Comment savoir si mon enfant mange trop de sucre ?

Des bonbons d'Halloween en passant par les goûters d'anniversaire, mais aussi les plats préparés ou tout simplement les fruits ou le lait, le sucre est partout. Dès lors, comment savoir à partir de quand cet aliment associé au plaisir et à la fête peut devenir problématique pour la santé des enfants ? Comment en limiter la consommation et faire attention sans le diaboliser ?

Comment savoir si mon enfant mange trop de sucre ?
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Dans ce dossier

Delphine Caillon-Loger, diététicienne - nutritionniste fait le tri dans les idées reçues. Vous retrouverez également des témoignages de parents et de nombreuses ressources pour tout savoir sur le sucre.

  • Décryptage avec Delphine Caillon-Loger diététicienne-nutritionniste à Nantes

    Delphine Caillon-Loger a notamment travaillé avec le Département sur l'alimentation dans les cantines des collèges et organise des ateliers et conférences en Maison de Santé et en entreprise.

    Pourquoi l'excès de sucre peut être mauvais pour la santé ?

    Tout est question de fréquence. C'est bien l'excès de sucre qui est mauvais. D'ailleurs, les glucides sont le premier carburant de notre corps (les glucides complexes comme les pâtes, le riz, etc., et le sucre ajouté comme le sucre en poudre). Leur consommation nous donne de l'énergie. Le sucre ajouté donne lui aussi un coup de boost, mais il a un impact plus fort sur l'augmentation de la glycémie, le taux de sucre dans le sang. Lorsqu'on en consomme trop, cela entraîne des variations très fortes de la glycémie. Ces variations ont un impact important sur la fatigue et la concentration car notre corps va produire trop d'insuline, l'hormone qui régule le sucre dans le corps. On va se retrouver en hypoglycémie réactionnelle et perdre de l'énergie.

    De la même façon, en cas de consommation excessive de sucre, l'insuline n'arrive plus à suivre et le corps va stocker le sucre dans les graisses et on va prendre du poids.

    Pour résumer, trop de sucre entraîne fatigue, baisse de concentration et risque de surpoids, voire d'obésité et, à terme, de diabète.

    En plus, ça n'est pas bon pour les dents et ça peut provoquer des caries.

    Existe-t-il un bon et un mauvais sucre ?

    Je vais prendre l'exemple des fruits. 100 grammes de fruit contiennent en moyenne 12g de sucre, soit environ deux carrés de sucre. L'effet sur notre corps sera différent suivant qu'on mange un fruit ou deux carrés de sucre. Un fruit contient des vitamines qui sont bénéfiques pour notre corps et des fibres qui nous aident à réguler le sucre. Mais ça reste du sucre. On conseille d'ailleurs de ne pas manger plus de trois fruits par jour. C'est encore plus vrai en cas de transformation du fruit. Dans une compote, vous aurez moins de vitamines et moins de fibres. Un jus de fruit est considéré comme un produit sucré et contient autant de sucre qu'un soda.

    On trouve aussi du sucre dans les produits laitiers. Un yaourt ou un petit suisse nature contiennent du lactose qui est le sucre naturel du lait. Ce qui compte, c'est la quantité de sucre qu'on consomme tout au long de l'année. Au quotidien, l'important avec son enfant, c'est de préserver un équilibre alimentaire global.

    Qu'en est-il des produits indiqués comme étant « sans sucres » ou des édulcorants ?

    La seule différence entre, par exemple, un soda « sans sucres » et un soda classique c'est que celui dit « sans sucres » n'apportera pas d'énergie (pas de calories, alors que l'autre si). Les édulcorants ne sont pas recommandés car ils ne sont pas naturels.

    Les enjeux de la consommation de sucre pour les femmes enceintes et dès les premiers jours de vie d'un bébé

    Une étude publiée dans le magazine Science en 2024 réalisée à partir de données collectées sur des personnes ayant subi les restrictions de sucre liées à la seconde guerre mondiale en Angleterre a démontré que chez les nourrissons qui avaient été rationnés en sucre pendant les 1000 premiers depuis leur conception (dans le ventre de leur mère et lors de leurs premiers mois de vie), le risque de développer un diabète de type 2 avait réduit de 35 % et le risque de développer de l'hypertension réduit de 20 %. L'étude démontre également que le rationnement en sucre in utero expliquait à lui seul environ un tiers de la réduction des risques.

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    Le programme M'T dents

    Les premières victimes visibles d'une importante consommation de sucre sont les dents. Les caries ne sont pas toujours visibles ou douloureuses. Il est conseillé d'emmener régulièrement son enfant consulter une ou un dentiste. Avec le programme M’T dents tous les enfants entre 3 et 24 ans peuvent bénéficier, tous les trois ans, d’un rendez-vous gratuit chez le dentiste pour avoir dès le plus jeune âge les bonnes habitudes d’hygiène dentaire et les conserver ensuite.

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  • Delphine Caillon-Loger diététicienne-nutritionniste à Nantes répond à nos questions.

    Le sucre appelle le sucre. Si on consomme du sucre, le corps produit de l'insuline pour remettre le taux de sucre à niveau. Si on consomme trop de sucre, le corps produit trop d'insuline, on se retrouve en hypoglycémie réactionnelle et on va avoir un petit coup de mou.Que va faire le corps pour répondre à cet état de fatigue ? Il va réclamer du sucre !

    Le sucre est aussi, comme le sel par exemple, un exhausteur de goût, c'est à dire qu'il augmente l'intensité de la saveur des autres aliments. Et enfin, le sucre est réconfortant car il stimule les circuits de la dopamine, les messagers du plaisir dans notre cerveau.

    Faut-il interdire le sucre ?

    Le risque quand on interdit un aliment ou qu'on fait culpabiliser l'enfant lors de sa consommation, c'est qu'il ne construise pas une relation saine avec cet aliment. Je pense qu'il ne faut pas interdire ou diaboliser le sucre. L'équilibre alimentaire se joue sur le long terme. Les aliments sucrés sont souvent liés au plaisir, on peut apprendre à son enfant à savourer et à déguster. On peut manger un carré de chocolat et essayer d'en discuter, quelle saveur ça a, ce que ça nous fait, etc.. L'envie de sucre est souvent lié à la notion de plaisir et c'est bien d'être dans le plaisir pour le savourer.

    La chasse au sucre dans les collèges de Loire-Atlantique

    Dans les collèges, nous appliquons le Programme National Nutrition Santé (PNNS). C'est ce programme qui, par exemple, a supprimé la présence de distributeurs de snacks et boissons sucrées au sein des établissements scolaires. Ce programme prévoit de favoriser l'équilibre alimentaire en proposant sur un cycle de 5 semaines, des repas équilibrés (fruits, légumes, féculents, etc.). Dans ce cadre, la consommation de sucre est régulée, avec, par exemple, 3 pâtisseries seulement proposées en dessert sur ces 5 semaines. En achetant les yaourts à des producteurs locaux, nous pouvons aussi les proposer sans sucre ou avec une quantité plus infime que celle présente dans les produits industriels. Limiter la consommation de sucre est un combat quotidien pour les cheffes et les chefs qui officient dans les cantines des collèges.

    Vincent Allain, Direction de l'Éducation du Département

  • Yannig a 44 ans et vit à Nantes, il a deux fils de 4 ans et 6 ans.

    Je suis un gros consommateur de chocolat. À tel point que j'ai même dû limiter ma consommation. J'ai remplacé le chocolat au lait par du chocolat noir avec un fort taux de cacao. Au début c'était pour en manger moins et puis je me suis rendu compte aussi qu'au bout d'un moment, j'appréciais plus.

    Les enfants ont rapidement compris que c'était mon péché mignon. On a mis en place une sorte de rituel de dégustation tous les trois. Pour le goûter du mercredi, on organise une petite dégustation de chocolat noir. Souvent deux ou trois différents. Soit les variations se font dans le taux de cacao (70 %, 80 %, 90 %) soit dans l’arôme (menthe, orange, citron). Je coupe un carré de chaque en trois et on partage. Chacun doit deviner lequel est le plus fort en cacao ou quel est le parfum. À la fin on dit lequel on a préféré et pourquoi.

    De mon côté, ça m'a appris à ne plus me gaver et à transformer ma gourmandise en vraie découverte que j'aime partager avec les enfants. Et pour eux, c'est un moment qu'ils adorent qui leur fait découvrir des saveurs et qui éduque leur palais. C'est aussi un temps où on peut expliquer certaines choses comme l'origine du cacao, comment ça pousse, comment on fait le chocolat, etc.

  • L'Organisation Mondiale de la Santé recommande de consommer moins de 50g de sucres libres ou ajouté par jour pour un adulte ou un adolescent (10 morceaux de sucres) et 30 g pour un enfant (8 morceaux de sucres).

    Pour vous donner une idée :

    • 100 g de fruit contiennent en moyenne 12 g de sucre
    • Une canette de 33 cl de soda entre 30 et 50 g de sucre
    • Un yaourt nature environ 5 g de sucre
    • Un yaourt aux fruits environ 15 g de sucre
    • Une sucette environ 10 g de sucre
    • 100g de carottes contiennent environ 5 g de sucre
    • 100 g de pizza industrielle contient environ 6 g de sucre soit environ 12 g par part.
    • Une cuillère à soupe de pâte a tartiné à la noisette industrielle contient environ 15 g de sucre.

    Delphine Caillon-Loger, diététicienne-nutritionniste à Nantes :

    Mieux vaut éviter le grignotage entre les repas et ne consommer des aliments sucrés qu'au moment des repas ou des collations. Ensuite on peut essayer de ne pas ajouter du sucre dans des aliments qui en contiennent déjà.

    Quand on a le temps, c'est bien de cuisiner soi-même, car les industriels ajoutent du sucre dans les plats préparés. Si on ne peut pas faire autrement, on peut choisir les préparations avec le meilleur nutri-score (A ou B).

    Connaissez-vous le nutriscore ?

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