de la petite enfance. Un service gratuit et anonyme de soutien à la parentalité pour vous aider à identifier des solutions ou vous orienter vers les structures adaptées. 

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