Comment accompagner son enfant dans son orientation professionnelle ?

Vers quel métier s'orienter ? Quelle filière choisir pour quels débouchés ? Voici des questions qui préoccupent aussi bien votre enfant que vous, en tant que parent. À l'heure de faire ces choix, votre enfant a plus que jamais besoin de sentir que vous êtes là pour l'accompagner et l'aider.

Comment accompagner son enfant dans son orientation professionnelle ?
© Pauline Rühl-Saur / Département de Loire-Atlantique

Dans ce dossier, nous vous proposons des pistes pour trouver du soutien, mais aussi des témoignages d’enfants et de parents qui reviennent sur leur parcours d’orientation professionnelle, parfois linéaire, parfois plus chaotique, mais qui débouche toujours sur un épanouissement personnel.

  • En tant que parent, la question de l'orientation professionnelle se pose souvent au moment même où l'enfant devient un·e adolescent·e ou un·e jeune adulte. Aux inquiétudes liées à l'avenir, s'ajoute parfois une relation compliquée. C'est pourtant le moment de vous accrocher et de ne pas lâcher votre enfant.

    Témoignage de Joséphine, 17 ans.

    Joséphine est en classe de 1ère au lycée. Elle nous raconte comment elle prépare son orientation avec ses parents.

    "C'est important pour moi qu'ils soient présents, qu'ils se soucient de mon avenir, ça montre qu'ils s'intéressent à ma vie".

    J'hésite encore entre deux choix : opticienne ou kinésithérapeute. J'aimerais faire un métier où on aide les gens et où on a un contact avec eux, sans être dans le social ou le médical. J'ai fait un stage de 3e chez un opticien et ça m'a plu. Je suis allée aux portes-ouvertes d'une école d'opticiens à Angers avec mon père. J'ai rencontré la directrice et les élèves m'ont fait visiter l'école ; c'était intéressant de parler avec eux, de connaître leur parcours. De leur côté, mes parents me donnent leur avis, ils m'aident à peser le pour et le contre, même si à la fin, ils me laissent faire mon choix. C'est important pour moi qu'ils soient présents, qu'ils se soucient de mon avenir, ça montre qu'ils s'intéressent à ma vie.

    L'avis des professionnels

    "L’enfant a besoin que ses parents soient disponibles, s’intéressent à ce qu’il vit et l’accompagnent."

    Nicolas Peraldi, psychologue qui travaille notamment avec la Caf et l'École des parents et des éducateurs (Epe 44), explique :

    Dès le début et tout au long de sa vie d’enfant et d’ado, l’enfant a besoin que ses parents soient disponibles, s’intéressent à ce qu’il vit et l’accompagnent.

    Pierre Poitou, également psychologue à la Maison des adolescents de Loire-Atlantique (MDA), confirme :

    Le vrai risque, c'est que le lien se rompe. Le boulot d’un ado, c’est de se tourner vers l’extérieur. Si en tant que parent, on ne comprend rien, on trouve cela stupide ou nul, il faut faire l’effort de s’intéresser aux centres d’intérêt de l’ado afin de garder un lien avec l’enfant. Les ados s’appliquent leurs propres règles et quittent l’enfance avec l’affiliation sociale qui leur est propre. C’est cette affiliation qui fait leur dépendance au monde et à la société. Devenir adulte, c’est faire un choix relatif à ces dépendances. C’est très important, quand c’est possible, d’accompagner l’ado dans cette découverte. Les parents doivent, dans la mesure du possible, essayer de s’intéresser à ce qui intéresse leur ado, de faire un pas vers lui.

    "Les parents ont le rôle essentiel d’encourager mais aussi d’accepter que leurs enfants soient hésitants et peut-être pas encore prêts pour faire des choix définitifs."

    S'intéresser, accompagner, mais également rassurer.

    Pour Madeleine Amelineau, déléguée régionale adjointe à l'Onisep :

    Les parents sont dans cette démarche aux côtés de leurs enfants pour les rassurer : inutile de mettre la pression. Même si pour eux aussi, les étapes liées à l’orientation sont anxiogènes, il est important qu’ils restent à l’écoute de leurs enfants et qu’ils entendent leurs envies. Se focaliser uniquement sur les résultats scolaires n’est pas la réponse. Les professionnels de l’éducation aideront le jeune et sa famille à faire la part des choses. Les parents ont le rôle essentiel d’encourager mais aussi d’accepter que leurs enfants soient hésitants et peut-être pas encore prêts à faire des choix définitifs. Le processus d’orientation a besoin de temps et de maturation et sur ce temps-là, les enfants doivent pouvoir gagner en confiance d’eux-mêmes.

  • Les choix d’orientation professionnelle des jeunes sont, encore aujourd'hui, souvent guidés par des images stéréotypées des métiers. Il y a des métiers pour les hommes et des métiers pour les femmes. Cela peut bloquer certains parents et certains jeunes qui se privent de voies professionnelles qui semblent réservées à un genre particulier. Pourtant tous les métiers sont mixtes.

    Sylvie, électricienne dans la région nantaise, nous raconte son expérience.

    Je suis venue à l'électricité un peu par hasard. J'ai arrêté mes études en terminale, sans passer le bac. Ensuite j'ai enchaîné les saisons comme plongeuse ou commis de cuisine dans la restauration pendant 4 ou 5 ans. Le rythme me plaisait bien; bouger régulièrement aussi. Mais j'ai fini par avoir envie de me poser. Tout le monde pensait que j'allais chercher un poste plus stable dans la restauration, mais très honnêtement, je n'ai jamais été passionnée par ce milieu. Quelques mois de temps en temps ça allait, mais je ne voulais pas en faire mon métier. En revanche, je savais que je voulais faire un métier manuel, avec des journées qui ne se ressemblent pas, où je pourrais être assez rapidement à mon compte, sans patron au-dessus de moi. Je suis allée rencontrer un conseiller Pôle emploi et je lui ai présenté mon projet. Il m'a proposé deux formations : une pour devenir conductrice de car scolaire et une autre pour devenir électricienne. J'ai choisi l'électricité. Pendant la formation, j'étais la seule femme.

    "Je me souviens d'un monsieur qui a choisi mon devis parce que les femmes font un travail plus soigneux que les hommes."

    Lorsque j'ai monté ma propre entreprise, le fait d'être une femme a parfois été un atout, même si certains clichés ont la vie dure. Je me souviens d'un monsieur qui a choisi mon devis "parce que les femmes font un travail plus soigneux que les hommes". Aujourd'hui si certains clients sont parfois étonnés et me demandent s'il y a beaucoup de femmes électriciennes, on me juge sur la qualité de mon travail plus sur mon genre. Mais dans ma famille, ça a été plus compliqué. Ma mère a eu beaucoup de mal à concevoir que je puisse faire ce métier. Pour elle, c'était un truc de mec, point barre. "Tu vas te ruiner la santé, comment tu feras quand tu auras un enfant ? etc.", voilà le genre de phrases qu'elle a pu me sortir. Mon père lui, était persuadé que j'allais me faire manger toute crue, "c'est un milieu difficile, il faut avoir les épaules solides". Comme si c'était réservé aux hommes. Depuis, j'ai refait toute l'électricité dans leur résidence secondaire et ils n'arrêtent pas de donner mon contact à leurs connaissances qui ont des travaux d'électricité à faire !.

    Tous les métiers sont mixtes : une exposition contre les stéréotypes

    Cette exposition interroge les jeunes sur leurs stéréotypes à travers des portraits de femmes exerçant des métiers dits “masculins” et vice versa. Elle met en avant des professions non mixtes offrant des débouchés actuels et futurs.

    Plus d'infos sur l'exposition

  • François a 41 ans et il vit à Saint-Nicolas de Redon. Aujourd’hui il est éducateur spécialisé.

    "J’ai fait ce qu’on appelle le grand Chelem : j’ai redoublé ma seconde, ma première et ma terminale". Sur les raisons, François en évoque plusieurs : "mes parents se sont séparés, j’ai eu des mauvaises fréquentations et je suis tombé sur des profs complètement nuls". François a finalement fini par avoir un bac S et est parti à l’université où il a décroché un master de psychologie. "Je me suis retrouvé à apprendre et à découvrir des choses qui me passionnaient, c’était très enrichissant et motivant". Et puis, au moment de poursuivre vers l’agrégation, François en a eu marre. "La charge intellectuelle était trop lourde". Il se réoriente vers un CAP menuiserie qu’il obtient et pendant quelques années, il travaille dans cette branche. "ça m’a fait un bien fou de travailler de mes mains, de changer de milieu, de m’ouvrir". Quelques années plus tard, nouveau changement. François suit le cursus d’une école d’éducateurs spécialisés et obtient son diplôme.

    Lise a 37 ans. Originaire de Guéméné-Penfao , elle travaille et vit aujourd’hui à Montréal pour l’une des plus importantes sociétés de jeux-vidéos au monde.

    "Je ne m’imaginais pas une seconde qu’une passion puisse devenir un métier."

    J’ai redoublé ma seconde et j’ai eu mon bac sur le fil, au rattrapage. Une prof m’a conseillé de m’inscrire à la fac en langues étrangères appliquées. J’ai obtenu une licence. C’est à ce moment là que j’ai entendu parler d’une école de jeux vidéos dans le nord de la France. J’avais toujours adoré ça, mais je ne m’imaginais pas une seconde qu’une passion puisse devenir un métier. Mes parents m’ont dit "ok, mais tu payes". J’ai fait des petits boulots et un prêt étudiant. L’école a été une révélation. J’ai rencontré des gens incroyables et je me suis vraiment éclatée.

    Arthur a 27 ans, il est originaire de Clisson et vit aujourd’hui dans l’Aveyron.

    "J’avais enfin l’impression de me sentir utile et d’apprendre des choses concrètes."

    J’étais plutôt bon à l’école. Mais j’avais envie d’apprendre un métier. À la fin du collège, malgré mes réticences, on m’a orienté vers une seconde générale. J’ai fini par abandonner pour me tourner vers les Compagnons du Tour de France et j’ai fait un CAP de charpentier en apprentissage. C’était génial. J’avais enfin l’impression de me sentir utile et d’apprendre des choses concrètes. Il y a une vraie dévalorisation des filières professionnelles et c’est dommage. Aujourd’hui, j’ai du boulot, j’adore ce que je fais et ça ne m’empêche pas de m’épanouir ailleurs avec d’autres passions comme la musique ou le vélo.

  • À l’heure du choix, il ne faut pas dévaloriser la filière professionnelle, d’autant qu’elle est en train d’être complètement réformée. Souvent les parents se font une idée préconçue alors que cette filière ouvre sur de nombreux débouchés. "Désormais, pour le bac professionnel, on ne rentre plus directement dans un domaine spécialisé, mais dans une famille de métiers et ce n’est qu'en fin de seconde que l’on choisit", détaille Gilles Bellaria, directeur du CIO de Saint-Nazaire.

    Depuis la rentrée 2019, 9 familles de métiers sont mises en place dans les classes de 2nde :

    • Métiers de la construction durable, du bâtiment et des travaux publics,
    • Métiers de la gestion administrative, du transport et de la logistique,
    • Métiers de la relation client,
    • Métiers des industries graphiques et de la communication,
    • Métiers des études et de la modélisation numérique du bâtiment,
    • Métiers de l’alimentation,
    • Métiers de la beauté et du bien-être,
    • Métiers de l’aéronautique,
    • Métiers de l’hôtellerie-restauration.

    Une "pré" orientation possible dès la 3e avec la 3e prépa-métiers

    Les élèves peuvent être accueillis en classe de 3e prépa-métiers. Ce sont des classes de collégien·nes qui sont intégrées à un lycée professionnel avec des classes adaptées. Les élèves passent le brevet des collèges. Après la 3e prépa-métiers, les élèves ont accès à toutes les voies d’orientation offertes aux élèves de 3e, mais sont essentiellement préparés à poursuivre dans la voie professionnelle. Les élèves doivent être volontaires et préparer un dossier qui passera en commission.

  • L’apprentissage permet à un jeune (entre 16 et 29 ans) d'alterner entre un temps d'enseignement théorique et un temps où il travaille comme apprenti chez un employeur avec lequel il a signé un contrat.

    Plus d'infos sur l'apprentissage

  • La plateforme numérique départementale stage3e.loire-atlantique.fr facilite l’accès aux stages des élèves de 3e et propose une offre de stages ouverte sur des univers professionnels variés.

    Des ateliers d’aide à la recherche de stage dans les collèges

    Pour les collégiennes et collégiens scolarisés hors de la métropole nantaise et dans des collèges du réseau d’aide prioritaire (Rep), des ateliers d’aide à la recherche de stage dans les collèges sont animés par la Fondation agir contre l’exclusion (Face). Ce partenariat entre le Département, l’Éducation nationale, Face et les entreprises, permet de renforcer l’accompagnement à la recherche de stages pour ces publics prioritaires.

    Liens utiles

    stage3e.loire-atlantique.fr

    Fondation agir contre l’exclusion (Face)

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