Tabac, alcool, drogues, écrans, comment repérer les conduites à risques chez les jeunes ?
Comment savoir si votre enfant a une conduite à risque ? Quels sont les signes à repérer et que faire pour l'aider et l'accompagner ? Si certaines consommations, comme le tabac, sont en baisse chez les jeunes, d'autres conduites addictives, notamment liées à l'usage des écrans, sont en pleine expansion. Moins visibles, elles n'en sont pas moins dangereuses pour la santé.


Décryptage avec Gaëtan Leroy, infirmier spécialisé en addictologie
Gaëtan Leroy est infirmier dans un centre de soin, d'accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) à Châteaubriant. Il fait partie du dispositif Nomaddo qui permet aux professionnels et aux professionnelles d'aller à la rencontre des jeunes qui ont des problèmes d'addictions.
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Gaëtan Leroy, infirmier, répond à nos questions.
Comment définiriez vous l'addiction ?
Sans entrer dans une définition médicale, je pense que c'est la perte de contrôle qui est au centre de l'addiction. On est addict quand on ne peut plus se passer de quelque chose. Même si l'on sait qu'il faudrait arrêter ou limiter, on n'y arrive pas et le produit dont on est dépendant va prendre de plus en plus de place dans notre vie.
En tant que parent, comment peut-on repérer que son enfant perd le contrôle et devient addict ?
Ce n'est pas simple. La plupart du temps, ça passe inaperçu. Si on a un doute, le meilleur moyen, c'est d'en parler à son enfant, d'ouvrir le dialogue. Pas forcément directement sur la question de la consommation d'un produit, mais plutôt sur l'état général. On peut par exemple, demander si tout va bien en ce moment. Ensuite, il peut aussi y avoir des signes liés à l'addiction.
Quand on est dépendant à un produit ou à quelque chose, cela va grignoter le quotidien. On va avoir tendance à délaisser certaines choses qui nous intéressaient, comme un sport ou une activité. Il peut aussi y avoir des conséquences sur les apprentissages, avec des notes qui baissent à l'école. La qualité du sommeil qui baisse et la fatigue sont également des signes que quelque chose ne va pas.
Mais sans parler d'addiction, les enfants changent à l'adolescence. Comment faire la différence entre un comportement d'ado et un comportement à risque ?
Effectivement, l'expérimentation, l'attrait de la nouveauté ou l'envie de tester les limites sont propres à l'adolescence. C'est pourquoi j'insiste vraiment sur la nécessité de discuter avec son enfant. Dès qu'on a un doute ou qu'on se pose des questions, il faut en parler.
Comment peut-on accompagner son enfant quand il est en situation d'addiction ?
Je pense qu'en tant que parent, c'est important de montrer à son enfant que l'on s'inquiète. C'est tout à fait légitime de s'inquiéter pour son enfant. Il faut aussi faire preuve d'autorité, même si c'est l'enfant qui finira par faire le choix de se faire aider. Parfois, ça ne peut pas se régler à la maison et il ne faut pas hésiter à faire appel à un regard extérieur. Vous pouvez directement donner à votre enfant le contact d'une structure qui pourra l'accompagner et l'aider. Ça peut aussi, par exemple, passer par le médecin traitant.
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Selon l'étude l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives, les trois produits les plus consommés par les adolescents sont l’alcool, le tabac et le cannabis. La consommation de tabac est en très nette baisse chez les jeunes, celle de l'alcool diminue aussi mais reste élevée et de nouvelles pratiques, comme la cigarette électronique font leur apparition.
Mais l'un des plus gros risques aujourd'hui, est celui lié à l'usage des écrans et des jeux vidéo.
Comme le rappelle Gaëtan Leroy :
Souvent, cela inquiète moins les parents. L'enfant joue sur l'ordinateur, sur son téléphone ou sur une console dans sa chambre, il est à la maison, tout va bien.
Pourtant, un usage abusif des écrans peut non seulement avoir des conséquences sur la santé de l'enfant, mais entraîner les mêmes risques qu'une consommation de drogue, en grignotant de la place sur les autres activités de l'enfant et en ayant un impact direct, notamment sur le sommeil et sur les apprentissages.
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Même si aucun signe ne vous alerte, vous pouvez parler des comportements à risques à votre enfant et le faire participer à des temps d'information sur les addictions.
Explications de Gaëtan Leroy :
Au début de la consommation, on est uniquement dans le plaisir et on ne comprend pas pourquoi il faudrait consulter ou s'interroger sur son comportement. La prévention peut apporter ce questionnement. Pourquoi je consomme ? Est-ce que je ne pourrais pas faire autrement ?.
De nombreuses associations interviennent dans les établissements scolaires. Les Csapa ou la Maison des adolescents (MDA) organisent aussi des temps d'échange autour de la prévention des conduites addictives. N'hésitez pas à contacter directement ces structures :