Comment envisager sereinement Parcoursup ?
C'est devenu une étape importante dans la vie des familles. Bien souvent source de stress pour les jeunes comme pour les parents, Parcoursup cristallise bon nombre d'angoisses liées à l'orientation et à l'avenir des adolescentes et des adolescents. Pourtant, au fil des années l'outil s'est simplifié. Toutefois, il est primordial d'anticiper au maximum pour bien se l'approprier et préparer les démarches.
Dans ce dossier
Hélène Pages directrice du CIO de Rezé et Gaëtane François, accompagnatrice scolaire à la Maison des adolescents partagent leur expérience. Vous trouverez également des informations utiles pour franchir plus sereinement cette étape, mais aussi pour vous aider à faire baisser la pression et relativiser les enjeux.
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Décryptage avec Hélène Pages, directrice du CIO de Rezé
Les centres d'information et d'orientation (CIO) accueillent gratuitement les jeunes et leurs parents.
Depuis 4 ans, le CIO de Rezé organise des ateliers « Mieux comprendre Parcoursup » à l'attention des élèves de seconde et de première et de leurs parents. Les prochains auront lieu les 17 et 18 mars 2026.
Comment se passent les ateliers ?
Lors de ces ateliers, nous partons des représentations que les parents et les élèves se font de Parcoursup. Après un premier niveau de réponse, nous passons très rapidement au concret en allant tous ensemble sur la plateforme Parcoursup.
Nous rappelons que le site est ouvert à toutes et tous et qu'on peut, en amont, prendre le temps de se familiariser avec l'outil.
Nous essayons de définir les différents parcours possibles : Qu'est ce qu'une licence ? Qu'est-ce qu'un bachelor ? Combien de temps ça dure, etc. ?
Nous prenons également le temps de faire découvrir les fonctionnalités utiles de Parcoursup, par exemple, la possibilité de créer une liste et de la mettre de côté ou encore la possibilité de connaître les critères de sélection et le profil des candidates et des candidats acceptés les années précédentes dans la formation.
Nous faisons tout ça tranquillement, étape par étape. S'approprier l'outil et explorer les différentes formations dès la seconde est essentiel. Cela permet aussi de se projeter dans l'idée - ou pas - de quitter le domicile familial et, le cas échéant, de s'y préparer.
Comment se préparer dans son lycée ?
Les psychologues de l'Éducation nationale sont présent·es dans chaque établissement public. Ils et elles travaillent également dans des CIO qui sont ouverts à tous les élèves et à leurs parents y compris pendant les vacances scolaires. Les psychologues de l'Éducation nationale sont les interlocutrices et les interlocuteurs privilégiés pour toutes les questions concernant Parcoursup.
La plupart des établissements post-bac proposent des temps d'immersion, souvent au mois de février. Je pense que c'est important de le faire pour rentrer dans la peau d'un étudiant et découvrir, par exemple, les cours en amphithéâtre ou le restaurant universitaire. Il est également possible de rencontrer des anciens élèves de son lycée. Ces anciens élèves ont le statut d'« ambassadeurs ». Ils font le lien entre le lycée et la suite.
Pourquoi Parcoursup génère-t-il autant de stress ?
Je pense que le fait que tout le monde se retrouve à la même étape en même temps vient majorer le stress. Les parents peuvent avoir peur que leur enfant ne réussisse pas ou n'obtienne pas ses premiers choix sur Parcoursup, ou revivre des traumatismes liés à leur propre scolarité. Cela génère du stress en plus pour les jeunes. Mais dans les faits, Parcoursup reste un système équitable, avec un champ des possibles élargi.
Les psychologues de l'Éducation nationale, interlocutrices et interlocuteurs privilégiés dans les lycées
Les psychologues de l’Éducation nationale accompagnent les élèves dans l'élaboration de leur projet d'orientation. Ce sont donc vers elles et eux que vos enfants et vous-même pouvez vous tourner pour être accompagné dans l'étape Parcoursup. Ces psycholoques sont présents dans les établissements publics et dans les Centres d'information et d'orientation (CIO).
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Décryptage avec Hélène Pages, directrice du CIO de Rezé
Les centres d'information et d'orientation (CIO) accueillent gratuitement les jeunes et leurs parents.
Qu'en est-il du fameux algorithme de Parcoursup ?
Il n'existe pas d'algorithme global pour Parcoursup. Chaque formation a ses propres critères de sélection et il n'y pas que les notes qui comptent.
Par exemple, pour Staps, l'implication du jeune dans des associations sportives est importante. Dans d'autres formations, ce sont les absences sur l'année, la présence aux portes ouvertes, ou un stage qui vont être un critère important.
On peut trouver certaines de ces informations sur la plateforme dans les fiches de présentation des formations. Il est par exemple possible de connaître le pourcentage d'élèves acceptés issus de la filière générale ou de la filière technologique. Cela donne un indicateur. Certaines formations proposent même un petit questionnaire – dont les réponses ne comptent pas dans le dossier - qui permet de s'assurer qu'on a le bon profil pour candidater.
Que faire si on n'obtient pas ses choix ou si on veut changer de formation en cours d'année ?
Plusieurs passerelles existent. Si une fois qu'on est entré dans une formation on se rend compte que cela ne convient pas, on peut, en fonction des places disponibles, basculer sur une autre formation en cours d'année. On peut aussi faire autre chose, comme une année de césure par exemple et recandidater l'année suivante.
Et si on n'obtient aucun de ses choix ?
Celles et ceux qui n'ont rien en juillet peuvent passer par la Commission d'accès aux études supérieures (CAES). En fonction des places disponibles, la commission peut proposer des solutions proches de ce que le candidat a demandé, soit géographiquement, soit dans le contenu de formation. Les places vacantes sont visibles sur la plateforme entre le 11 juin et le 10 septembre 2026, elle peut mettre permettre à des retardataires de s'inscrire.
Attention à certaines écoles privées
Les établissements présents sur Parcoursup ont signé une charte. Mais, certains établissements privés surfent sur le stress généré par Parcoursup et proposent des admissions sans passer par la plateforme. Il est conseillé de bien vérifier le statut de l'école, d'aller visiter pour se rendre compte des moyens (enseignants et matériels) mis à disposition des élèves et surtout de bien se renseigner sur les tarifs qui peuvent être très élevés.
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Caroline a trois enfants, deux filles et un garçon.
L'aînée a passé son bac en 2019, la seconde en 2023 et le dernier est actuellement en classe de seconde.
Mon aînée avait une très bonne moyenne. Elle voulait devenir assistante sociale. Elle était sure de son choix et voulait rester sur Nantes pour faire ses études. Mais sur Parcoursup, même si on sait ce qu'on veut faire, on ne peut pas mettre qu'un seul choix. Son premier choix n'a pas été accepté. Elle s'est donc tournée vers un choix secondaire et est allée à la fac. Elle a retenté l'école qu'elle ciblait au départ trois ans après et elle a été prise. Aujourd'hui elle travaille comme assistante sociale.
La seconde ne savait pas trop ce qu'elle voulait faire. Sur Parcoursup, elle a fait 9 choix complètement différents. Elle a eu le bac de justesse et quasiment tous ses choix ont été acceptés. Certains de ses amis de l'époque qui avaient 17 ou 19 de moyenne et qui avaient déjà le bac grâce au contrôle continu n'ont eu aucun de leurs choix.
« Je trouve également que c'est une grosse charge et organisation lourde à mettre en place pour les parents. »
Au-delà de ces expériences que je trouve assez absurdes, et qui selon moi montrent les limites de Parcoursup, je trouve que la charge est lourde pour les élèves qui doivent faire énormément de démarches pour s'inscrire et compléter leur dossier, mais aussi pour les parents, notamment celles et ceux qui ne sont pas forcément à l'aise avec l'outil informatique. Bien sûr, on trouve de l'aide. De mon côté, je suis allée à toutes les réunions et j'ai assisté à des webinaires. Mais l'information est un peu noyée dans la masse. Il faut piocher des bribes de ce qui nous intéresse.
On peut bien sûr aller sur les salons étudiants ou aux portes ouvertes. Mais il faut avoir les moyens et le temps de se déplacer, ce qui n'est pas le cas de tout le monde. Pour résumer, malgré mes deux expériences, je ne sais toujours pas comment Parcoursup fonctionne. Je n'arrive pas à comprendre qu'est ce qui détermine qu'un élève obtienne son choix ou non. Résultat, je ne sais quoi dire à mon fils qui est est en seconde pour le motiver.
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Benjamin a deux garçons. Son aîné est passé par Parcoursup l'an dernier (2024).
Je trouve que la pression est forte dès la seconde avec le choix des spécialités. Notre aîné avait plusieurs choses qui l'intéressaient, mais rien de définitif. Des amis nous avait conseillé de préparer Parcousup bien en avance. Nous avons pris un temps pendant l'été précédant son entrée en première pour aller sur le site et regarder quelles formations pourraient correspondre à ses envies.
Nous avons trouvé plusieurs formations et nous avons fait un petit tableau avec les points positifs et les points négatifs, mais aussi le lieu ou les connaissances requises. Nous lui avons aussi dit clairement que s'il n'avait rien, ce ne serait pas la fin du monde et qu'on trouverait des solutions. Nous avons essayé de lui mettre le moins possible la pression. Nous lui avons aussi parlé de nos parcours à nous, qui sont loin d'être linéaires, pour le rassurer. Au bout du compte, dès la rentrée en première, il avait 6 ou 7 choix qui correspondaient à des choses qui lui plaisaient et qui semblaient accessibles avec son parcours.
« Je pense que c'est un bon outil pour faire un premier pas vers l'avenir, car ça pousse un peu à réfléchir à ce qu'on veut faire. »
Le moment venu, nous avons suivi chaque étape en y conscrant du temps. Et à part un ou deux bugs liés à l'informatique, tout s'est bien passé. Finalement, notre fils a eu 4 de ses choix. Honnêtement, je pense que ça l'a aidé à trancher ; s'il avait eu tous ses choix ça aurait été plus dur pour lui de se décider.
Aujourd'hui il est content de sa première année, même s'il ne s'interdit pas de bifurquer ou de faire autre chose plus tard. Pour nous, ça a été une expérience plutôt positive.
Au-delà de Parcoursup, c'est dur de voir son enfant quitter le nid. De préparer tout ça avec lui nous a aussi permis de mieux nous y préparer et finalement de mieux connaître le jeune homme qu'il est devenu, avec ses envies, sa vision de l'avenir, etc.
Je pense qu'on se dit trop que Parcoursup a quelque chose de définitif, que ça va déterminer la vie entière de nos enfants. Je ne pense pas que ce soit le cas et je pense que c'est un bon outil pour faire un premier pas vers l'avenir, car ça pousse un peu à réfléchir à ce qu'on veut faire.
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La réponse de Gaëtane François accompagnante scolaire
Gaëtane François est accompagnante scolaire sur Nantes et l'antenne Sud de la Maison des ados (de Machecoul jusqu'au Loroux-Bottereau).
Nous recevons souvent des jeunes qui ne savent pas ce qu'elles ou ils veulent faire et qui font des choix par défaut. Nous les encourageons à prendre leur temps, à se poser plutôt que de se lancer dans quelque chose qui ne marchera pas. Nous leur demandons de quoi elles ou ils ont envie et par quoi elles ou ils sont réellement motivés. Cela peut être des choses très concrètes, comme par exemple : voulez-vous partir ou rester dans la région ? Quand elles ou ils sont un peu perdus, nous les encourageons également à faire des expériences. Elles et ils ont été « élève » pendant des années et ne savent pas forcément quoi faire d'autre.
« Il est essentiel de bien construire son projet et d'en prendre soin plutôt que de le faire dans l'urgence. Il n'y a pas de danger à faire de mauvais choix, on peut toujours faire autre chose. »
Cela peut être enrichissant de faire une année de césure et d'en profiter pour faire un service civique, de travailler, de s'impliquer dans des associations pour découvrir ce qui leur plait et ce qui les motive. C'est important de s'investir dans un projet, de bien se renseigner et de faire des expériences, notamment pour découvrir des métiers ou des formations qu'on a peut-être un peu idéalisés. C'est d'autant plus intéressant que l'année de césure est prise en compte par Parcoursup (voir encadré ci-dessous) et que les expériences extrascolaires comptent dans les critères de sélection.
À la Maison des ados, l'accueil du jeune se fait sous la forme d'un accompagnement global. C'est uniquement après avoir rencontré le jeune et en fonction de ses besoins que l'équipe lui propose de rencontrer une ou un spécialiste. On ne peut pas prendre directement rendez-vous avec une accompagnante ou un accompagnant scolaire.
Pourquoi pas une année de césure ?
Votre enfant peut demander à faire une césure, c'est-à-dire une période pendant laquelle elle ou il interrompt ses études. Pendant cette période, qui peut durer jusqu'à deux semestres, elle ou il suspend temporairement sa formation dans le but de réaliser une expérience utile pour sa formation et son projet personnel. La période de césure peut se faire sous des formes diverses en France ou à l’étranger. Il peut ainsi s’agir de réaliser un projet entrepreneurial, social ou culturel, d’occuper des fonctions en entreprise, ou de s'impliquer dans une association. Pendant toute la période de césure, l'étudiante ou l'étudiant est inscrit dans son établissement d’enseignement supérieur qui lui délivre une carte d’étudiant.
Les outils utiles sur Parcoursup
La plateforme est ouverte à toutes et tous. Vous pouvez y aller quand vous le souhaitez pour vous familiariser avec l'outil, mais aussi découvrir les différentes formations.
- Le calendrier : un bouton en haut à droite de la page d'accueil, permet de connaître les grandes étapes de l'inscription sur Parcoursup.
- La carte : un bouton en haut à droite de la page d'accueil, permet de situer géographiquement les formations disponibles en fonction des mots-clés.
- Le cœur : situé en haut à droite de l'écran pour chacune des formations disponibles, il permet de sélectionner celles qui pourraient intéresser votre enfant et de les mettre de côté dans une liste.
- Les boutons pour la présentation de la formation : une fois une formation sélectionnée, juste en-dessous de sa présentation, vous trouverez plusieurs boutons (comprendre les critères d'analyse des candidatures, consulter les modalités de candidature, visualiser les chiffres d'accès à la formation, etc.) qui sont des indicateurs importants pour savoir si elle sera facilement accessible ou non pour votre enfant.
