Chagrins d’amour ou d’amitié : être attentif sans dramatiser

En vacances, en colo, au camping, les enfants se font de nouveaux copains et copines. Les ados eux connaissent le premier amour et pensent qu’il durera toujours. Oui mais voilà, quand les vacances se terminent, chacun repart de son côté et même si les relations peuvent s’étirer sur les réseaux sociaux, ce sont des moments parfois difficiles à vivre pour les enfants. Comment réagir en tant que parent ? Quels sont les signes auxquels il faut être attentif ? Quelles réponses apporter ? 

La séparation, ça s’apprend

L’été est là. Cette année, votre enfant va partir en colonie de vacances. À moins qu’il ou elle parte quelques jours avec des copains et des copines planter sa tente dans un camping au bord de la mer. Toujours est-il que cette année, votre enfant va passer un peu de temps sans vous.

"Si c’est parfois difficile pour les enfants d’être séparés de leurs parents, la séparation se prépare dans les deux sens. Pour les enfants, c’est un apprentissage qui se fait dès l’enfance, par exemple à la crèche. Mais les parents doivent aussi être capables de laisser leur enfant", explique Sarah Guesmi, psychologue clinicienne à la protection de l’enfance et au service des mineurs non accompagnés du Département. Et ce n’est pas toujours facile de lâcher prise pour les parents, encore moins quand les enfants rechignent à partir.

Les parents doivent aussi être capables de laisser leur enfant.

"C’était l’été des 15 ans de ma fille Clara. Jusqu’à présent elle n’avait jamais été une grande fan des colos. Elle partait une semaine depuis plusieurs étés, mais à chaque fois il fallait la pousser un peu. Cette année-là, nous avons, avec mon conjoint, réussi à la convaincre de partir deux semaines. Quand nous l’avons déposée à la gare de Saint-Nazaire, elle avait une petite mine et n’avait pas l’air ravi.", se souvient Maud, esthéticienne à Saint-Nazaire. 

Se soustraire au regard des parents

C’est pourtant un moment important dans la relation entre vous et votre enfant. "Le temps des colos et des vacances entre copains est aussi un temps où l’on se soustrait du regard des parents. Certains parents ont du mal à supporter de ne pas savoir ce que leur enfant peut faire. Il faut pourtant essayer de le laisser tranquille. Cela sécurise votre enfant de savoir que vous êtes prêt à le laisser. Ce sera ensuite plus facile pour lui ou elle de se séparer de ses copains et copines de vacances. », précise Sarah Guesmi.

"Je me suis fait plein de super potes"

Une semaine, quinze jours tout au plus, ça passe vite. Voici déjà le temps de retrouver votre enfant après un séjour en vacances.

« Nous avons retrouvé Clara complètement effondrée. J’ai eu peur qu’il se soit passé quelque chose et je lui ai demandé comment c’était passé son séjour. Elle a fondu en larmes. Entre deux sanglots, elle m’a dit "maman, j’ai enfin compris pourquoi tu n’arrêtes pas de me dire que la colo c’est génial. Je me suis fait plein de super potes, c’est trop dur de les quitter. », rapporte Maud. 

L’esprit de groupe et des liens très forts

Quand on passe un temps relativement court en groupe, des liens très forts peuvent se tisser. Lors d’un séjour, les règles sont les mêmes pour tous et les enfants participent aux tâches de la vie collective. Tout cela forge l’esprit de groupe et permet aux enfants de tisser rapidement des liens. Souvent, en plus, les équipes d’animations font tout pour pousser les jeunes à faire connaissance, par exemple en mettant en place des jeux ou en limitant l’usage des écrans. Plus on avance dans le séjour, plus les jeunes réclament des moments où ils peuvent se retrouver tranquilles, entre-eux, détaille Christophe Grimaud, responsable de structure jeunesse à la Chapelle-Heulin.

Lors d’un séjour, les règles sont les mêmes pour tous et les enfants participent aux tâches de la vie collective. Tout cela forge l’esprit de groupe et permet aux enfants de tisser rapidement des liens.

Des liens qui sont d’autant plus difficiles à rompre puisque, comme le souligne Sarah Guesmi, "chez les enfants, et plus particulièrement chez les ados, les sentiments sont exacerbés. Les histoires d’amour ou d’amitié sont vécues avec une très grande intensité. »

Être attentif sans dramatiser

Vie en groupe, loin du regard des parents, espace de liberté et de moments intenses, la colo et les autres moments passés en vacances entre copains et copines marquent profondément vos enfants. Quand vient la fin de l’été – ou du moins, la fin des vacances -, le retour peut être difficile. Maud, la maman de Clara se souvient : "Sur le chemin du retour, le train avait fait plusieurs arrêts et à chaque fois des enfants de la colo en descendaient et devaient dire au revoir aux autres. Le wagon entier était en pleurs. Dans la voiture, Clara n’a pas dit un mot. Le soir, elle s’est enfermée dans sa chambre pour envoyer des SMS. Il a fallu plusieurs jours pour qu’elle retrouve le sourire."

Un vrai "point de bascule"

"Pour certains enfants et ados, cette séparation estivale, notamment la déception amoureuse, peut être un vrai « point de bascule » et correspondre à un « laisser tomber » douloureux. Cela peut avoir des effets différents suivant l’histoire de chacun, en fonction de son vécu. Il y a des enfants et des ados qui sont plus fragiles que d’autres. Le premier chagrin d’amour ou d’amitié peut réveiller des blessures plus anciennes comme par exemple le traumatisme de la première journée à l’école ou la séparation des parents.", explique la psychologue clinicienne à la protection de l’enfance.

Cette séparation estivale peut être un vrai « point de bascule » et correspondre à un « laisser tomber » douloureux. Cela peut avoir des effets différents suivant l’histoire de chacun, en fonction de son vécu.

Une séparation qui peut être d’autant plus difficile que, comme le rappelle Christophe Grimaud « Il y a un lien très fort qui se créé. Quand on a 15, 16 ou 17 ans, les personnes avec qui on a envie de passer le plus de temps possible, ceux qui comptent, ceux sont les copains et les copines. »

Il faut faire confiance à son enfant

"Il faut être attentif à tous les changements de comportement chez son enfant. Des variations dans l’alimentation, le sommeil ou le comportement peuvent être des signes. Mais il ne faut pas dramatiser. Témoigner de sa tristesse, c’est normal. La situation devient inquiétante quand les symptômes s’inscrivent dans la durée. Ce qui est important, c’est de rester à l’écoute de votre enfant, sans pour autant être intrusif, notamment dans sa vie amoureuse. Il faut aussi faire confiance à son enfant qui saura trouver des réponses en parlant avec ses copains ou en regardant une série ou en lisant un livre. », rassure Sarah Guesmi. 

Garder des liens

Il n’est pas rare, surtout aujourd’hui avec l’usage des réseaux sociaux, que les enfants qui se rencontrent en vacances restent en contact. Maud, la maman de Clara, le confirme : " Trois ans plus tard, Clara est toujours en contact avec certains de ses "potes" de colo. Elle a même pris plusieurs fois le train pour aller les voir à Angers ou à Rennes." D’autres ont vu leur histoires d’amour se prolonger au delà de l’été ou des vacances. "Certains jeunes qui ont vécu une histoire d’amour pendant un séjour, sont toujours ensemble plusieurs mois après", raconte Christophe Grimaud.  

Encourager la relation à distance

Pour Sarah Guesmi, c’est une bonne chose que les enfants gardent des liens et que les parents les encouragent à le faire : "ne plus voir les gens ou ne plus passer de temps avec eux pendant un certain temps ne veut pas dire qu’ils disparaissent de la surface de la terre, ça ne veut pas dire que la relation est terminée. Les enfants peuvent rester en contact. En tant que parent, vous pouvez toujours retrouver le contact d’autres parents d’enfants qui ont participé à la colo."

Ne plus voir les gens ou ne plus passer de temps avec eux pendant un certain temps ne veut pas dire qu’ils disparaissent de la surface de la terre.

Et puis, qui sait, il se peut qu’un séjour en colo fasse naître une vocation chez votre enfant. Cela a été le cas pour Honorine, la fille de Maud : " À notre grande surprise, Clara a même fini par se décider à passer son Bafa pour devenir animatrice et cet été, elle va travailler dans un centre de loisirs avec des 6-12 ans." 

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