Premières vacances sans les parents : comment rester zen et faire confiance ?

Décryptage avec Eva Julien-Couteau, animatrice jeunesse d'Animaje

Eva Julien-Couteau est animatrice jeunesse d'Animaje. Cette association d'éducation populaire mène des actions auprès des jeunes de 11 à 25 ans sur huit communes de l'agglomération Clisson Sèvre & Maine, et les accompagne dans leur premier départ en vacances autonome.

Quelle forme prend l'accompagnement des jeunes qui souhaitent partir en autonomie ?

L'idée c'est de co-construire la préparation du séjour avec les jeunes et leur famille. Ce sont des jeunes que nous connaissons déjà. Soit ils viennent régulièrement à l’espace jeune, soit ils sont déjà partis avec nous lors de séjours encadrés. Pendant plusieurs mois, souvent entre janvier et juin, nous organisons plusieurs réunions. Une fois que les jeunes ont présenté leur projet, nous travaillons avec eux sur son organisation. Cela passe par appeler le camping pour réserver, programmer et réserver certaines activités, faire les menus et la liste des courses et la préparation des actions d'auto-financement. Pour cela nous avons un réseau d'acteurs culturels locaux sur lequel nous pouvons nous appuyer, comme le Hellfest. Mais cela n'empêche pas certains jeunes de prendre des initiatives. En complément, nous organisons des ateliers pratiques pour que les jeunes soient le plus autonomes possibles, comme par exemple, apprendre à réparer un pneu de vélo crevé.

Qu'est ce qui questionne le plus les jeunes dans l'organisation de leur séjour ?

Le budget et le coût des vacances est souvent ce qui marque le plus les jeunes. Ils en prennent vraiment conscience en le faisant eux-mêmes. Nous évoquons aussi la question des relations au sein du groupe. Sur ce point nous leur laissons le choix, soit de faire un planning pour répartir les tâches, soit de choisir de faire appel au bon sens et à la bonne entente. Nous abordons également la consommation d'alcool et la sexualité. Ces échanges se font de façon informelle. Nous ne sommes pas là pour mettre la pression aux jeunes ou leur faire la morale. La confiance est essentielle et il ne faut pas oublier que les vacances doivent rester un moment où on se détend et où on s'amuse.

De quelle façon impliquez-vous les familles ?

Nous faisons une réunion avec l'ensemble des parents pour répondre à leurs questions, mais aussi pour qu'ils se rencontrent et que les jeunes leur présentent leur projet. C'est important de pouvoir impliquer les parents, qu'ils soient eux aussi acteurs. Par exemple, la question des déplacements est souvent une source d'inquiétude pour les parents. Lorsque c'est possible, nous essayons de faire en sorte que ce soit un ou quelques parents qui déposent les jeunes au camping. Comme ça ils visualisent les lieux et peuvent raconter aux autres parents. Nous insistons pour que les parents échangent leurs coordonnées et partagent des informations et des nouvelles. Nous encourageons les parents à être parties-prenantes dans l'organisation des activités pendant le séjour. Comme ça, ils savent que tel jour à telle heure, les jeunes font une initiation au surf ou autre. Nous les impliquons aussi pour aller faire les courses, comme ça ils savent ce qui est prévu pour la semaine. Ça rassure.

Comment se passent les séjours en général  ?

Très bien ! Nous mettons en place un suivi téléphonique tout au long de la semaine, pour avoir des nouvelles. Et nous nous réservons le droit d'annuler le séjour si jamais il y a un problème. Mais les jeunes comprennent bien que l'enjeu est de leur côté et que ce sont eux qui ont le plus à perdre dans l'histoire.

Ludivine vit à Orvault. Elle se souvient des premières vacances en autonomie de son fils à 17 ans.

Pour ses premières vacances sans nous, notre fils voulait partir avec un copain en vacances à La Baule. Ils voulaient louer un petit logement. Nous avons donné notre feu vert. Ce n'était pas très loin de la maison et ça nous paraissait raisonnable pour un premier départ autonome.

Nous avons tout même mis quelques conditions : tu travailles pour financer tes vacances, c'est nous qui réservons le logement et qui venons faire l'état des lieux de sortie et interdiction d'inviter d'autres copains et copines.

La semaine passe, et le jour où nous devons récupérer notre fils et son copain, nous allons sur place. Personne ne répond à l'interphone, ni au téléphone. Pas plus mon fils que son copain – ça c'est vraiment un conseil que je donne : prenez les numéros de téléphone des copains ; les ados ont souvent des problèmes de batterie sur leur téléphone – nous insistons et ils finissent par nous ouvrir.

En arrivant dans le logement, nous constatons que c'est le bazar et que le ménage n'a pas été fait. Nous avons aussitôt contacté le propriétaire pour lui demander si on ne pouvait pas décaler l'état des lieux d'une demi-heure. Les deux copains avaient fait la fête la veille et n'avaient pas entendu le réveil. Nous avons donc donné un coup de main pour faire le nettoyage.

Au-delà de ce petit raté, je trouve que ça a été une bonne expérience. De notre côté, nous avons pu constater que la plupart des règles avaient été respectées et pour mon fils, ça lui a appris à anticiper un peu plus les échéances.