Les familles solidaires

Anita vit à Ancenis. Pendant deux ans, elle a accueilli chez elle Ali, un jeune mineur étranger.

"J’ai vu une petite annonce dans le journal. Le Département recherchait des familles pour accueillir des mineurs étrangers. J’ai tout de suite répondu. Pour moi qui ai grandi dans une famille qui n’avait pas beaucoup d’argent, ça a toujours été important de donner aux autres la chance que je n’avais eue. aujourd’hui je suis séparée et mes trois enfants sont grands. Mais lorsqu’ils étaient plus jeunes, avec mon ancien conjoint, nous avions l’habitude d’accueillir des enfants de la région parisienne qui ne pouvaient pas partir en vacances. Après plusieurs réunions, des entretiens -  notamment avec un psychologue - , une visite de la maison, j’ai rencontré Ali, un jeune pakistanais de 15 ans et demi.

"Je ne lui ai rien demandé sur son parcours et ses origines. Je ne voulais pas rajouter une couche à son histoire déjà lourde"

J’ai tout de suite eu un bon feeling. La première rencontre se fait lors d’une soirée. Ensuite, il y a plusieurs étapes où le jeune vient passer une soirée et une nuit, puis un week-end avant, s’il est d’accord, de vraiment s’installer. Ali est arrivé à la maison en septembre 2019. Je ne lui ai rien demandé sur son parcours et ses origines. Je ne voulais pas rajouter une couche à son histoire déjà lourde. Il parlait quelques mots de français, mais ne savait pas faire de phrases. J’ai mis en place un système de grands tableaux à feutres. Le soir au moment du dîner, j’écrivais ses mots sur le tableau et je lui montrais comment les associer, en faire des phrases, les contextualiser. Ali emportait le tableau dans sa chambre et, avant de se coucher, il réécrivait les phrases sur un autre tableau. Ça l’a aidé à progresser et nous a permis de mieux communiquer.

"Je l’ai accueilli et traité comme un 4e enfant"

Ali est musulman, moi non. Je n’ai jamais remis en question ni ses croyances ni ses convictions. Mais je n’ai pas non plus caché ou minimiser mes opinions. Nous avons beaucoup échangé et discuté sur les droits, mais aussi les obligations qu’impliquait de vivre en France. Je suis persuadé que tous ces échanges ont énormément participé à son intégration et à sa compréhension du pays dans lequel il était arrivé. Ali a encore ses parents et de la famille au Pakistan. Je n’ai jamais cherché à me substituer à eux. Je l’ai accueilli et traité comme un 4e enfant, en me mettant à la place de sa maman et en me demandant comment je voudrais que mes enfants à moi soient accueillis dans un pays étranger.

"Ça a été une expérience extrêmement riche"

Ali a fini par me raconter son parcours. 8500 km de peur, de faim, de soif et d’angoisse où on se demande si on va arriver vivant. Je pense que de l’avoir accueilli comme un membre de la famille -  mes enfants le considèrent comme un frère - en l’incluant dans notre quotidien, notre mode de vie et nos valeurs, l’a aidé à s’intégrer. Il y a bien eu quelques moments difficiles, mais essentiellement dus à des malentendus à cause de la langue ou au caractère de chacun. Pour le reste, ça a été une expérience extrêmement riche.

"Il est bénévole à la Croix-Rouge où il donne des cours de français aux étrangers"

À 18 ans, nous nous sommes mis d’accord pour qu’il quitte la maison et prenne un peu d’indépendance et rencontre aussi des jeunes de son âge. Il vit aujourd’hui dans une colocation non loin de la maison et je continue à le voir toutes les semaines. Il a d’excellents résultats scolaires et est bénévole à la Croix-Rouge où il donne des cours de français aux étrangers. "

Vous souhaitez devenir accueillant solidaire d’un mineur non accompagné chez vous ? Vous pouvez le faire à temps partiel (week-end et vacances) ou à temps plein.

La première étape est de remplir une demande sur le site du Département de Loire-Atlantique.

Ensuite, vous serez convié à un premier entretien au cours duquel, vous devrez évoquer :

• Votre projet et vos conditions d’accueil (durée, organisation personnelle).
• La capacité du jeune à adhérer à ce type d’accueil, en fonction de son autonomie et de ses besoins.
• Les modalités de prise en charge et d’indemnisation (santé, scolarité, loisir).
• Bien entendu, vous serez accompagné et disposerez d’un contact permanent en soutien, tout au long du processus.

Pour en savoir plus sur l’accueil solidaire d’un jeune mineur étranger

Antoine a 37 ans et est enseignant. Depuis près de 4 ans,  il parraine Cameron, un jeune garçon de 11 ans. Une rencontre qui a été possible grâce à l’association Parrains Par Mille qui propose aux enfants de 3 à 21 ans issus de familles monoparentales ou isolées, jeunes migrants, enfants et jeunes majeurs confiés à l’aide sociale à l’enfance, de se faire accompagner par un parrain bénévole. Avec ce parrainage, le jeune peut découvrir une nouvelle culture, s’ouvrir au monde et développer ses connaissances. Ce parrainage réduit les inégalités sociales et favorise le vivre-ensemble. 

Comment vous est venue l’envie de parrainer un ou une enfant ?

J’ai une petite nièce qui vit en Angleterre avec qui je m’entends très bien mais que je vois peu. J’avais envie de m’occuper d’un enfant de temps à autre, d’avoir ce contact là et de me sentir utile. Et être le relais pour une mère isolée est un engagement assez raisonnable. Tout le monde est gagnant. J’apporte des choses à Cameron et il m’apporte des choses en retour.

Quelles démarches avez-vous entreprises ?

J’ai découvert l’association Parrains par mille en lisant un article dans un magazine. Au début de l’année 2018, j’ai pris contact avec l’association et je leur ai fait part de mon envie de parrainer un enfant. J’ai d’abord eu deux entretiens, un avec la présidente de l’association et l’autre avec une psychologue. Ensuite, j’ai attendu. On m’avait prévenu que les démarches pouvaient prendre du temps, notamment parce que Parrains par mille essaie de mettre en relation des personnes qui vivent dans le même voisinage. Mais cela a été relativement rapide et deux mois plus tard, on m’a mis en contact avec la maman de Cameron.

Comment s’est passée la première rencontre ?

J’ai rencontré la maman de Cameron, nous avons discuté de nos attentes respectives et nous sommes mis d’accord sur un fonctionnement. Dans un second temps, j’ai rencontré mon filleul. Nous avons fait connaissance en douceur et par étapes. Nous avons appris à nous connaître par le jeu. Nous avons joué au foot, au ping-pong et au mölky. Il a fallu un peu de temps pour que Cameron se sente à l’aise et commence à parler et à échanger avec moi. Aujourd’hui je passe du temps avec Cameron un mercredi sur deux et sur des temps plus longs pendant les vacances. C’est assez souple, et quand sa maman en a besoin, il m’arrive de le garder un peu plus longtemps.

Et aujourd’hui ?

J’ai pu construire une vraie relation avec Cameron. Au fur et à mesure, je l’ai présenté à des membres de ma famille, à mes proches, à mon compagnon. Il passe aussi du temps avec ma nièce lorsqu’elle vient en France. Je vois Cameron tous les 15 jours et plusieurs jours pendant toutes les vacances scolaires. Il a plus que jamais besoin de soutien et je suis content de pouvoir être là pour lui. Je me sens utile et nous passons de bons moments ensemble, notamment autour de paniers de basket. Ou, plus récemment, de son premier footing de 3 km qui lui a permis d’être fier de réussir ce nouveau challenge.

Quelles relations avez-vous avez la maman de Cameron ?

Nous échangeons beaucoup avec la maman de mon filleul. C’est important de se caler sur son rythme à elle et pour Cameron, c’est très bénéfique de voir deux adultes travailler de concert et parler d’une seule voix, cela favorise l’intégration des règles de vie. En plus, cela permet aussi à la maman de Cameron de s’occuper plus tranquillement de sa fille, plus jeune.

Que pensez-vous apporter à Cameron ?

Cameron ne voit son père que très rarement et c’est aussi pour lui l’occasion d’avoir un référent masculin. Même si ce n’est pas au quotidien, je pense que c’est important pour sa construction. Dans les familles monoparentales où c’est la mère qui élève seule un ou plusieurs enfants, je pense que c’est important pour les enfants de pouvoir se référer à une figure masculine fiable. Cela redonne de la confiance.

Parrains Par Mille est à la recherche de parrains et de marraines.

Si vous êtes intéressé, n’hésitez pas à contacter l’association au 09 53 13 01 54

Pour devenir parrain ou marraine, la première démarche est de contacter une des associations de parrainage de proximité présente en Loire-Atlantique.

Ensuite, vous rencontrez quelqu’un de l’association pour étudier votre candidature. Si votre profil correspond et que votre projet est cohérent, vous pourrez être formé par l’association avant de vous faire proposer différents profils de filleuls. La rencontre et les échanges avec votre filleul se font progressivement et vous serez suivi tout du long par l’association de parrainage.

Les filleuls ont entre 3 et 21 ans et sont souvent issus de familles monoparentales, en foyer ou accompagnés par des professionnels de l’enfance.

En parrainant un jeune, vous vous engager bénévolement sur 12 mois (pour commencer), à raison de 6 heures par mois.

Une vidéo pour savoir comment devenir bénévole pour l’association Parrains Par Mille

Podcasts

Mineurs étrangers, le parcours du combattant (France Culture)

En quoi consiste le parrainage de proximité ? (RCF)

Damien ou Le parrainage de proximité (Les pieds sur terre, France Culture)

Vidéos

Migrants mineurs : ces familles qui les accueillent (France 3 PDL)

Pour en savoir plus sur le parrainage (Parrains Par Mille)

Le parrainage de proximité, c’est quoi ? (Udaf 44)

Sur internet

• D’autres témoignages et les démarches à suivre pour accueillir un mineur isolé
• En savoir plus sur le parrainage de proximité