Comment aider son enfant à mieux communiquer ?

Les compétences psychosociales (CPS) font désormais partie du programme scolaire. Derrière ce terme un peu compliqué se cachent plusieurs clés essentielles au développement de l’enfant : apprendre à gérer ses émotions, apprendre à mieux communiquer avec les autres. Mais aussi, des éléments essentiels dans la prévention liée à la santé globale et au bien-être de l’enfant : stress, addictions, violences. Dans ce dossier, vous retrouverez des témoignages de parents. Audrey Pavageau, chargée de mission à l’Ireps des Pays de la Loire vous en dit plus sur ces fameuses CPS et comment, en tant que parent, on peut mettre des choses en place à la maison pour aider son enfant ou ses enfants à les développer.

Peut-on apprendre à son enfant à mieux communiquer ?

Nous avons rencontré Audrey Pavageau, chargée de mission promotion de la santé à l’Ireps des Pays de la Loire qui organise des ateliers avec la PMI de Loire-Atlantique sur le sujet. Elle vous en dit plus sur les CPS et leur rôle dans le développement de l’enfant.

À quoi servent les compétences psychosociales ?

Sans trop entrer dans le détail des catégories des CPS, on peut dire que les compétences psychosociales vont permettre de renforcer la capacité qu’on a à prendre soin de soi, à être attentif à son bien être et au bien-être des autres.

Chez l’enfant, c’est savoir identifier et dire : "je vais bien ou je ne vais pas bien"

Chez l’enfant, c’est savoir identifier et dire : « je vais bien ou je ne vais pas bien » et trouver les ressources pour faire face. Les CPS sont des compétences utiles à la vie et ont donc des effets plus larges sur la prévention des violences, des addictions, des problèmes de santé mentale et sur la santé de façon globale. Pour être plus concret, on peut donner quelques exemples : lorsqu’on renforce les CPS des enfants, on va observer des améliorations des relations qu’il entretient avec les autres, une baisse de l’anxiété et du stress, un développement de l’empathie vis-à-vis des autres, qui vont être des leviers (avec d’autres) pour prévenir le harcèlement et le comportement à risque par exemple. Voilà pourquoi c’est important de travailler sur les CPS dès le plus jeune âge des enfants afin qu’elles et qu’ils se construisent un socle.

Est-ce que ces compétences peuvent s’apprendre ?

Bien entendu ! Par des activités formelles qui vont amener l’enfant à mobiliser ses ressources, ses expériences, les relations qu’il entretient, notamment avec les adultes de confiance autour de lui et dans le milieu dans lequel il vit. Et c’est pourquoi, le premier outil de renforcement des CPS des parents ce sont leur propre CPS !

Les apprentissages se font beaucoup par mimétisme

Les apprentissages se font beaucoup par mimétisme, notamment dans le champ des CPS. La capacité des adultes à fixer un cadre sécurisant et des limites, à expliciter ses ressentis, ses besoins dans certaines situations importantes ou à accompagner la gestion des émotions, vont venir renforcer celles des enfants. Par exemple quand vous vous sentez bien,le fait de mettre des mots sur vos ressentis, vos sensations, vos besoins et vos réactions, va permettre à l’enfant d’identifier les ressources émotionnelles, sociales et cognitives que vous mobilisez et il pourra s’appuyer dessus.

 Pouvez-vous donner quelques exemples concrets ?

Un parent s’énerve en voiture à cause de la circulation. Dans cette volonté de développer les CPS de son enfant, on peut s’essayer à identifier son émotion, les sensations qui nous permettent de la reconnaître et chercher un moyen, une attitude, une réaction qui y répondrait mieux à nos besoins. Par exemple « Je suis en colère parce je préférerai être à la maison plutôt que d’être coincé ici. C’est pour ça que je m’énerve et que je suis tout rouge, j’ai chaud… Comment pourrait- on en faire un moment agréable ? Des idées ? ». Cela peut sembler très artificiel pour autant, cela permet d’expliciter un fonctionnement face à une situation quotidienne, qu’on pourra transférer à une autre. D’autres choses peuvent sembler banales ou sont faites « spontanément » par les parents, comme : poser des rituels, des limites, des aménagements spécifiques du logement pour reconnaître les espaces de chacun ou encore l’affichage d’un tableau avec le programme de la semaine, les « conseils de famille », nommer les trois choses positives de la journée, etc., permettent de renforcer et mobiliser les CPS des enfants.

Les compétences psychosociales, c’est quoi ?

Selon Santé publique France, les compétences psychosociales (CPS) sont définies "comme la capacité d’une personne à faire face aux exigences et aux défis de la vie quotidienne". Elles sont rangées dans trois grandes catégories : sociale, émotionnelle ou cognitive.

Les trois grandes catégories de CPS

  1. Les compétences cognitives :
  • la capacité à avoir conscience de soi (qui regroupe de multiples aptitudes comme connaître ses forces et ses faiblesses, s’autoévaluer positivement…);
  • la maîtrise de soi (atteindre ses buts, savoir planifier…);
  • la capacité à prendre des décisions constructives.

    2. Les compétences émotionnelles :

  • la capacité à comprendre et identifier ses émotions et son stress ;
  • la capacité à réguler ses émotions (afin de ne pas être submergé et de répondre à ses besoins psychologiques) ;
  • la capacité à gérer son stress.

    3. Les compétences sociales :

  • la capacité à communiquer de façon constructive ;
  • la capacité à développer des relations (entrer en relation, savoir coopérer ou s’entraider...) ;
  • la capacité à résoudre des difficultés (savoir et oser demander de l’aide, s’affirmer, résoudre des conflits en trouvant des solutions positives pour soi et les autres…).

Pour en savoir plus sur les CPS consultez le site de Santé publique France

 

Comment aider son enfant à mieux gérer ses émotions ?

Justine, maman de Thays 4 ans et de Léo 7 ans.

"Le déclic est venu quand Léo a commencé à vraiment bien savoir parler. Je me suis rendu compte qu’il posait beaucoup de questions sur les émotions, notamment sur mes propres émotions. Ça a commencé pendant la fameuse phase des "pourquoi ?", vers 3 ans. Il me demandait souvent, "pourquoi tu te fâches ?" "Pourquoi tu dis ça ?", "Pourquoi tu rigoles ?" etc. Je me suis rendu compte qu’il était extrêmement attentif à mes réactions et à ce que j’exprimais. Bien sur, j’ai essayé, à chaque fois, de lui expliquer. Et pour que lui, puisse aussi exprimer facilement ses ressentis, j’ai mis en place un tableau avec des gommettes : verte quand tout va bien, jaune quand c’est moyen et rouge quand ça ne va pas. Tout au long de la semaine, le soir on faisait un petit bilan de la journée. Je lui demandais de me dire comment ça c’était passé à l’école, avec la maîtresse, avec les copains et les copines, ses repas etc. Et en face, il mettait une gommette. Ça l’a beaucoup aidé. Et de mon côté, je me suis efforcée de lui expliquer à chaque fois que je me mettais en colère ou que j’exprimais une émotion forte."

Julien et Salima, parents de Enzo, 8 ans.

"Nous ne nous sommes pas vraiment intéressés au sujet avant qu’Enzo ait 5 ans. Cette année là, Enzo a été malmené à l’école. Un autre garçon de l’école l’avait pris en grippe et s’amusait à pousser Enzo qui est tombé plusieurs fois, dont une fois où il s’est vraiment fait mal. Ce n’est qu’à partir de ce moment là que nous avons pris conscience de l’ampleur de la chose, alors que ça durait depuis plusieurs mois. Mais comme il nous disait que tout allait bien, nous n’étions pas inquiets. Avec le recul, il y avait des signes : il était plus grognon, moins patient, plus à fleur de peau. C’’était assez fluctuant, avec des phases où il était joyeux et de bonne humeur. Et puis, les retours de l’école étaient plutôt bons. Nous mettions ça sur le compte de l’évolution normale d’un enfant de son âge. Le jour où il s’est vraiment fait mal, il nous a dit qui l’avait poussé et surtout, il a vidé son sac et nous a dit que ça faisait longtemps que ce garçon l’embêtait. Et quand on lui a demandé pourquoi il ne nous en avait pas parlé avant, il nous a répondu qu’il ne voulait pas nous embêter avec ça, qu’on avait assez de soucis comme ça. C’est vrai qu’à l’époque, le père de Julien était malade, et ma sœur était en train de divorcer. Depuis ce jour, et grâce aux conseils d’une autre maman de l’école à qui j’en avais parlé, nous avons mis en place une "conférence". Chaque soir, après le dîner, nous parlons tous les trois de comment s’est passé notre journée, de ce qui nous a plu ou moins plu et s’il y a un problème, on essaye d’en discuter ensemble".

Les ressources, les lieux d’écoute et d’information

L’association Envole à Carquefou

Cette association qui regroupe des parents a pour objet de "Sensibiliser les publics au mieux-vivre ensemble afin de contribuer à l’harmonie sociale en s’appuyant sur les soft skills dont les compétences psychosociales (CPS)"

Les lieux d’accueil enfants-parents (Laep)

Un lieu d’accueil enfants-parents (LAEP) est un lieu ludique de rencontres et d’échanges qui accueille de manière libre, gratuite, anonyme et sans pré-inscription les enfants de moins de 6 ans (dans certains LAEP, les enfants ne sont accueillis que jusqu’à 4 ans), accompagnés d’un adulte référent comme le papa et la maman ou les grands-parents. Cela peut être l’occasion d’échanger avec d’autres parents qui auront peut-être des bons plans ou des solutions de garde à partager.

L’école des parents et des éducateurs de Loire-Atlantique (Epe 44)

L’Epe propose des groupes de paroles et du soutien psychologique pour les parents et les futurs parents. 

Les pâtes au beurre

L’association accueille gratuitement et anonymement les parents en difficulté, avec ou sans leurs enfants, quel que soit l’âge de ces derniers, pour réfléchir avec des professionnels, psychologues ou psychomotriciens, dans une visée d’apaisement des relations familiales. Chaque parent peut venir seul ou en famille, évoquer ses questionnements, inquiétudes et ou difficultés liés à la parentalité.

Le Réseau des Parents Parfaitement Imparfaits (Res’PPI)

Res’PPI est un collectif d’accompagnement à la parentalité, composé exclusivement de parents bénévoles, tous engagés dans des initiatives parentales sur leur commune, leur quartier, ou leur village. Il est ouvert à tous les parents intéressés et motivés à agir pour une parentalité bienveillante et responsable, basée sur l’écoute, l’entraide et l’échange entre pairs.

 

 

 

Pour aller plus loin (podcasts, vidéos, livres etc.)

Podcasts

Vidéos

Livres

3 histoires pour une communication réussie dans la vie :1 histoire sur l’importance de la parole pour libérer la colère 
1 histoire pour apprendre à dire non, à exprimer ses émotions, et savoir formuler ses besoins (Aya qui n’ose pas dire non à une amie, de peur de la vexer).1 histoire autour de la prise en compte des besoins de chacun et la recherche de solutions en famille (le repas du soir tous les 4 qui est un sacré bazar). À chaque fin d’histoire, un éclairage psy simple pour décrypter la situation. À partir de 4 ans.

Légères et profondes à la fois, émouvantes et stimulantes, elles ont, par leur contenu métaphorique, poétique et ludique, le pouvoir de « parler à l’inconscient » de celui qui les écoute, de déclencher une véritable alchimie apaisante et réparatrice... Le hérisson solitaire qui croit que tout le monde lui en veut, la lézarde qui n’arrive pas à rester en place, le petit poisson qui a peur et mord les autres poissons, l’aiglon élevé comme un poulet qui ne sait pas qui il est, la belette rousse qui se pose de vraies questions... À partir de 5 ans.

Archibald se fait mener la vie dure : on le presse, on l’oblige, on le gronde… Alors il s’interroge : vraiment, est-ce que les parents trouvent ça amusant de contrarier leurs enfants ? Un parent lui explique alors que sa maman, c’est comme un jardinier…
Un album tendre qui raconte comment chaque petite pousse d’enfant est nourrie, arrosée, soignée, observée, protégée… jusqu’à devenir un grand arbre épanoui. À partir de 3 ans.

Jeux

La montagne de la confiance est conçu pour aider les jeunes de 7 à 11 ans à réfléchir aux différentes composantes de l’estime de soi, c’est-à‑dire le sentiment de sécurité, la connaissance de soi, le sentiment d’appartenance et le sentiment de compétence. Ils sont appelés à répondre à des questions qui les concernent en faisant le parallèle avec le vécu du yéti.

Ces cartons psychoéducatifs vous aideront à développer chez les enfants des compétences relationnelles et personnelles indispensables à leur épanouissement tout en s’amusant. Ces outils clés en main deviendront certainement vos alliés dans votre rôle auprès des enfants. Chaque ensemble comprend 27 cartons présentant, au recto, une stratégie illustrée de manière sympathique, et, au verso, une explication dans les mots des jeunes ainsi que des questions, des défis ou des exercices pour consolider l’apprentissage.

Sur Internet

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