Comment se préparer à l'allaitement ?

Comme beaucoup de choses liées à la maternité, l’allaitement peut paraître naturel. Mais sa mise en place reste un apprentissage. Retrouvez dans ce dossier les conseils de Marie Le Moing, sage-femme à la Protection maternelle et infantile (PMI), deux témoignages de mamans, et bien sûr des informations et ressources pratiques.

Comment se préparer à l'allaitement ?
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"L'allaitement reste un choix et pas une injonction" : décryptage par Marie Le Moing

Marie Le Moing est Sage-femme pour la Protection maternelle et infantile (PMI) à l’Espace départemental des solidarités (EDS) Cassin Einstein (La Chapelle-sur-Erdre, Orvault et Sautron). Elle vous en dit plus sur les bienfaits de l’allaitement, sa mise en place et les accompagnements que vous pouvez trouver pour vous aider. Elle répond à nos questions tout au long de ce dossier.

  • L’allaitement est-il recommandé ?

    L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande un allaitement exclusif pendant 6 mois puis, jusqu’à 2 ans voire plus, un allaitement en relais d’une alimentation diversifiée.

    Quels sont les bénéfices de l’allaitement ?

    Le lait humain est le plus adapté à notre espèce. Il contient des éléments qui sont absents du lait de vache. De manière générale, l’allaitement va majorer certains bénéfices liés à la santé de l’enfant, par exemple la réduction du risque de la mort inattendue du nourrisson (MIN), mais également pour la santé de la maman.

    D’une façon générale, l’allaitement va majorer certains bénéfices liés à la santé de l’enfant, mais également pour la santé de la maman.

    Par ailleurs, le contact rapproché avec la maman au moment des tétées va permettre la sécrétion d’ocytocine, une hormone qui va renforcer le lien d’attachement entre la mère et son bébé et favoriser le développement de l’enfant. L’allaitement a également un effet protecteur contre la dépression du post-partum. Enfin, l’allaitement permet aux mamans d’avoir un sommeil plus récupérateur, même s’il est plus fractionné.

    Retrouve-t-on les mêmes bénéfices lors d’un allaitement mixte ?

    Un allaitement partiel (sein et biberon de lait infantile par exemple), ne serait-ce qu’une seule tétée par jour, aura des bénéfices. Et plus ça dure dans le temps, plus les bénéfices seront importants.

    Quel doit être le rôle du ou de la partenaire pendant l’allaitement ?

    L’autre parent doit être là pour assurer un relais suffisant. Faire à manger, faire le ménage, s’occuper de la maman et du bébé lorsqu’il n’est pas en train de téter, tout en se ménageant aussi. La maman doit éviter de s’isoler. C’est important de faire appel à l’entourage ou d’aller à la rencontre d’associations de soutien à la parentalité, par exemple lors de groupes de parole, de personnes qui vivent la même chose. Vous pouvez également demander une aide à domicile.

    Et si on ne veut pas allaiter ou si on ne peut pas ?

    Il existe plein d’autres façons d’être une super maman et de créer de l’attachement avec son bébé, comme le peau à peau par exemple.

    Ce n’est pas une injonction et surtout, ça ne doit pas pas être une contrainte.

    L’allaitement reste un plus dont les bénéfices restent transitoires, mais ce n’est pas une injonction, et surtout, ça ne doit pas être une contrainte.

  • L’allaitement est-il facile à mettre en place ?

    Ça dépend vraiment de chaque mère et de chaque bébé. L’allaitement maternel n’est pas instinctif, c’est quelque chose qui s’apprend. Il y a beaucoup d’idées reçues sur l’allaitement et souvent, la représentation qu’on s’en fait peut être très différente de la réalité. Si on choisit d’allaiter son enfant, il est essentiel de s’y préparer avant et d’être bien accompagné après l’accouchement.

    L’allaitement maternel n’est pas instinctif, c’est quelque chose qui s’apprend.

    Je recommande vivement de participer à des ateliers allaitement et de demander des conseils aux sages-femmes de la maternité. C’est important de se tourner vers des professionnelles et des professionnels qui sont formés pour accompagner les mamans et les futures mamans sur ce point précis. Quelqu’un avec qui on se sent en confiance. Et c’est important aussi de s’écouter et d’être bien entourée.

    Avez-vous des conseils pour que l’allaitement se passe au mieux ?

    Encore une fois, chaque cas est unique. L’essentiel, c’est de partir de ce que l’on souhaite, de s’écouter et de mettre en place un accompagnement hyper personnalisé. Ce qu’on peut retenir, c’est de faire attention à ce que le bébé ait une bonne prise du sein en bouche, c’est-à-dire le maximum d’aréole et pas uniquement le mamelon. Et il faut bien évidemment proposer les deux seins à chaque tétée. Un enfant qui tête bien, va, en général, produire entre 5 et 6 couches d’urine par jour et faire caca 3 ou 4 fois dans la journée. Allaiter ne doit pas être douloureux. Dès que ça devient désagréable, il ne faut pas accepter la douleur et consulter tout de suite.

    Allaiter ne doit pas être douloureux. Dès que ça devient désagréable, il ne faut pas accepter la douleur et consulter tout de suite.

    La mise en place de l’allaitement demande une sorte de calibrage, en fonction de la production de lait et des besoins du bébé et là encore, c’est différent pour chaque bébé. En général, on compte 8 à 10 tétées par jour qui ne sont pas forcément réparties de façon harmonieuse car chaque femme n’a pas la même capacité de stockage. Il faut compter environ 3 à 4 semaines pour que le volume se calibre. Il faut accepter une certaine forme d’anarchie dans le rythme et l’organisation et s’adapter, quitte à faire plusieurs essais avant de trouver son rythme et un fonctionnement qui convienne à la maman et au bébé.

    Existe-t-il des positions recommandées pour la maman et pour le bébé ?

    Pas du tout. L’idéal, c’est de trouver comment vous et votre bébé êtes le mieux. On a tout à fait le droit d’inventer des positions !
    Comment savoir si on produit suffisamment de lait ?
    Le sein fonctionne comme un réservoir. Plus on le vide, plus il va se remplir. La capacité de production varie en fonction de chaque femme. Celles qui ont une capacité de stockage plus faible seront amenées à faire sortir le lait plus régulièrement. Sur le premier mois, plus vous allez réussir à faire couler du lait, plus vous allez en produire.

    L’allaitement comporte-t-il des risques ?

    Il peut y avoir des douleurs ou des infections. Pour les soulager, on peut faire des massages aréolaires, des cataplasmes de lait maternel ou placer son sein dans un verre d’eau chaude (mais non brûlante) afin que le verre fasse ventouse et que le mamelon soit immergé. En cas de doute ou de douleurs trop vives, il faut consulter immédiatement.

    Quelles sont les précautions à prendre avant d’allaiter ?

    Lorsqu’on est malade il faut impérativement consulter une professionnelle ou un professionnel afin de savoir quel médicament on peut prendre ou pas. L’automédication est à proscrire. Et bien entendu, la consommation de tabac, d’alcool et de drogues est interdite.

    Comment fait-on pour arrêter l’allaitement ?

    Le sevrage se fait de façon progressive, au rythme de chacun.

  • Comment s’organiser quand on reprend une activité ?

    La loi autorise une salariée à s’absenter de son travail 1h par jour pour allaiter ou tirer son lait. Si l’entreprise compte plus de 100 salariés, l’employeur doit mettre un local dédié et un réfrigérateur à disposition. En revanche, le temps d’absence pour allaiter ou tirer son lait n’est pas rémunéré (sauf convention collective spécifique). Le conseil que je peux donner, notamment pour les femmes qui ont une capacité de stockage limitée, c’est de partir au travail avec les seins les plus vides possibles. Au niveau du rythme, lorsqu’on tire son lait, l’objectif est de reproduire un peu ce que le bébé a l’habitude de faire. Il est préférable de le faire dès que les seins sont tendus, pour éviter les engorgements. Et il ne faut pas calculer en terme de temps passé, mais plutôt en terme de volume de lait recueilli. Là encore, c’est vraiment en fonction de chacune.

    Plus d'informations sur la loi

    Comment peut-on tirer son lait et comment doit-on le conserver ?

    Il existe plusieurs sortes de tire-lait, manuels et électriques. On peut également tirer son lait à la main. Certaines associations, mutuelles ou pharmacies proposent différents modèles de tire-lait à la location, parfois sans qu’il soit nécessaire de laisser une caution. Le lait maternel se conserve 4h à température ambiante, 2 jours au réfrigérateur et 4 mois au congélateur. Une fois décongelé, il faut consommer le lait dans les 24 heures. Le lait décongelé peut avoir une odeur un peu aigre, mais il reste propre à la consommation et ça ne dérangera pas bébé. La conservation doit se faire dans des conditions d’hygiène irréprochables (mains et matériel lavés, réfrigérateur propre, etc.).

    Existe-t-il un risque que le bébé préfère le biberon au sein ?

    Si l’allaitement maternel se passe bien, il n’y a pas de raison que cela arrive. En cas de difficulté, il est possible de se rapprocher des professionnelles de la PMI.

  • Caroline vit à Saint-Herblain. Elle a une fille de 4 ans et demi.

    Avant la naissance de Nina, c’était évident que j’allais allaiter, ça tombait sous le sens. Je ne me suis pas documentée plus que ça. Pour moi, c’était quelque chose de naturel. J’ai demandé quelques conseils à ma mère et à d’autres femmes de mon entourage qui m’ont toutes dit, en gros, "ne te prends pas la tête, ça se fera tout seul quand le bébé sera là". Et comme j’étais déjà suffisamment stressée comme ça par l’accouchement, j’ai décidé d’écouter leur conseil. Lorsque Nina est née, une fois passé le temps de la première rencontre et des premières émotions, lorsque nous avons été installés dans notre chambre, j’ai essayé de mettre Nina au sein.

    Ça me faisait mal et elle ne se nourrissait pas assez. Nina pesait 2,7 kilos à la naissance et très vite, on m’a dit que si elle ne prenait pas du poids, il faudrait lui donner un biberon.

    Une sage-femme de la maternité est venue et m’a donné des conseils. Mais j’avais beau essayer, Nina n’arrivait pas à prendre correctement le sein. Ça me faisait mal et elle ne se nourrissait pas assez. Nina pesait 2,7 kilos à la naissance et très vite, on m’a dit que si elle ne prenait pas de poids, il faudrait lui donner un biberon. J’étais perdue. En plus, suivant les sages-femmes qui étaient de garde, le discours était différent. Certaines me disaient qu’il était urgent de passer au biberon pour que ma fille reprenne des forces, et d’autres qu’il fallait que je prenne mon temps et qu’on allait finir par s’accorder et trouver notre rythme. Avec mon conjoint, on a fait des recherches sur internet et trouvé un contact à la Leche League (voir la rubrique "Les lieux d’informations, d’écoute et de soutien"), un numéro de portable. J’ai appelé à 21h ou 22h et j’ai demandé de l’aide. Ce qu’on m’a dit n’a pas vraiment différé de ce que certaines sages-femmes de la maternité m’avaient dit, mais la femme que j’ai eu a bien pris le temps de m’expliquer comment il fallait faire. Elle m’a aussi rassurée en me disant que ma fille pouvait prendre quelques biberons pour reprendre des forces avant de repasser au sein et que j’avais le temps. Ça m’a paru plus clair et moins définitif. Et dès le lendemain, ça a été mieux.

    Gwenn vit à Saint-Nazaire. Elle a une fille de 3 ans et un fils de 6 ans.

    Lorsque j’ai eu mon fils, j’avais envie d’allaiter, ce que j’ai fait les trois premiers mois, assez facilement. Lorsque j’ai repris le travail j’ai loué une tireuse, mais je me suis rendu compte que les téterelles étaient trop petites. J’ai laissé traîner les choses, tout simplement parce que j’étais sous l’eau et épuisée. Une semaine après, j’ai fait une mastite. On m’a dit que ça n’était pas forcément lié, mais toujours est-il que j’ai dû arrêter l’allaitement. Et franchement, lorsque j’ai arrêté, et que j’ai aussi arrêté de me réveiller toutes les nuits - nous étions passé au biberon et on se relayait une nuit sur deux, voire une nuit sur trois pour que je récupère - ça m’a fait tellement de bien que j’ai décidé de ne pas reprendre. Pour notre fille, j’ai décidé d’allaiter le premier mois et de passer au biberon ensuite. Je ne regrette pas, mais je me souviens d’avoir dû subir pas mal de remarques, notamment de certaines copines, qui me disaient que je faisais une erreur.

Le saviez-vous ? Vous pouvez aussi faire un don de lait maternel

Le lait maternel est indispensable aux grands prématurés ainsi qu’à des enfants présentant des pathologies digestives spécifiques. Le lait maternel, après traitement si besoin, est distribué dans les différents services de pédiatrie du CHU de Nantes sur prescription médicale (réanimation néonatale, soins intensifs de néonatologie, néonatologie, pédiatrie, etc.).
Si vous allaitez un bébé de moins d’un an, pour tout don de lait maternel, vous pouvez contacter le lactarium du CHU de Nantes au 02 40 08 34 82.
L’équipe paramédicale est à votre disposition pour répondre aux différentes questions concernant le don de lait : examens préalables et quantité de lait nécessaire, matériel, conservation du lait, etc.
Les collectes se font à domicile dans un rayon de 100 km autour de Nantes et couvrent les départements suivants: 44, 49, 56 et 85 principalement ainsi que Rennes pour le 35 et une partie du département de la Mayenne (53).
Après un entretien téléphonique préalable, les professionnelles et les professionnels vous fixeront une date et un horaire de passage à domicile en fonction de vos disponibilités.

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