Vacances j’oublie tout : peut on changer les règles et les habitudes ?

Décryptage avec deux médecins

Camille Coulon et Mélody Kerhervé sont toutes les deux médecins à la Protection maternelle et infantile (PMI) de Loire-Atlantique. Elles répondent à nos questions.

Alors, vacances, on oublie tout ?

Les congés estivaux sont l’occasion de nouvelles découvertes et de changements d’habitudes familiales. C'est le moment idéal pour se ressourcer en famille, créer du lien et des souvenirs ensemble. C'est aussi une période où on peut prendre le temps et arrêter de dire à son enfant « dépêche-toi » ou « on est en retard ».

Quels conseils donneriez-vous aux parents ?

Si un assouplissement du rythme et des habitudes peut être possible lors des vacances, il est important de rappeler aux parents :

• Qu'un enfant a besoin d’un environnement sécurisé et adapté à son âge.
• De réfléchir à une destination de vacances adaptée tant sur le lieu que sur la distance effectuée, notamment si on a des tout-petits. (Lire notre dossier : Comment voyager avec un bébé ?).
• Que les enfants de moins de 3 ans, ont besoin pour leur sécurité affective et émotionnelle de garder certains repères essentiels : heures de coucher peu décalées, temps de sommeil respectés, siestes maintenues, repas adaptés à leur âge, rituel d’endormissement au plus proche de celui réalisé à la maison, etc.
• Que l'excitation et le dépaysement des vacances peuvent fatiguer énormément les enfants et qu'il est important d'anticiper afin de recaler les rythmes de sommeil progressivement avant la rentrée.
• Que chez les ados, le sommeil est important et qu'il faut veiller à les laisser dormir et se reposer.
• Que les règles sur l'usage des écrans ne doivent pas changer pendant les vacances. C'est le bon moment pour découvrir la nature et réaliser une déconnexion numérique pour tous et passer du temps ensemble sans écrans.

Témoignage

Sophie vit à Rezé, elle est la maman de Marylou 13 ans et Achille, 17 ans.

« Les vacances, c'est fait pour ça !»

Chaque année depuis qu'ils sont petits, les enfants partent une semaine chez mes parents et une semaine chez les parents de mon conjoint. Ça s'est toujours bien passé. Nous avons un groupe WhatsApp où nous échangeons des informations et où les grands-parents peuvent poser des questions s'ils ne sont pas sûrs. Mais parfois, ils ne posent pas de questions ! L'an dernier, par exemple, ils ont laissé Achille se coucher à l'heure qu'il voulait tous les soirs - « Les vacances c'est fait pour ça ! » - mais ils le réveillaient chaque matin pour venir prendre le petit déjeuner et faire des activités avec eux. Résultat, nous l'avons récupéré complètement épuisé.

Ils ont du mal à avoir le « mauvais rôle »

Une autre chose que les grands-parents ont du mal à comprendre, c'est la place et le rôle des écrans. La semaine où les enfants étaient chez les parents de mon conjoint l'été dernier, il n'a pas fait beau. Marylou leur a demandé si elle pouvait regarder des vidéos sur leur téléphone. Ils n'ont pas dit non, et notre fille a passé des heures devant un écran, sans que personne ne lui dise que c'était trop et sans que personne ne contrôle ce qu'elle regardait. Ils ont du mal à avoir le « mauvais rôle », comme s'ils ne voulaient surtout pas entrer en conflit avec leurs petits enfants. Ce qui nous énerve le plus dans tout ça avec mon conjoint, c'est que ça ne se passait pas du tout comme ça pour nous quand nous étions enfants ou adolescents !

Témoignage

Marc et Isa vivent à Vallet. Ils sont les parents d'Abel, 4 ans.

L'été dernier nous sommes partis en vacances avec les parents d'un copain d'école d'Abel. On se connaissait peu, mais on s'entendait bien, et en discutant avec eux, nous avions l'impression d'avoir à peu près la même vision de l'éducation. Et surtout, les enfants s'adoraient, on s'est dit que ce serait super pour Abel.

Dès le premier jour, nous nous sommes rendus compte que les parents du copain étaient beaucoup plus relâchés que nous, sur à peu près tout ! Une glace en dessert en plus de celle sur la plage ? « Après tout c'est les vacances ! », un coucher difficile parce que les enfants sont excités ? « On ne va pas se battre, ce sont nos vacances à nous aussi, tant pis, ils se coucheront plus tard », « On va leur mettre un dessin animé, ça va les occuper. D'habitude on ne le fait pas, mais là, c'est les vacances ! » etc.

C'était pareil sur tout. Les repas, les activités, le sommeil etc. Au début on s'est demandé si c'était nous qui étions trop stricts et puis au bout de trois jours, les enfants ont commencé à devenir insupportables. Ils se chamaillaient et ils étaient désagréables avec nous. On a compris qu'Abel était fatigué et que tous ces changements trop radicaux ne lui convenaient pas. Nous en avons discuté avec les autres parents et nous leur avons expliqué que de notre côté, nous allions revenir à des règles de base : repas et couchers à heures à peu près fixes, pas d'écrans, etc. Ils ont compris et ont été d'accord pour s'adapter. Dès que nous avons remis des choses en place, ça a été beaucoup mieux avec les enfants.