Comment aider son enfant à l’approche d’un examen ?

Les examens de fin d’année approchent et le stress monte. Mais qui est le plus stressé ? Vous ou votre enfant ? Comment gérer ces moments qui peuvent générer de l’angoisse et comment accompagner au mieux votre enfant ? Dans ce dossier, nous vous donnons des éléments de réponses. Des professionnels (psychologue, enseignante) partagent leurs conseils et des parents racontent leur expérience.

Quelles sont les clés pour bien préparer un examen ?

Hélène enseigne les sciences techniques et médico-sociales (STMS) dans un établissement scolaire nantais. Elle partage avec vous ses conseils pour bien préparer un examen et limiter le stress.

 

Quel est le premier conseil que vous donnez à vos élèves avant un examen ?

Avoir ses cours en tête et ne pas attendre deux jours avant pour tout relire ou réviser, est déjà une bonne base. J’encourage les élèves à relire leurs cours régulièrement, le soir ou en rentrant dans le bus par exemple. La meilleure façon de ne pas être stressé, c’est d’être bien préparé. Et puis quand on connaît ses faiblesses, cela peut être l’orthographe, la gestion du temps ou la difficulté à parler en public, on peut s’entraîner. Les parents peuvent aider, mais pour moi le meilleur moyen c’est de faire ça en groupe, avec d’autres élèves.

Est-ce qu’il y des clés pour bien préparer un examen ?

J’insiste toujours sur la méthodologie et la compréhension. Si on a les clés pour comprendre un sujet et qu’on a les bases pour répondre aux questions posées de façon claire et organisée on est forcément moins stressé. C’est quelque chose qui s’apprend. On peut le préparer en classe avec son professeur ou sa professeure, mais on peut aussi s’exercer à la maison avec l’aide des parents ou avec d’autres élèves et des amis. Avant les examens, je fais travailler mes élèves sur les mots clés et leur compréhension. Savoir faire la différence entre "analyser", "caractériser", "repérer" ou "identifier", par exemple. C’est aussi un exercice qu’on peut faire soi-même. Chercher des mots-clés, les surligner et voir si en on comprend bien le sens. Une copie bien construite, bien organisée, agréable à lire, avec des réponses argumentées et illustrées fera la différence face à une copie brouillonne et fourre-tout.

La meilleure façon de ne pas être stressé, c’est d’être bien préparé

Quels sont les autres points importants pour bien se préparer ?

La gestion du temps est un autre point très important. Je dis souvent à mes élèves de penser à apporter une montre pour l’examen ; les portables sont interdits et ça permet de se situer dans le temps. Là encore, on peut s’exercer en amont et prévoir à peu près combien de temps on passe à lire l’énoncé, à faire son brouillon, à rédiger etc. Il ne faut pas oublier le temps de relecture qui n’est pas à négliger. La présentation est importante aussi. Il ne faut pas oublier qu’un enseignant ou une enseignante relit et corrige des dizaines et des dizaines de copies. Une copie sans fautes d’orthographe, aérée et propre sera d’emblée plus attrayante qu’une copie pleine de ratures et de fautes.

Faut-il encourager son enfant à apprendre par cœur ?

Ça peut peut-être aider certains ou certaines. Mais je dis souvent à mes élèves que ça ne sert à rien d’apprendre mot pour mot. Un enseignant ou une enseignante va plutôt chercher à évaluer si l’élève a bien compris le cours ou l’enseignement. Nous ne sommes pas là pour pénaliser les élèves mais vérifier leurs acquis. À la maison ou avec des amis, l’élève peut par exemple essayer d’expliquer et de définir un sujet avec ses propres mots. C’est une bonne façon de se l’approprier et de le comprendre.

Et pour les examens oraux, avez-vous des conseils particuliers ?

À l’oral, je conseille de bien se préparer en amont. Je pense que là aussi, c’est important de s’exercer et répéter au maximum. Cela permet de travailler sur l’élocution, la respiration, les gestes nerveux ou sur la gestion du temps. Ne pas oublier que le jour de l’examen on parle souvent un peu plus vite à cause du stress. Je conseille également de prendre l’habitude de se détacher de ses notes écrites et de prévoir quelques passages de secours pour combler d’éventuels vides. Face à un jury, je conseille à mes élèves de bien regarder tout le monde et de prendre le temps de structurer leurs réponses dans leur tête plutôt que de répondre à la va-vite.

 

Quelle est la limite entre l’encouragement et la pression ?

Pierre Poitou est psychologue à la Maison des adolescents de Loire-Atlantique. Ces réponses sont tirées d’un précédent dossier : "comment encourager son enfant sans lui mettre la pression ?"

 

Quelle est la limite entre l’encouragement et la pression ?

Il n’existe pas de recette et le dosage n’est pas facile. Chaque enfant va réagir différemment. Ce n’est pas évident pour un parent de comprendre ce qui va impacter l’enfant. Parfois ce qu’on pense être un encouragement va être vécu comme de la pression. Ce qui pour le parent ressemble à une petite colline à gravir peut être perçu comme une montagne infranchissable pour l’enfant.

À quoi peut-on être attentif alors ?

Mon curseur, en tant que psychologue, c’est la souffrance. Elle peut parfois être difficile à repérer, notamment chez les ados. Mais en tant que parent, quelques indicateurs peuvent alerter : par exemple des problèmes de sommeil, des réveils nocturnes, une perte d’appétit ou encore de la fatigue.

Cela veut-il dire qu’il ne faut jamais mettre la pression à ses enfants ?

L’éducation a évolué et de plus en plus de parents ont du mal avec l’idée de contraindre leur enfant. On n’est pas un mauvais parent lorsqu’on oblige son enfant à se lever le matin pour aller à l’école ou à faire ses devoirs. Pourtant, le boulot du parent, c’est aussi de préparer et d’accompagner son enfant vers le principe de réalité : la vie ce n’est pas toujours rigolo et il y a des règles à respecter. On n’est pas un mauvais parent lorsqu’on oblige son enfant à se lever le matin pour aller à l’école ou à faire ses devoirs.

Faut-il s’impliquer dans la scolarité de son enfant ?

Yan et Anne habitent à Indre. Ils ont deux filles de 18 et 21 ans.

"Pour nous, ça a été un long cheminement, se souvient Pascale, jusqu’à trouver le bon équilibre entre accompagnement, soutien et garder de la distance pour ne pas mettre trop la pression à son enfant. À l’école élémentaire, nous n’attachions pas trop d’importance aux résultats à proprement parlé de nos filles. Nous étions plus attentifs à leur développement qu’à leurs progrès scolaires. Nous étions assez impliqués dans la vie de l’école et nous avions vraiment l’impression de participer. Tout a changé quand notre fille ainée est entrée en 6e, poursuit Yan. Tout à coup, nous nous sommes retrouvés de fait beaucoup moins impliqués et nous sommes devenus beaucoup plus attentifs aux résultats scolaires. En fait, nous avons fait une sorte de transfert de notre implication dans la vie globale de l’établissement, à une implication dans la vie scolaire de notre fille.

On voulait qu’elle sente qu’on était tous derrière elle

Nous attendions le bulletin de notes avec impatience et en fonction des résultats, nous mettions en place des temps de travail pour progresser sur ce qui ne nous semblait pas avoir été compris. Avant les examens, nous l’aidions à réviser, nous lui posions des questions etc. La veille d’un devoir important, on essayait de faire en sorte que son environnement soit calme - pas d’invités à la maison, pas de soirée télé etc. On voulait qu’elle sente qu’on était tous derrière elle. Ça s’est gâté en 3e avant de devenir catastrophique au lycée. Un jour, notre aînée à explosé. Elle nous a dit qu’on lui mettait trop la pression et qu’elle était assez grande pour travailler toute seule. Nous avons lâché du lest. Et nous avons revu notre fonctionnement avec la plus jeune. Nous leur avons dit que nous les aiderions si elles en avait besoin et surtout envie. La veille d’un examen, la plus grande regarde des séries. Elle préfère réviser au fur et à mesure, s’y mettre à fond les jours avant et se vider la tête au dernier moment. La plus jeune révise avec des amis. Pour préparer son Bac, elle s’est installée chez une copine qui avait son appartement. Elle l’a eu avec mention."

L’avis d’un professionnel  (Pierre Poitou, psychologue à la Maison des Adolescents)

Comment faire pour que la scolarité se passe bien ?

Cela va beaucoup dépendre de la représentation familiale de l’enseignement. Dans certaines familles, on pense que l’école ne sert à rien, dans d’autres, on mise tout sur les études et la réussite scolaire.

Lorsque c’est possible, c’est bien que les deux parents s’impliquent dans la vie scolaire de l’enfant.

Cela dépend aussi de comment on est accueilli en tant que parent par l’institution scolaire, des relations qu’on installe avec le ou les professeurs. Mais d’une façon générale, lorsque c’est possible, c’est bien que les deux parents s’impliquent dans la vie scolaire de l’enfant. Cette implication conjointe peut déjà être une forme d’encouragement pour l’enfant.

Quels sont les troubles liés au stress ?

Carole vit à Basse-Goulaine. Elle a trois fils de 13, 17 et 19 ans.

"À partir du lycée, notre aîné s’est mis à faire des crises de paniques la vieille des examens. Souvent, je lui préparais son plat préféré ou on commandait un truc qui lui faisait plaisir. Plus on a avancé dans l’année de seconde, moins ça l’intéressait, jusqu’à ce qu’il finisse par nous dire qu’il n’avait pas faim et qu’il préférait aller réviser dans sa chambre. Il avait de très bonnes notes, mais quand il avait 15 sur 20 à un devoir où il pensait avoir tout réussi, cela le mettait dans un état pas possible. Il a perdu plusieurs kilos en quelques mois. Nous étions très inquiets.

C’est finalement un de ses copains qui nous a dit qu’il était hyper stressé parce qu’il ne savait ce qu’il voulait faire plus tard

Il a été voir un psychologue, il a eu des séances de sophrologie, mais ça ne changeait rien. Nous commencions à vraiment nous inquiéter, d’autant qu’il n’était pas au bout de ses peines, car il n’avait pas encore passé le bac ni commencé d’études supérieures. Nous avons essayé de lui parler, de discuter avec lui, mais rien n’y faisait. C’est finalement un de ses copains qui nous a dit qu’il était hyper stressé parce qu’il ne savait ce qu’il voulait faire plus tard et que du coup, il n’arrivait pas à se projeter. Nous sommes tombés de haut, parce que depuis tout petit, il dit qu’il veut être vétérinaire et c’est vrai qu’on lui a toujours répété, "si tu veux devenir vétérinaire, telle matière est importante etc.". Il avait juste changé d’avis et il ne nous en avait pas parlé parce qu’il avait peur qu’on soit déçus. Le fait que son copain nous en ai parlé, nous a non seulement permis d’aborder le problème différemment avec lui, mais aussi d’être plus attentifs à comment nous fonctionnions avec nos deux autres fils".

Ne pas sous-estimer le stress

Le stress peut entraîner un vrai mal-être. Enfermement sur soi même, perte d’appétit ou problèmes de sommeil peuvent être des signes que quelque chose ne va pas. Le stress lié à la scolarité n’est pas à prendre à la légère. Une étude britannique a montré que le stress dû aux examens et à la pression liée aux études était à l’origine de 27 % des tentatives de suicide chez les jeunes de moins de 20 ans.

 

Le mot du professionnel :

 La pression peut entraîner du stress, et le stress est inhibiteur. Un enfant ou un ado trop stressé peut se retrouver complètement bloqué par le stress

Pierre Poitou, psychologue à la Maison des adolescents

Les lieux d’écoute d’information et de soutien

Des entretiens psychologiques dans les CIO pour les élèves en difficulté

S’il rencontre des difficultés, votre enfant peut se rendre dans un Centre d’information et d’orientation pour bénéficier d’un soutien psychologique.

Les psychologues de l’Éducation Nationale dans les établissements

Des conseillers et conseillères d’orientation ou psychologues de l’Éducation Nationale font partie des équipes pédagogiques des établissements. Les élèves et leur famille peuvent les rencontrer. N’hésitez pas à contacter l’établissement scolaire de votre enfant.

L’École des parents et des éducateurs de Loire-Atlantique (Epe 44)

Faciliter le quotidien des parents : c’est l’objectif de l’association L’École des parents et des éducateurs de Loire-Atlantique (Epe 44). Grâce à elle, vous pouvez par exemple discuter avec un psychologue du harcèlement à l’école, évoquer votre place de père lors d’une séparation, ou encore débattre des risques liés aux écrans chez les jeunes enfants. l’Epe 44 vous propose à vous, parents et familles, des solutions d’écoute, de débat et d’accompagnement, individuelles et collectives.

La Maison des Adolescents de Loire-Atlantique (MDA 44)

La Maison des adolescents de Loire-Atlantique (MDA) est un lieu d’écoute, d’information et d’accompagnement pour les adolescents. Elle s’adresse aux jeunes âgés de 11 à 21 ans. L’accès est gratuit et confidentiel.

Les associations de parents d’élèves

Les associations de parents d’élèves permettent aux parents de participer au fonctionnement du service public de l’éducation. Elles ont pour mission la défense des intérêts moraux et matériels communs aux parents d’élèves, à travers leur participation à différentes instances que sont les conseils d’écoles, les conseils de classe et les conseils d’administration des établissements scolaires.

Vous souhaitez échanger avec d’autres parents ?

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