Identité sexuelle et genre, comment répondre aux questions des enfants ?

S'il reste tabou ou incompris chez certains parents, le sujet du genre et de l'identité sexuelle ne l'est plus chez les jeunes. La parole s'est libérée. Les enfants et les ados sont de plus en plus nombreux à revendiquer leur choix de ne pas s'enfermer dans un stéréotype de genre. Dans ce dossier, nous vous aidons à comprendre comment accompagner votre enfant et répondre à ses questions.

Identité sexuelle et genre, comment répondre aux questions des enfants ?
© FG Trade - iStockphoto

Élodie Guiho, accompagnatrice sociale à la Maison des adolescents de Loire-Atlantique et Jérôme Brethomé, président de l'association Contact 44, répondent à nos questions.

  • Les explications de Jérôme Brethomé, président de l'association Contact 44 :

    La transidentité regroupe l'ensemble des situations des personnes qui vivent une inadéquation avec le genre (garçon – fille ou homme – femme) qui leur a été assigné à la naissance ; on parle donc plutôt de transidentités au pluriel. La non-binarité, c'est lorsqu'on ne se reconnaît pas dans le système binaire des genres, exclusivement homme ou exclusivement femme. Faire une transition, ça ne veut pas forcément dire prendre tous les codes habituellement attribués à l'un des deux genres. Ça peut aussi être un mélange des deux.

    L'association Contact 44 favorise le dialogue entre les parents, les lesbiennes, gays, bi et trans, leurs familles et ami·e·s. L’association propose notamment des groupes d’écoute et de parole entre parents et jeunes concernés.

    Plus d'infos sur l'association

  • Élodie Guiho, accompagnatrice sociale à la Maison des adolescents de Loire-Atlantique et Jérôme Brethomé, président de l'association Contact 44, répondent à nos questions.

    Quand on est parent, comment peut-on répondre au mieux à son enfant qui pose des questions sur le genre ou sur l'identité sexuelle ?

    Élodie Guiho : Le mieux, c'est d'en parler avec lui, d'être à l'écoute et si on ne sait pas répondre, de proposer d'en parler à l'extérieur. Vous pouvez aussi, en tant que parent, vous faire accompagner pour comprendre ces questions là. Il y a eu une vraie libération de la parole sur le sujet. Souvent les jeunes en entendent parler au collège ou au lycée et ils en parlent beaucoup entre eux et n'ont plus peur d'en parler à des personnes qui sont directement concernées.
    Jérôme Brethomé : Il faut dédramatiser la question du genre, et de ses représentations. Si par exemple on a un petit garçon qui s'habille en fille, ça ne veut pas forcément dire qu'il va ou veut changer d'identité. Cela fait aussi partie d'une exploration normale. Quel que soit l'âge de l'enfant, nous encourageons les parents à être à l'écoute tout en acceptant de ne pas forcément tout comprendre tout de suite. Certains parents voudraient que ça aille vite, mais l’enfant peut lui-même mettre du temps à comprendre et s’accepter, il convient de ne pas aller plus vite que ses découvertes et ses envies. Une autre erreur serait d’aller contre et de nier ce que ressent son enfant, qui plus est, sans se renseigner.

    Comment accompagner son enfant s'il se pose des questions ?

    Élodie Guiho : En tant que parent, il faut être attentif et à l'écoute. Souvent quand les jeunes viennent nous voir, c'est parce qu'ils ont envie de prendre le temps d'en parler et qu'on les aide à en parler avec leurs parents. L'ado peut avoir du mal à imaginer que ses parents puissent comprendre ce qu'il vit. Parfois ce sont des questions qu'il a en tête depuis un moment, sans les verbaliser.
    Jérôme Brethomé : Si l'enfant est en souffrance, il est préférable de se faire aider et éventuellement de consulter une praticienne ou un praticien bienveillant. Mais si l'enfant ou l'ado va bien, il faut le laisser vivre. Même s'il n'y a pas de souffrance, ça ne sera pas simple, la société n’est pas encore totalement accueillante vis-à-vis des transidentités. Et s'il y a bien une transition qui démarre, accompagner son enfant dans toutes ses démarches (sociales, administratives ou médicales) lui est souvent d’un grand soutien.
  • Élodie Guiho, accompagnatrice sociale à la Maison des adolescents de Loire-Atlantique, explique :

    Il y a une méconnaissance du sujet chez beaucoup de parents qui sont nombreux à penser, par exemple, que le changement d’expression de genre passe systématiquement par de la chirurgie. Ce n’est pas le souhait de la plupart des ados que nous rencontrons. Nous accompagnons les parents à comprendre ce que cette question du genre veut dire pour leur enfant et en quoi c’est important pour lui ou elle.

    Pour Jérôme Brethomé, président de l'association Contact 44 :

    Une transidentité est souvent moins intime que l'affirmation d’une orientation sexuelle. L'expression de genre évolue, c'est donc plus visible. La personne peut vouloir s'approprier les codes de l'autre genre (vêtements, coiffure etc.), changer de prénom, de pronom. Tout cela contribue à l'expression de genre. C'est beaucoup plus frontal pour l'entourage. Pour les parents, déconstruire leur propre vision du genre peut être difficile. Ils ont grandi dans une société qui imposait ces modèles. Et puis, la plupart des parents se projettent dans des modèles binaires. C'est de cette projection dont ils doivent parvenir à se défaire. Il n’y a pas de deuil d’enfant à faire, il est toujours là, avec une expression différente. Si deuil il y a, c’est celui de la projection qu’on s’est faite de lui.
  • Pour Jérôme Brethomé, président de l'association Contact 44 :

    Ce n'est pas du tout un phénomène de mode. C’est toujours la même rengaine quand on commence à parler plus ouvertement d’un sujet tabou. On disait exactement la même chose de l'homosexualité il y a 40 ans, en brandissant la peur d’une contagion ou d’un mimétisme. Les personnes transgenres sont juste plus visibles. Il y a eu une libération de la parole sur ce sujet. C'est aussi sans doute parce que les jeunes, par nature, bousculent et forcent le changement social, en revendiquant la liberté d'être, en dehors des modèles traditionnels dominants. C’est quelque chose d'intimement ancré en eux, et non une simple provocation.

    Élodie Guiho, accompagnatrice sociale à la Maison des adolescents de Loire-Atlantique, précise :

    Des parents pensent souvent que c'est un simple effet de mode et que ça va passer. Mais on constate aujourd'hui une vraie libération de la parole sur ces sujets chez les jeunes. Ils en parlent entre eux et sont nombreux à ne plus vouloir être enfermés dans un stéréotype de genre.

Cette page vous a-t-elle été utile ?