Quel rôle pour les grands-parents dans l'éducation des enfants ?
Relais bienvenus, traits-d'union, soutiens essentiels et parfois donneurs de leçons un peu agaçants : les grands-parents, lorsqu'ils sont présents, jouent un rôle dans l'éducation de vos enfants. Quelle place leur accorder ? Comment vit-on sa relation avec ses propres parents une fois qu'on a un enfant ?

Dans ce dossier, vous pourrez découvrir le travail du Réseau des parents parfaitement imparfaits (Res'PPI) et des témoignages de parents et de grands-parents. Vous pourrez également accéder à des ressources (lieux d'accueil, vidéos, articles...) pour aller plus loin.
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Marie-Annick Petit a trois enfants et trois petits-enfants de 8, 16 et 21 ans. Elle fait partie du Réseau des parents parfaitement imparfaits (Res'PPI) et a participé à des ateliers d'échanges entre grands-parents organisés par l'association. Elle témoigne.
Vous avez participé à plusieurs groupes de discussions avec des grands-parents. Quelles sont leurs principales préoccupations ?
L'éducation revient souvent, le rapport à l'autorité aussi. Qu'est-ce qu'on peut laisser faire ou non ? Comment trouver le bon équilibre entre les principes d'éducation qu'on peut avoir et ceux que nos enfants ont mis en place. Certains grands-parents s'interrogent aussi sur les réponses à apporter à leurs petits-enfants, par exemple sur la guerre en Ukraine. D'autres ont des relations compliquées avec leurs enfants. D'autres ont des enfants qui vivent loin. Dans les deux cas, ils voient peu leurs petits-enfants et cherchent des solutions.
Et vous, quelle relation vous avez avec vos petits-enfants ?
Ça se passe plutôt bien. Ma petite-fille de 21 ans est en Suède pour ses études. Nous échangeons souvent via Whatsapp. Ma petite-fille de 16 ans est une fan de mangas. Elle m'a fait découvrir son univers. Je lui donne quelques conseils parfois, notamment de faire attention sur les réseaux sociaux. Elle me répond sur un ton peu agacé "mais mamy je sais !". Le petit dernier de 8 ans est très autoritaire et est passionné de serpents. Nous allons souvent au Muséum d'histoire naturelle à Nantes. Dans l'ensemble, ils me font découvrir des mondes que je ne connaissais pas. Je suis ravie de partager ça avec eux et quand je peux, j'essaye de les réunir pour qu'ils passent du temps tous les trois.
Et avec vos enfants ?
Je me reproche parfois d'avoir été trop laxiste, (je suis une soixante-huitarde !) mais eux ne me le reprochent pas. Nous discutons beaucoup, notamment sur les règles d'éducation qu'ils ont choisi pour leurs enfants. J'ai, par exemple, une belle-fille qui est très stricte sur l'accès aux écrans. Je respecte ça. Ce sont leurs choix.
En savoir plus sur le réseau des parents parfaitement imparfaits (Res'PPI)
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Le témoignage de Jasmine, 22 ans, qui est très proche de ses grands-parents paternels :
Mes grands-parents sont relativement jeunes - 65 et 67 ans - et sont très ouverts. Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours adoré mes grands-parents paternels. De l'enfance j'ai de supers souvenirs de vacances au bord de la mer, de jeux, d'après-midi à faire des crêpes ou à jouer à des jeux de société. Vers 15 ou 16 ans, j'ai eu une phase où je me suis vraiment sentie mal dans ma peau et où j'ai fait pas mal de conneries. Mes parents ont resserré la vis.
Pendant cette période, je ne me sentais bien que chez mes grands-parents paternels. Ils ne m'ont jamais jugé ni fait de remarques. Même des fois où je débarquais chez eux après m'être disputée avec mes parents, ils m'ouvraient la porte, ils prévenaient mes parents et disaient "elle est à la maison, on s'en occupe". Avec le recul, je me rends compte que si j'ai arrêté de faire n'importe quoi c'est surtout pour ne pas les décevoir eux, plus que mes propres parents. Aujourd'hui, quand on se voit, on rigole de tout ça. J'aimerais qu'ils vivent assez longtemps pour connaître mes enfants et qu'ils deviennent arrières-grands-parents.
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Christiane et François ont un petit fils de 20 mois, ils témoignent :
Notre petit-fils a 20 mois. Depuis qu'il est né, c'est un vrai bonheur de le voir et de le garder de temps en temps. Mais il y a peu, nous avons dû mettre un peu les choses au clair avec notre fils. Nous avions l'impression que nous étions devenu une sorte de mode de garde. Il appelait et nous demandait si on était disponibles tel jour ou tel week-end et si on était d'accord, il nous le déposait. Au début, lui et sa compagne passaient un peu de temps avec nous, mais dernièrement, ils ne restaient même pas déjeuner avec nous.
Ils nous déposaient le petit et filaient faire ce qu'ils avaient à faire. Ils nous ont aussi demandé si on pouvait garder notre petit-fils un soir par semaine. Nous en avons discuté et nous avons dit non. Nous ne voulions pas que la garde soit systématisée de la sorte. Nous avons notre vie aussi et l'idée d'être bloqués chaque semaine ne nous a pas plu. Et pour les gardes ponctuelles, nous avons demandé à ce que les parents passent du temps avec nous aussi ! On garde le petit, mais on passe du temps tous ensemble !
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Anne-Sophie, 42 ans, a deux enfants de 10 et 7 ans. Elle témoigne :
Je me suis séparée du papa des enfants il y a bientôt trois ans. Comme dans beaucoup de séparations, il y a eu des moments difficiles. Mais il en est aussi ressorti du positif. Les changements dans la relation que j'avais avec mes parents en font partie. Depuis l'adolescence, j'avais des relations compliquées avec mes parents, surtout avec ma mère. Quand j'ai eu ma fille, j'ai essayé de retisser les liens, mais c'était compliqué. À la naissance de mon fils, j'ai essayé à nouveau, mais ça n'a pas fonctionné.
Je n'empêchais pas mes parents de voir leurs petits-enfants, mais j'y allais à reculons, et si jamais j'avais l'impression que mes parents n'avaient pas respecté à la lettre les consignes que j'avais laissées, je me mettais en colère et je menaçais de ne plus leur confier les enfants. Lorsque nous nous sommes séparés avec mon conjoint, j'ai eu besoin de relais et je me suis retrouvée à devoir vivre un temps chez mes parents. J'ai pu voir comment ils étaient au quotidien avec les enfants et surtout comment ma mère était très différente avec eux par rapport à comment elle avait été avec moi. Nous avons pas mal discuté et elle a fini par me dire qu'elle aurait bien aimé avoir pu m'élever comme j'élevais mes enfants, qu'elle avait beaucoup appris avec moi et qu'elle était contente de pouvoir le faire avec ses petits-enfants.